Derrière ses exploits surhumains, il y a des choix simples, radicaux et parfois étonnants. Voici ce que Kilian emporte vraiment avec lui pour conquérir les montagnes.
Les six secrets inavoués de Kilian Jornet sur States of Elevation
• Il ne filtre plus son eau en montagne, misant tout sur son microbiote intestinal.
• Il emporte des sacs à crottes pour analyser ses selles avec des chercheurs.
• Il ajoute de l’huile d’olive ou du beurre dans ses flasques pour gagner en calories.
• Il n’utilise que deux paires de chaussures pour plus de 600 km en haute montagne.
• Il court avec une montre GPS Coros Apex 4 pour rester ultra léger mais précis.
• Il note tout dans un carnet papier, loin du numérique, pour rester connecté au réel.
Un mélange radical de science, de simplicité et d’endurance pure.
Pas de drone, pas de suiveur, pas de véhicule. Juste un homme, deux jambes, un vélo… et une détermination inébranlable. À l’automne 2025, Kilian Jornet s’est lancé un défi aussi fou que fascinant : gravir tous les sommets de plus de 4 200 mètres dans l’Ouest américain – à pied et à vélo, sans aucun moteur. Le projet States of Elevation l’a vu enchaîner 72 sommets, plus de 1 000 km à pied, 2 568 km à vélo, et plus de 400 000 mètres de dénivelé positif, en seulement 31 jours. L’exploit est monumental. Mais ce qui intrigue encore plus, ce sont les choix de matériel, de nutrition et de stratégie qui l’ont rendu possible.
Loin du matraquage marketing et du high-tech clinquant, Kilian a misé sur la sobriété, l’intelligence et l’adaptation. Et dans son sac à dos, on trouve parfois des surprises. Voici ses vrais secrets, ceux qui lui permettent de repousser les limites sans jamais se perdre en chemin.
Des chaussures pour durer, pas pour briller
modèle Kjerag
Tomir Gore-Tex
Il aurait pu emporter dix paires. Il en a choisi deux. Pour plus de 600 km en montagne, Kilian a alterné entre le modèle Kjerag, taillé pour la performance pure, et le Tomir Gore-Tex, plus protecteur et adapté aux conditions froides ou humides. Ces modèles issus de sa propre marque Nnormal, née d’un partenariat entre Camper et lui, reflètent une philosophie forte : moins de consommation, plus de durabilité.
Le Tomir Gore-Tex, avec sa semelle Vibram, sa tige résistante à l’abrasion et son laçage asymétrique, est pensé pour durer des milliers de kilomètres. Loin des cycles de remplacement habituels toutes les 400 bornes, Kilian veut prouver qu’on peut performer sans jeter.
Une montre taillée pour la montagne : la Coros Apex 4
Pas d’appli connectée en plein désert. Pas de smartphone qui s’éteint à cause du froid. Kilian s’appuie sur sa Coros Apex 4, une montre GPS à très grande autonomie (65 heures en mode GPS), équipée de tous les outils d’orientation essentiels, y compris un double signal satellite pour les zones complexes.
Il l’utilise pour analyser ses données, naviguer, mais aussi noter ses sensations et construire une mémoire de l’effort. Il l’avoue lui-même : il n’est pas obsédé par les chiffres, mais ils lui permettent de comprendre ce qui a fonctionné… ou pas. Et parfois, de sauver sa peau.
Probiotiques, intestins et sacs à crottes
Oui, c’est l’un de ses secrets les plus étonnants : il emporte des échantillons de ses selles pour analyser son microbiote intestinal. Depuis des années, Kilian collabore avec des chercheurs pour comprendre comment l’altitude, l’effort extrême et l’alimentation modifient son système digestif. Il suit notamment les effets des lactobacilles, des probiotiques qu’on retrouve dans le kimchi ou le yaourt, mais qu’il prend aussi sous forme de compléments de la marque Lyvecap.
Ce travail invisible lui permet de rester performant malgré les environnements hostiles. Et il en tire une conclusion provocante : en pleine nature, il ne filtre même plus son eau. « Quand on a une bonne flore intestinale, le risque est moindre », affirme-t-il. À ne pas reproduire sans précautions…
9 000 calories par jour ? De l’huile dans la flasque
Courir 30 jours d’affilée en altitude avec des étapes de 12 à 20 heures, ça creuse. Et transporter assez de nourriture devient impossible. Pour densifier ses apports caloriques sans ajouter de poids, Kilian ajoute tout simplement de l’huile d’olive ou du beurre dans ses flasques souples. Son bidon Maurten 550 ml, habituellement utilisé pour les boissons énergétiques, devient un petit réservoir d’énergie brute.
Cette astuce peut paraître extrême, mais elle permet de glisser plusieurs centaines de calories supplémentaires par jour sans mâcher ni s’arrêter. Une stratégie qui montre que la performance passe aussi par l’ingéniosité.
Un carnet, des idées et des croquis
Enfin, dans le fond de son sac, Kilian emporte toujours un petit carnet en papier. Pas pour se filmer. Pas pour publier. Pour lui. Il y note des ressentis, dessine des sommets, cartographie ses itinéraires, ou inscrit simplement une idée surgie entre deux crêtes. « Je prends ce que je trouve en librairie, je ne suis pas fidèle à une marque », dit-il. Ce carnet, c’est son lien intime avec le chemin, loin du numérique et du bruit extérieur.
En résumé, à l’heure où le trail devient un marché comme un autre, Kilian Jornet reste à contre-courant. Il ne rejette pas la technologie, mais il l’utilise avec mesure.
Il ne s’entoure pas de gadgets, mais choisit le bon outil au bon moment. Et surtout, il rappelle à chaque projet que la performance ne réside pas uniquement dans les watts, les capteurs ou les grammes économisés.
Elle est dans la cohérence. Dans l’autonomie. Et dans cette capacité rare à rester simple, même quand on est capable de l’extraordinaire.
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