Il n’a pas le palmarès d’un pro, ni le statut d’un athlète sponsorisé, mais il en a la mentalité. Comme Vincent Bouillard, Pierre Livache construit sa légende à sa manière : par le terrain, le travail, et le sens de l’imprévisible.
Le dimanche 19 octobre 2025, le Grand Trail des Templiers a basculé dans une autre dimension. Un nom inconnu du grand public, un visage sans contrat ni team, a triomphé sur 80 kilomètres et 3 443 mètres de dénivelé. Pierre Livache, 33 ans, chef de marché chez Decathlon, a devancé les favoris et redonné au trail ce que beaucoup pensaient perdu : la magie du mérite brut.
Un profil d’amateur… avec des chronos de pro
Ceux qui suivent les classements UTMB Index l’avaient peut-être déjà remarqué. Livache, ce n’est pas un simple « coureur du dimanche ». Depuis 2020, il choisit ses courses avec une précision chirurgicale, préférant la qualité à la quantité. Chaque départ est mûrement réfléchi, chaque dossard a un sens. Il court peu, mais il court juste. Cinquième du Nord Trail des Flandres en 2022, premier à la Volvic Volcanic Expérience, neuvième du Ultra Tour des 4 Massifs la même année, vainqueur du Luchon Aneto Trail et de L’Infernal Trail des Vosges en 2024, avant un nouveau podium sur l’UT4M en 2025. À chaque fois, même constat : discret au départ, implacable à l’arrivée.
Son CV sportif, que beaucoup découvrent aujourd’hui, raconte une montée en puissance sans artifice. Pas d’équipe, pas de coach star, pas de communication léchée. Juste un homme du Nord, rigoureux, précis, qui progresse à l’ancienne. Ce dimanche-là, il a simplement appliqué sa méthode : partir prudemment, observer les autres s’épuiser, et placer son accélération dans les vingt derniers kilomètres. La stratégie d’un coureur intelligent, lucide, froid. Exactement celle d’un certain Vincent Bouillard à ses débuts.
Comme Vincent Bouillard, Pierre Livache sort de nulle part… ou presque
Comme Vincent Bouillard, Pierre Livache donne l’impression d’avoir surgi de nulle part. L’un vient de chez Hoka, l’autre de Decathlon. Les deux gagnent “par surprise”, sans stratégie de communication ni storytelling fabriqué.
Ils courent peu, choisissent leurs courses avec soin, et refusent la médiatisation facile.
Reste une question : cette victoire sera-t-elle unique ou le début d’une trajectoire durable ?
Et surtout, Livache suivra-t-il la voie de Bouillard, celle d’un trail conscient et engagé — sur l’écologie, la sobriété et l’égalité sociale ?
Le palmarès de Pierre Livache

Le même ADN que Bouillard : travail, humilité, efficacité
Chez Pierre Livache comme chez Vincent Bouillard, on retrouve les mêmes ingrédients : un ancrage régional fort, une éthique de travail sans fioritures et une science du pacing. Tous deux incarnent cette génération d’athlètes qui refusent le storytelling marketing, préférant l’authenticité du terrain. Livache n’a pas besoin d’un camp d’entraînement à Chamonix pour performer : il s’entraîne dans les Monts des Flandres, sur des chemins boueux, avec la même régularité qu’un métronome.
Sa victoire aux Templiers ne doit rien au hasard. En 2024 déjà, il avait écrasé L’Infernal Trail des Vosges (99 km, 4 447 m D+) en moins de 11 heures, avant de dominer les 70 km de l’Aneto Trail en 6h48. Deux victoires qui avaient alerté les observateurs avertis : ce type court juste. Et quand la course s’allonge, il devient dangereux. Les Templiers étaient simplement la scène où il fallait que cela explose.
Un trail plus humain, moins calibré
Sa victoire, c’est aussi une revanche symbolique contre un milieu qui se professionnalise à toute vitesse. Le trail a besoin de figures comme Livache, capables de venir rappeler que la hiérarchie n’est jamais figée. Dans un peloton saturé de vestes fluo, de budgets marketing et de live sponsorisés, il incarne le coureur réel, celui qui bosse la semaine, qui s’entraîne tôt le matin, qui fait ses blocs sur fatigue sans caméras autour.
Les réseaux sociaux s’enflamment : « C’est ça qu’on aime dans ce sport ! », « Enfin un gars du terrain ! », « Le trail a retrouvé son âme ». Son arrivée aux Templiers, les mains sur le visage, les larmes dans les yeux, restera comme l’une des plus fortes images de cette édition. À l’image de Bouillard, il a rappelé qu’il existe encore des victoires qui ne se programment pas, mais se méritent.
Une trajectoire à suivre de très près
À 33 ans, Pierre Livache a peut-être ouvert un nouveau chapitre de sa vie de coureur. Son UTMB Index progresse, son endurance est impressionnante, et son mental semble taillé pour les ultra-distance. S’il choisit de franchir un palier en 2026, les regards risquent de se tourner vers lui sur les grands formats. Il ne manque plus qu’une grande course internationale pour confirmer ce que beaucoup pensent déjà : la France tient un nouvel outsider crédible, taillé pour les 100 miles.
Comme Bouillard, il court avec la tête autant qu’avec les jambes. Et comme Bouillard, il prouve que le trail reste un espace de liberté où les meilleurs ne sont pas toujours ceux qu’on attend.
Résultats récents
– 1er L’Infernal Trail des Vosges 2024 (100 km – 4 447 m D+)
– 1er Luchon Aneto Trail 2024 (70 km – 3 200 m D+)
– 9e UT4M 2022 (97 km – 5 860 m D+)
– 1er Volvic Volcanic Expérience 2022 (43 km – 1 700 m D+)
– 3e UT4M Chartreuse 2025 (41 km – 2 655 m D+)
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