Le trail a longtemps revendiqué son indépendance vis-à-vis des circuits commerciaux traditionnels.
Mais cette époque semble révolue. Avec l’annonce d’un partenariat renforcé entre l’EcoTrail Paris et la marque Salomon, et la création d’une édition automnale en plus de l’événement printanier, un cap symbolique est franchi. Ce n’est plus seulement une course : c’est un produit, une vitrine, un support publicitaire à ciel ouvert. Le trail devient une plateforme de marque, et le naming Salomon de l’EcoTrail Paris en est la preuve la plus flagrante.
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Quand le naming prend le dessus sur l’identité
Le terme « Salomon EcoTrail Paris » ne relève plus de l’anecdote. Il incarne une stratégie marketing assumée : transformer une course en support de communication globale. Jusqu’ici, les trailers franciliens parlaient de « l’EcoTrail ». Désormais, le nom de la marque sera accolé à toutes les éditions, tous les visuels, toutes les communications officielles, et ce jusqu’en 2029. On ne court plus un trail, on court un produit de marque.
Ce phénomène n’est pas nouveau : UTMB avec Hoka, SaintéLyon avec Asics, Pierra Menta avec Asics également. Mais dans le cas de l’EcoTrail Paris, dont le positionnement était à l’origine alternatif, accessible, presque éducatif, cette mutation heurte davantage. Le naming ne vient pas soutenir l’événement : il vient l’absorber.
Deux éditions par an : réponse à la demande ou opportunité business ?
L’ajout d’une édition automnale dès 2026 est présenté comme une « chance de faire découvrir les sentiers franciliens sous une autre lumière ». En réalité, cela double mécaniquement les inscriptions, les animations de marque, les relais presse, et les possibilités de rentabilité pour les partenaires. Le trail n’est plus pensé comme une expérience singulière, mais comme une franchise déclinable.
L’automne et le printemps deviennent deux vitrines d’un même objet commercial. Le calendrier n’est plus dicté par la symbolique des saisons ou la cohérence sportive, mais par l’optimisation de la présence de marque. À ce rythme, verra-t-on demain un Salomon EcoTrail Été et Hiver pour quadriller l’année complète ?
Le trail, nouveau terrain de jeu des marques
Salomon n’a pas choisi ce partenariat par hasard. Paris, sa région, et l’EcoTrail représentent un public dense, connecté, et prêt à consommer. En devenant namer, la marque s’assure une présence continue dans le paysage médiatique du trail grand public. Chaque dossard, chaque post Instagram, chaque article ou vidéo évoquera son nom.
Le trail, autrefois espace de respiration loin des logiques du running urbain, devient un marché à conquérir. Et l’EcoTrail Paris, pionnier des événements franciliens, devient le cheval de Troie parfait pour y faire entrer la publicité.
Le naming Salomon EcoTrail Paris révèle une bascule majeure.
Ce n’est plus un partenariat comme les autres : c’est une réappropriation symbolique du trail par une marque. Une course populaire se transforme en outil de branding, dans un univers où l’authenticité devient un argument marketing comme un autre.
Une expérience dénaturée ?
Il ne s’agit pas de nier les qualités de l’organisation, ni l’engagement des bénévoles ou la beauté des parcours. Mais quand tout, jusqu’au nom même de la course, est dicté par une stratégie de visibilité, la question mérite d’être posée : le coureur est-il encore au cœur de l’événement, ou seulement l’utilisateur final d’un écosystème marchandisé ?
Certains y verront une simple évolution logique, d’autres une trahison de l’esprit trail. Ce qui est certain, c’est que le modèle économique s’uniformise : grosses marques, visibilité maximale, logique de rentabilité, multiplication des éditions. Le trail devient un marché. Et comme tous les marchés, il risque de s’éloigner de ce qui faisait son âme.
En résumé, l’EcoTrail Paris n’est pas une mauvaise course.
Mais il est en train de devenir un cas d’école. Un exemple frappant de ce que devient le trail quand la logique commerciale prend le dessus : une succession d’événements calibrés, estampillés, sponsorisés, où l’on ne vient plus chercher une aventure, mais valider une expérience marketing. Le naming Salomon n’est pas une simple formalité. C’est un signal. Et peut-être une alerte pour celles et ceux qui aiment encore croire que courir, c’est aussi résister.
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