La publication des chiffres officiels de l’Agence mondiale antidopage pour l’année 2024 place la France dans une position qui, à première vue, peut surprendre.
Avec 91 résultats d’analyses anormales recensés sur l’année, la France apparaît comme le deuxième pays au monde en nombre de cas positifs, derrière l’Inde. Un classement brut qui alimente facilement les raccourcis, mais qui ne dit pas tout de la réalité du dopage ni de la politique de contrôle menée par chaque pays.
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Le dopage dans le sport en France : un classement en volume qui appelle à la prudence
Sur le papier, les chiffres sont clairs. L’Inde arrive en tête des pays ayant enregistré le plus grand nombre de résultats anormaux en 2024. La France se situe juste derrière, loin devant la majorité des autres nations sportives. Ce constat repose sur les données consolidées par l’Agence mondiale antidopage, qui compile l’ensemble des résultats transmis par les laboratoires agréés à travers le monde.
Mais ce classement repose uniquement sur le nombre absolu de cas détectés. Il ne tient pas compte du nombre total de contrôles réalisés, ni du périmètre réel des sportifs concernés. Or, c’est précisément là que l’interprétation devient plus complexe.
La France, championne des contrôles antidopage
Si la France apparaît aussi haut dans ce classement, c’est avant tout parce qu’elle contrôle beaucoup. En 2024, l’Agence française de lutte contre le dopage a réalisé 11 744 contrôles, un niveau jamais atteint sur les 10 dernières années. Peu de pays dans le monde affichent un tel volume, à l’exception notable de l’Allemagne et de la Chine.
Rapporté à ce nombre de prélèvements, le taux de résultats anormaux en France s’établit autour de 0,80 %. Ce chiffre est très proche de la moyenne mondiale et inférieur à celui observé dans plusieurs grandes nations sportives comme les États-Unis (1,1 %) ou la Norvège (1,8 %). Autrement dit, la France détecte beaucoup de cas parce qu’elle cherche beaucoup, et non parce que ses sportifs se doperaient davantage que les autres.
Cette politique s’explique par un choix assumé. Contrairement à de nombreux pays, la France dispose d’une compétence universelle sur son territoire, lui permettant de contrôler aussi bien le sport de haut niveau que le sport amateur, y compris en dehors des compétitions fédérales. L’objectif est à la fois dissuasif et sanitaire, notamment face à la banalisation de certaines pratiques dopantes chez des pratiquants non professionnels.
L’Inde, un autre contexte, une autre réalité
Le cas de l’Inde est très différent. Avec un taux de résultats anormaux nettement plus élevé, autour de 3,6 %, le pays combine à la fois un nombre important de contrôles et une proportion de cas positifs bien supérieure à la moyenne mondiale. Les autorités indiennes expliquent cette situation par un renforcement récent de leur dispositif antidopage, dans un contexte de structuration encore inégale du sport de haut niveau et amateur.
L’Inde est également candidate à l’organisation des Jeux olympiques de 2036, ce qui l’incite à afficher une politique plus ferme en matière de lutte antidopage. Mais contrairement à la France, la hausse des cas détectés traduit aussi des pratiques dopantes encore largement répandues dans certaines disciplines et à certains niveaux de pratique.
Dopage, contrôles et lecture des chiffres
Les chiffres publiés par l’Agence mondiale antidopage rappellent un point essentiel : un résultat d’analyse anormale n’est pas automatiquement synonyme de sanction. Certains cas s’expliquent par des autorisations d’usage thérapeutique, des erreurs médicales ou des contaminations liées à des compléments alimentaires. Le dopage non intentionnel reste une réalité documentée, y compris dans des pays très structurés.
Sur le long terme, les données montrent d’ailleurs une relative stabilité du taux de résultats positifs en France, avec même des niveaux plus bas observés certaines années. L’année 2024, pourtant marquée par l’organisation des Jeux olympiques à Paris, ne constitue pas une explosion des contrôles ni des cas détectés, mais plutôt la confirmation d’une politique déjà engagée depuis plus d’une décennie.
Ce que disent vraiment ces chiffres
Dire que la France est l’un des pays où l’on se dope le plus est donc factuellement discutable si l’on ne précise pas le contexte. Elle est surtout l’un des pays qui contrôle le plus, et le plus largement, y compris chez les amateurs. À l’inverse, certains pays affichent des taux très faibles, non pas nécessairement parce que le dopage y est inexistant, mais parfois parce que les contrôles y sont plus ciblés, plus rares ou concentrés sur l’élite.
Ces chiffres officiels ne désignent pas des coupables. Ils éclairent avant tout des choix politiques, des stratégies de santé publique et des niveaux de transparence très variables selon les pays. Et à ce jeu-là, la France assume clairement d’être parmi les plus exigeantes.
Source
Précédentes informations sur le dopage
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