AN et la presse : les médias vous prennent-ils pour des bananes ?
AN n’est pas très sympa en banane
Pendant que Mathieu Blanchard, l’ultra-traileur et explorateur français star affronte les très rudes conditions de la Montage Yukon Arctic Ultra, l’ultra le plus froid et le plus dur du monde avec 630 km dans l’hiver du grand nord canadien, sa compagne AN revisite le droit de la presse.
Dans une story diffusée sur Instgram, l’influenceuse et traileuse s’en prend aux médias qui font le suivi de la course de Mathieu Blanchard (donc sans doute nous dedans).
Celui-ci, après avoir occupé la première place des coureurs pendant la première partie de course, a dû s’arrêter pendant une longue pause de 16h à cause de difficultés respiratoires. Alors que des personnels médicaux sont présents sur la course, il avait émis un appel « Urgent » sur les réseaux sociaux afin de pouvoir être mis en relation spécifiquement avec un médecin pneumologue. Un appel pour le moins étonnant, quand on sait à quel point un athlète comme Mathieu Blanchard (sponsorisé par Salomon, faisant partie de la Team Salomon, etc.) est entouré.
« Cette nuit glaciale, mes poumons se sont bloqués. J’ai la sensation de ne plus pouvoir respirer correctement, comme si je n’avais que ¼ de ma capacité. Impossible de faire 3 pas dans être extrêmement essoufflé. Très dangereux quand tu comptes sur le mouvement pour survivre à -40°C. Un pneumologue dans cette belle communauté qui pourrait m’appeler ? »
Evidemment, la nouvelle fait rapidement le tour de la presse spécialisée et sportive.
Nombreux sont les organes de presse à suivre les étapes de cette course légendaire, connue pour avoir l’un des plus forts taux d’abandon (actuellement 74% pour cette édition 2025, particulièrement difficile). Alors que de nombreux coureurs ont dû être hospitalisés pour des gelures, être évacués par hélicoptère, risquant parfois d’être amputés, une annonce comme celle de Mathieu Blanchard est forcément inquiétante, laissant planer le doute sur un potentiel abandon du traileur français.
Les informations suivantes « Mathieu se repose, il est en contact avec de nombreux spécialistes » ; « J’ai passé beaucoup de temps au check-point pour voir comment étaient mes poumons. J’ai réussi à reprendre une respiration à peu près normale même si encore limitée » ; « Je verrai comment vont mes poumons. Si ça s’empire, j’abandonnerai, sinon je continue. » semble aller dans une amélioration lente, mais laissent clairement encore planer le doute sur un potentiel abandon, ce qui n’aurait d’ailleurs absolument rien de déshonorant.
De-ci de-là dans la presse, des titres mettant ce doute fleurissent.
« Malgré des poumons bloqués, Mathieu Blanchard reste en course et en tête de la Yukon Arctic Ultra » pour l’Equipe, « Arctic Yukon Ultra : après une phase de panique, Mathieu Blanchard déterminé à finir, même en marchant » chez Outside, « Poumons bloqués, respiration limitée… Mathieu Blanchard s’accroche à la première place de la Yukon Arctic Ultra » dans les pages du Dauphiné.
AN et le droit de la presse
Mais pour Alix Noblat, cela correspond visiblement à « nous prendre pour des bananes […] depuis que Mathieu est parti à l’aventure ». Elle caricature d’ailleurs « Mathieu Blanchard : un œdème aux poumons, un œil en moins, va quand même finir la course sur les mains ». Mais elle se lance aussi dans la menace « Arrêtez, arrêtez ça tout de suite, je vais tous vous traquer jusqu’à ce que vous supprimiez toutes vos conneries ».
Mathieu Blanchard est un athlète professionnel, sponsorisé par Salomon, occupant régulièrement le haut du podium des courses les plus prestigieuses au monde. Si l’on comprend bien l’envie de pouvoir contrôler les moindres aspects de l’image, ce n’est pas le rôle de la presse que de jouer aux chargés de communication.
Si la liberté d’expression et la liberté de la presse sont évidemment encadrés par des règles (comme le respect de la personne, la protection des mineurs, la répression de l’injure, la diffamation ou l’atteinte à la vie privée) il est tout à fait normal que le suivi des exploits sportifs professionnels d’une personnalité publique comme Mathieu Blanchard soient scrutés et commentés par la presse.
POINTS JURIDIQUES
D’un point de vue juridique, plusieurs éléments sont à prendre en compte ici, notamment la liberté d’expression, le respect de la vie privée, la diffamation et les atteintes à l’image d’une personne publique.
- Liberté d’expression et liberté de la presse : En France, la liberté d’expression est un droit fondamental, mais elle n’est pas absolue. Elle doit être conciliée avec d’autres droits, comme le respect de la vie privée ou la protection contre la diffamation. Les journalistes, en tant que professionnels, peuvent suivre et relater les événements qui concernent une personnalité publique, surtout lorsqu’il s’agit de faits ayant un impact sur sa carrière professionnelle, comme une course de trail.
- Diffamation : Si certains titres de presse ou commentaires sont jugés comme excessifs ou inexacts, ils pourraient être considérés comme diffamatoires. La diffamation consiste à porter atteinte à l’honneur ou à la considération d’une personne en propageant des informations fausses ou non vérifiées. Cependant, les médias semblent rapporter un fait réel (l’alerte de Blanchard concernant ses difficultés respiratoires), ce qui rend la diffamation moins probable ici, à condition qu’il n’y ait pas de falsification évidente des faits.
- Atteinte à l’image : Les personnalités publiques, comme Mathieu Blanchard, sont effectivement plus exposées et leur image fait souvent l’objet de commentaires, d’analyses et parfois de caricatures. Tant que les commentaires restent dans le cadre d’une critique légitime et ne tombent pas dans l’injure, cela ne constitue généralement pas une violation du droit à l’image. Le recours à la caricature dans ce cas peut être considéré comme un moyen d’expression, même s’il peut choquer.
- Appels à la suppression de contenus : L’argument d’Alix Noblat concernant la suppression des contenus peut prêter à confusion sur le plan juridique. Un appel à supprimer des contenus peut parfois être perçu comme une tentative de censure, ce qui pourrait potentiellement violer la liberté d’expression des journalistes.
Mathieu Blanchard est l’une des personnalités les plus suivies, appréciées et scrutées du monde du trail français et international, banane ou pas !
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