Ce devait être une fête mondiale de l’ultramarathon, une grande messe de la discipline sur route, dans la chaleur sèche de l’hiver indien.
Mais à peine deux semaines avant le départ, tout s’effondre. Le Championnat du monde de 50 km ultra, organisé par l’IAU (International Association of Ultrarunners), vient d’être reporté brutalement, sans nouvelle date annoncée. Officiellement : à cause de la pollution de l’air à New Delhi. Officieusement : c’est un immense cafouillage.
Ce n’est pas une course de trail, l’IAU 50 km est une course sur route
L’IAU 50 km World Championships est un championnat du monde d’ultramarathon sur route, organisé par l’IAU (International Association of Ultrarunners), souvent sur bitume ou asphalte, parfois sur circuit urbain ou route fermée. Ce n’est donc pas du tout une course de trail, même si certains coureurs issus du trail y participent parfois pour travailler leur vitesse ou viser une sélection.
La décision de reporter le championnat du monde de 50 km ultra est incompréhensible
Prévu le 7 décembre 2025, l’événement devait réunir des dizaines de nations, avec des équipes déjà engagées, des billets d’avion réservés, des hébergements payés et une préparation millimétrée. À ce niveau de compétition, on ne s’improvise pas lauréat mondial en deux semaines. Surtout quand la course a été annoncée depuis des mois.
Ce jeudi 21 novembre, le couperet est tombé :
« Nous avons pris la décision de reporter l’événement à une date ultérieure en raison de conditions de pollution atmosphérique défavorables », a annoncé l’IAU.
Dans les faits, l’indice de qualité de l’air à New Delhi a dépassé les 350 µg/m³ de particules fines PM2.5 ces derniers jours. C’est certes mauvais. Mais c’est aussi… prévisible.
Car l’hiver indien est chaque année marqué par des pics massifs de pollution. L’organisation ne pouvait pas ignorer ce risque. Ce report, décidé aussi tardivement, laisse un goût amer chez les athlètes.
Un fiasco mondial
Le problème, ce n’est pas le principe de précaution. C’est l’absence d’anticipation. En 2023 déjà, la pollution de New Delhi avait fait la une des journaux. En 2024, plusieurs courses locales avaient été annulées pour les mêmes raisons. Pourquoi alors maintenir cette destination ? Pourquoi ne pas avoir prévu un plan B ? Pourquoi annoncer le report seulement quinze jours avant ?
Des athlètes ont déjà investi des centaines, voire des milliers d’euros dans leur déplacement. Certains viennent d’Afrique, d’Amérique latine, d’Europe. D’autres s’étaient mis en congés spécialement pour l’événement. Beaucoup avaient fait le choix de zapper d’autres objectifs de fin de saison pour se consacrer à cette échéance. Résultat : des plans d’entraînement anéantis, des pics de forme gâchés, et un sentiment d’abandon général.
Organiser en Inde : une hérésie ?
New Delhi est chaque année classée parmi les villes les plus polluées du monde. L’hiver y est synonyme de smog, d’alertes sanitaires, d’écoles fermées et de pics de particules fines dépassant les seuils critiques. Choisir cette ville comme hôte d’un championnat du monde d’ultra-endurance en plein mois de décembre, c’est faire fi de toute logique sanitaire, logistique et sportive. L’IAU ne pouvait ignorer les risques : ce choix interroge profondément sur les critères retenus pour désigner les villes organisatrices.
L’impact pour les coureurs de trail
Même si le championnat se déroule sur route, la décision touche aussi le monde du trail. De nombreux athlètes jouent sur les deux terrains. Le 50 km route est souvent une rampe de lancement vers les formats trail courts, ou un moyen d’accumuler du volume de qualité.
Ce genre de couac rejaillit sur toute la sphère ultra. Quand une fédération mondiale montre à ce point son impréparation, cela rejaillit sur la crédibilité de la discipline. Cela jette aussi une lumière crue sur le manque d’harmonisation mondiale. En trail, comme sur route, il devient de plus en plus difficile de faire confiance aux grandes institutions.
Un signal d’alarme pour les instances
Ce report tardif devrait faire réfléchir toutes les fédérations, y compris en France. Face à la multiplication des crises climatiques, sanitaires, politiques, il devient urgent de repenser la façon dont on planifie les événements internationaux.
Les coureurs ne sont pas des jetables. Ils méritent mieux qu’un mail lapidaire à deux semaines de leur championnat du monde. Ils méritent du respect, de l’anticipation, et une vraie prise en compte de leur engagement.
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Une fédération qui perd pied
Reporter un championnat du monde à deux semaines du départ, c’est du jamais-vu. La pollution de l’air à New Delhi n’est pas une surprise : chaque année, la ville suffoque à cette période. Le vrai problème, c’est l’absence totale d’anticipation de l’IAU. En choisissant ce lieu malgré les alertes récurrentes, et en ne proposant aucun plan B, la fédération sacrifie les coureurs et perd en crédibilité. Ce fiasco ne touche pas que le 50 km route : il jette une ombre sur l’ensemble de l’ultra international.
La décision de l’IAU de reporter son championnat du monde à seulement deux semaines de l’événement reflète une désorganisation inquiétante. Les risques de pollution étaient connus. Le site de New Delhi pose question depuis des années. Et l’absence de date de report n’arrange rien. Résultat : des coureurs sacrifiés, un calendrier mondial perturbé, et une image écornée de la discipline.
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