Nicolas Martin, double vice-champion du monde de trail, brise un tabou sur l’éthique dans le trail : « On peut réussir sans tricher, mais il faut accepter de rester seul.
Qu’est-ce que tricher dans le trail aujourd’hui ?
On croit que tricher, c’est se doper. Se faire piquer à l’EPO ou aux stéroïdes. Mais dans le trail, la triche prend souvent des formes plus discrètes : se faire ravitailler en dehors des zones autorisées, couper une boucle, cacher une douleur avec des médicaments interdits en compétition, ou mentir à son entraîneur sur un traitement.
Ce sont ces « petites transgressions » que Nicolas Martin désigne comme typiquement humaines. Il raconte dans le podcast Safe Pace : « Des gens trichent au Monopoly. Alors dès qu’il y a un enjeu, certains tricheront. »
Le trail n’échappe pas à la règle. Il est humain. Et donc imparfait.
Pourquoi triche-t-on dans le trail ?
Parce que la triche est humaine. Comme le dit Nicolas Martin, « il y a des gens qui trichent au Monopoly avec leurs potes », alors pourquoi pas quand il y a 13 000 € à la clé ?
Chez les élites, la pression des résultats, des sponsors ou du système UTMB peut pousser à fermer les yeux.
Chez les amateurs, c’est plus discret : une gélule avant la course, un ravito hors zone, un raccourci involontaire qu’on ne signale pas. La vérité, c’est qu’on triche parce qu’on ne veut pas renoncer. Parce qu’on a peur de l’abandon. Et parfois, parce qu’on veut juste exister.
Peut-on quand même réussir sans tricher ?
Oui, répond Nicolas Martin. Lui-même a été deux fois vice-champion du monde de trail, sans jamais recourir à des conduites dopantes, ni à des arrangements. Entraîneur d’élites, il affirme : « On peut être au plus haut niveau sans tricher. » Il cite notamment Sylvain Cachard, qu’il considère comme l’un des meilleurs au monde et irréprochable.
Mais être propre, c’est accepter deux choses :
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être moins souvent sur les podiums,
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et ne jamais être récompensé pour son honnêteté.
Les coureurs propres ne sont pas valorisés
« Tu finis 8e propre, personne ne vient te féliciter », résume-t-il. Les sponsors veulent des podiums. Le public veut du spectaculaire. Il n’y a pas de contrat bonus pour ceux qui refusent les raccourcis. Et c’est là, selon Nicolas Martin, le vrai drame de l’époque : tricher ne garantit pas de gagner, mais être honnête ne garantit plus rien non plus.
Le trail évolue. Les primes montent. Les courses s’enchaînent. Le système de qualification de l’UTMB pousse les coureurs à courir souvent. Et dans ce système, ceux qui prennent soin de leur corps, qui écoutent les signaux d’alerte, sont souvent écartés par ceux qui masquent une douleur avec une injection, ou un cachet.
Un discours qui dérange, mais qui éclaire
Nicolas Martin ne dénonce personne. Il ne donne pas de noms. Il parle d’un climat. D’un écosystème. D’un monde où les athlètes, même les meilleurs, sont aussi vulnérables que n’importe qui.
Et surtout, il refuse la posture du « moi je suis clean, les autres non ». Au contraire, il alerte : « On est tous humains. Et dès qu’il y a un enjeu – de l’argent, un contrat, de la reconnaissance – la tentation est là. »
Ce n’est donc pas seulement une question de morale individuelle. C’est une question de système.
Et maintenant ? Que faire ?
Peut-être qu’il est temps de changer de logiciel. De valoriser l’éthique, pas seulement la performance. De créer des espaces où être propre ne veut pas dire être seul. D’imaginer des prix de l’éthique, des contrôles mieux répartis, des systèmes de qualification qui laissent le temps de récupérer.
Parce que sinon, ce ne sont pas les tricheurs qui tueront le trail.
Ce sont les honnêtes qui partiront.
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