C’est un sentiment amer qui monte dans l’île.
À force de mondialisation, de quotas et de hausses successives, la Diagonale des Fous — fleuron du trail réunionnais — semble aujourd’hui échapper à ceux qui l’ont vu naître. Sur les réseaux, de plus en plus de voix locales dénoncent une réalité dérangeante : pour beaucoup de Réunionnais, s’inscrire au Grand Raid est devenu inaccessible.
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« Nou lé pa kapab » : les Réunionnais relégués au rang de spectateurs
Depuis plusieurs années, la tendance se confirme. Si le Grand Raid rayonne désormais à l’international, ce succès s’accompagne d’une explosion du nombre de demandes. Résultat : tirage au sort impitoyable, quotas stricts, et prix toujours plus élevés.
Et ce sont souvent les locaux qui trinquent. « On est chez nous, et on ne peut même plus courir notre course », déplore un habitant de Saint-Joseph. « J’ai grandi avec le Grand Raid. Aujourd’hui, je dois espérer un miracle pour avoir un dossard. »
Le fossé s’est encore creusé cette année avec une augmentation de 30 euros sur quatre des courses phares, dont la Diagonale, déjà parmi les plus chères du calendrier mondial. Et aucune mesure spécifique pour les Réunionnais. Pas de tarif préférentiel. Rien.
Une sélection par l’argent et le hasard
Le système mis en place repose entièrement sur la préinscription et le tirage au sort. Pour les non-élus de 2025, la probabilité est doublée en 2026. Mais encore faut-il avoir les moyens de payer. Et la patience d’attendre.
« Le Grand Raid, c’est devenu comme l’UTMB : faut avoir de la chance, du fric, ou un sponsor », résume un trailer déçu. « Même les bénévoles qui s’engagent toute l’année n’ont pas la garantie d’un dossard. »
Derrière les critiques, une inquiétude plus profonde se fait jour : le Grand Raid ne serait plus un évènement populaire, mais une vitrine touristique. Une carte postale pour l’international. Une machine devenue trop grande pour son île.
Un paradoxe réunionnais
Le succès de la Diagonale des Fous repose pourtant sur un ancrage local fort. Ce sont les sentiers, les familles, les bénévoles et les villages de l’île qui donnent à cette course son âme unique. Mais ces mêmes Réunionnais se retrouvent exclus, que ce soit par le prix, la logistique ou les critères de sélection.
« Avant, on s’inscrivait, on courait. Aujourd’hui, on postule, on espère. Et on paie toujours plus », déplore un ancien finisher. Certains vont jusqu’à évoquer un désenchantement : « Si le Grand Raid ne nous appartient plus, à quoi bon continuer à le soutenir ? »
Et si l’on en croit les réactions sur les réseaux sociaux, ce sentiment n’est plus marginal. Il s’installe. Il gronde. Et il interroge.
Vers un retour à l’équilibre ?
La direction du Grand Raid, consciente des tensions, défend un équilibre fragile entre demandes croissantes, préservation des sentiers et organisation sécurisée. Mais elle n’a, pour l’instant, proposé aucune mesure en faveur des Réunionnais. Pas même un tarif résident, pourtant en vigueur sur d’autres événements de l’île.
Alors que la Diagonale se prépare à souffler ses 34 bougies en 2026, une question demeure : peut-elle encore être une course pour les Réunionnais ? Ou est-elle définitivement devenue un produit d’appel pour l’outre-mer et l’Europe ?
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Cet article s’appuie sur les témoignages publics recueillis sur les réseaux sociaux, les données tarifaires officielles du Grand Raid 2026, et les tendances d’inscription observées ces dernières années. Il reflète une inquiétude locale croissante mais n’engage aucune accusation directe contre l’organisation.






