En trois ans, Clément Deffrenne a changé la manière dont le trail se raconte. Pas de chrono, pas de records, mais une intelligence culturelle et émotionnelle rare.
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Clément Deffrenne alias Clemquicourt, a imposé un nouveau modèle grâce à ses videos
Comment Clement Deffrenne Clemquicourt est-il devenu le miroir d’une génération et le moteur d’un sport en mutation.
Il a comblé un vide : le trail avait besoin d’un visage humain
Depuis plus de dix ans, le trail vivait un paradoxe : sport populaire sans figure populaire. Les héros du circuit – Jornet, Dauwalter, Walmsley – sont inaccessibles, parfois déconnectés. Clemquicourt a brisé cette distance. Il s’est présenté comme un coureur “normal”, avec des doutes, de la fatigue, et beaucoup d’humour.
En ramenant de l’humain dans un univers saturé de souffrance héroïque, il a offert un miroir aux coureurs du quotidien. Ce n’est pas un athlète élite, mais un sportif sincère. Et c’est précisément cette sincérité qui l’a rendu incontournable.
Casquette Verte a incarné le trailer sans filtre. Clemquicourt, lui, a amené une esthétique plus pop, un humour plus léger, et une agilité parfaite avec TikTok et Reels. Il ne s’oppose pas : il prolonge. Mais avec de nouveaux codes, plus visuels, plus modernes.
Il maîtrise les codes de l’attention : vidéo courte, rythme rapide, message clair
Clemquicourt ne parle pas de trail, il en montre l’émotion. Ses formats sont courts, ses montages rapides, son message toujours accessible. Il ne documente pas une performance, mais une histoire. Et dans un monde saturé d’images, c’est la narration qui gagne.
Il n’a pas besoin de courir vite pour faire vibrer. Il suffit qu’il vive – et filme – une montée, une galère, un lever de soleil, pour embarquer toute une communauté. Il transforme l’effort en récit, le récit en lien.
Il a compris la puissance des symboles : la tornade rose
Le choix du rose n’est pas un hasard. Ce n’est pas une couleur, c’est une stratégie. En trail, où les tons sombres dominent, ce contraste attire l’œil, déclenche l’algorithme et marque les esprits. Mais ce rose est aussi un manifeste : celui d’un sport moins viril, plus ouvert, plus joyeux.
Il incarne la désacralisation, le droit au plaisir, la réconciliation entre virilité sportive et douceur assumée. Le rose devient un étendard générationnel dans un univers souvent trop sérieux.
Brooks l’a bien compris : son maillot rose à l’UTMB 2025 est devenu un objet communautaire. Derrière l’esthétique, il y a donc une logique d’identification – et, in fine, une mécanique redoutable d’adhésion.
Il ne spamme pas : il dose, il touche, il raconte
Contrairement aux influenceurs classiques, Clemquicourt ne publie pas chaque jour. Il ne sature pas le flux. Il choisit ses moments, ses récits, ses émotions. Ce rythme lent crée la rareté. Et dans un monde où tout le monde crie, celui qui parle juste finit par dominer.
Clem ne vend rien. Il partage. Et c’est là que réside sa puissance commerciale : les marques cherchent aujourd’hui ce que les algorithmes ne fabriquent pas – une émotion vraie.
Il raconte avec humour : le trail comme jeu, pas comme douleur
Il ne sublime pas la souffrance, il en rit. Il ne pleure pas la galère, il l’assume avec autodérision. Là où d’autres parlent de dépassement, il parle de plaisir. Cette énergie positive transforme l’image du trail : moins élitiste, plus joyeux, plus humain.
C’est aussi pour cela que sa communauté s’élargit. Clemquicourt ne fait pas peur. Il donne envie. Et c’est exactement ce que recherche le trail aujourd’hui : une manière de raconter l’effort sans effrayer.
Il ne parle pas à son public, il parle avec lui
Sa communauté n’est pas passive. Elle commente, partage, court. À Trient, une fan zone s’est formée spontanément. Sur Strava, ses sorties deviennent des points de ralliement. Clemquicourt transforme la logique du “je montre” en “on vit ensemble”.
Cette horizontalité est inédite. Elle dépasse la logique d’influence pour devenir une logique d’appartenance. Plus qu’un coureur, il est devenu un catalyseur.
Il est le visage d’un nouveau modèle : le créateur-coureur
Clemquicourt n’est ni un athlète de haut niveau, ni un youtubeur classique. Il est un créateur-coureur. Il court pour raconter. Il raconte pour exister. Et cette boucle vertueuse a tout changé : elle redéfinit ce qu’est une performance aujourd’hui.
Dans un monde où la vidéo vaut parfois plus qu’un podium, il est en avance. Il produit de la valeur émotionnelle, pas seulement du contenu. Il ne documente pas le trail : il le transforme.
Clément Deffrenne est devenu le plus gros influenceur du trail français, non pas grâce à une stratégie unique, mais parce qu’il incarne un moment. Il est arrivé au bon endroit, avec la bonne énergie, les bons outils, et surtout, une sincérité rare.Son succès est méthodique : il repose sur la narration, le symbole, l’émotion, la communauté et l’intelligence des formats. Mais il est aussi profondément humain : il donne envie de courir, et ça, aucun algorithme ne peut l’acheter.
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