C‘est le type d’article à sensations fortes dont raffole la presse, surtout généraliste.
C’est souvent l’occasion de parler de sport d’une manière spectaculaire, d’entrainer du clic à gogo et ainsi de générer du flux (donc de l’argent). On l’a encore vu récemment sur la SaintéLyon : un mort en pleine course… Et alors ?
Le nombre de participants à des trails explose, en France comme partout dans le monde. Quoi de plus logique, par conséquent, que les décès survenus sur les courses augmentent également ?
Pas d’inquiétude, donc. Que l’on soit pro ou anti PPS, le problème n’est pas là. Les certificats médicaux n’ont jamais empêché la survenue de morts subites pendant des efforts sportifs importants… Ou non.
Si l’on peut mourir d’une attaque cardiaque assis derrière son bureau ou même dans son sommeil, pourquoi n’aurait-on pas le droit de perdre la vie en courant ?
Le confinement nous a appris quelque chose que nous avons tous retenu : nous sommes tous dispensables sur cette planète, nous allons tous mourir, tôt ou tard, voire du jour au lendemain, pour certains. Le plus jeune des bébés, le plus innocent des enfants, nous allons tous y passer. Malheureusement (ou heureusement), nous n’y pensons que très peu, surtout quand on a l’habitude de pratiquer un sport comme le trail, excellent pour la santé.
La réalité fait mal mais nous devons la garder en mémoire quelque part : le coeur peut nous lâcher à n’importe quel moment… Y compris sur un trail.
Même le plus grand des sportifs, le mieux suivi, le mieux entrainé, préparé, chacun peut voir la vie basculer dans la mort juste par malchance. La vie est ainsi faite, elle ne tient parfois qu’à un fil et l’art médiatique consistant à dramatiser chaque décès ne vise qu’à susciter l’émotion chez les potentiels « cliqueurs » du jour. S’émouvoir d’un décès sur une course, pour bien des journalistes, c’est se jeter sur l’occasion irrésistible de récolter des lectures, du like, des followers.
Nous devrions apprendre à courir pour l’instant présent, à mettre un pied devant l’autre pour le bénéfice que nous en tirons là, tout de suite, au moment de décoller la basket du sol. C’est ce mouvement que nous devons savourer, sans penser au lendemain, au bénéfice potentiel pour la santé, aux éventuelles années d’espérance de vie gagnées, aux futurs cancers évités, potentiellement. Le trail permet de nous défouler tout en découvrant des paysages sublimes, il nous offre la chance de nous régaler immédiatement, à chaque instant. Savourons ces instants pour ce qu’ils sont maintenant et non pour ceux qu’ils pourraient nous apporter un jour, plus tard.
Est-ce que vous préféreriez décéder après une longue agonie due au Covid, au cancer, à Parkinson ou une sclérose en plaques ? Bien évidemment que non.
Mourir sur un trail, c’est sans doute le paroxysme d’un bouquet final réussi.
S’en aller sur les sentiers, c’est un dernier doigt d’honneur à la vie, une retraite avec classe, un dernier geste d’amour dans la passion.
Le coeur qui s’arrête sur un trail, c’est un déchirement pour l’entourage de la victime mais un aller simple pour le paradis, une fin brutale, sans doute précipitée mais que l’on ait en droit d’envier, d’une certaine manière… Alors, à qui le tour ?
Auteur : Nick Nitro, coureur de l’ombre
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