Ce samedi 22 novembre 2025, un homme de 74 ans a perdu la vie alors qu’il participait à une battue aux abords de Turriers, dans les Alpes-de-Haute-Provence.
Retrouvé inanimé dans le secteur de La Garenne, il n’a pas pu être réanimé malgré l’intervention rapide des secours du Peloton de gendarmerie de haute montagne de Jausiers et d’un hélicoptère médicalisé. Selon les premiers éléments, la cause du décès serait un accident cardiaque.
Au-delà du drame humain, ce fait divers rouvre une question sensible, souvent évitée dans les milieux cynégétiques : doit-on instaurer une limite d’âge à la pratique de la chasse ?
Et si oui, comment la fixer de manière juste et sécuritaire ?
Quel rapport avec le trail ? Il est direct.
Chasseurs, traileurs, randonneurs, vététistes : nous partageons les mêmes sentiers, les mêmes forêts, les mêmes territoires naturels. Un décès en battue, comme une collision avec un vététiste ou un traileur surpris en plein effort, pose à chaque fois la question du partage de l’espace et de la sécurité. Ce n’est pas une attaque contre la chasse, c’est un appel à mieux organiser la cohabitation. Parler de l’âge des chasseurs ou des conditions de pratique, c’est aussi défendre un outdoor où chacun peut évoluer sans danger, quelle que soit son activité.
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La chasse en battue exige des qualités physiques qu’on a plu à 74 ans
La chasse en battue, notamment en milieu montagneux comme dans les Alpes-de-Haute-Provence, exige des qualités physiques certaines : marche sur terrain accidenté, port d’armes, gestion du stress, réactivité… Des contraintes qui peuvent devenir difficiles à gérer à mesure que l’âge avance, même pour les plus expérimentés. À 74 ans, l’homme décédé n’en était sans doute pas à sa première sortie, mais son décès interroge sur les conditions d’encadrement des chasseurs âgés.
À ce jour, aucun âge limite n’est imposé pour la pratique de la chasse en France.
Seule une visite médicale d’aptitude est exigée pour l’obtention ou le renouvellement du permis, mais elle reste ponctuelle et parfois peu approfondie. Il n’existe pas de dispositif obligatoire de contrôle de santé régulier chez les chasseurs séniors.
Le tabou de l’âge dans les fédérations de chasse
Dans de nombreuses fédérations, le sujet reste délicat. Les chasseurs âgés représentent une part importante des effectifs : selon les dernières données, près de 40 % des titulaires d’un permis de chasse en France ont plus de 60 ans. Ces hommes — et parfois femmes — sont souvent des piliers historiques de leurs sociétés de chasse, dotés d’une longue expérience et d’un savoir-faire précieux. Suggérer un retrait ou une limitation peut donc être perçu comme un affront ou une exclusion injuste.
Mais la sécurité collective doit-elle primer sur la sensibilité individuelle ?
La question mérite d’être posée, surtout dans les contextes de battues où les risques sont multipliés : terrain difficile, éloignement, temps de réaction limité. Le moindre malaise peut avoir des conséquences graves, voire fatales.
Des pistes d’encadrement plus sévères ?
Sans fixer un âge plafond arbitraire, plusieurs solutions pourraient être envisagées. Certaines fédérations locales commencent à recommander des bilans de santé réguliers au-delà de 70 ans, sur une base volontaire. D’autres envisagent de créer des rôles spécifiques pour les chasseurs les plus âgés, comme celui de coordinateur de battue ou observateur, moins exposés physiquement mais toujours utiles à la dynamique du groupe.
Il serait également possible d’imaginer une gradation des rôles en fonction de l’âge et de l’état de santé, à l’image de ce que proposent certains sports pour les vétérans. La technologie pourrait aussi jouer un rôle : géolocalisation par GPS, dispositifs d’alerte portables, radios en continu… autant d’outils qui renforceraient la sécurité, notamment pour ceux qui chassent seuls sur leur poste.
Un débat que la société ne pourra pas éviter longtemps
Le vieillissement de la population des chasseurs est une réalité statistique. Comme pour d’autres activités en milieu naturel — randonnée engagée, trail longue distance, alpinisme — la question de l’aptitude physique avec l’âge devra être posée, tôt ou tard. Il ne s’agit pas de sanctionner, ni d’exclure, mais de prévenir. Ce décès, aussi dramatique que symbolique, pourrait servir de déclencheur pour initier un dialogue constructif entre les fédérations, les autorités et les pratiquants. Refuser de traiter cette question, c’est laisser la sécurité reposer sur la chance individuelle.
Sources
– Intervention du PGHM de Jausiers, 22 novembre 2025
– Statistiques ONCFS 2024 sur l’âge des détenteurs de permis
– Témoignages de fédérations locales sur les pratiques d’encadrement
uTrail présente ses condoléances à la famille et aux proches du chasseur décédé. Derrière chaque fait divers, il y a un drame humain. Cet article n’a pas pour but de stigmatiser une pratique, mais d’interroger collectivement les conditions de sécurité en milieu naturel que nous partageons toutes et tous.
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