La Diagonale des Fous est une ligne sur la carte.
Une diagonale tracée à la folie, du sud au nord de l’île de La Réunion. Et pourtant, elle fait trembler les jambes les plus aguerries. La Diagonale des Fous n’est pas un trail comme les autres. C’est un monument. 175 kilomètres. 10 500 mètres de dénivelé positif. Des cirques volcaniques, des crêtes acérées, des descentes cassantes, des nuits sans sommeil. On ne court pas la Diagonale. On la traverse. On la subit. On l’embrasse.
Chaque année en octobre, des milliers de coureurs se jettent dans cette traversée mythique. Départ de Saint-Pierre. Arrivée à Saint-Denis. Entre les deux, un monde. Et un taux d’abandon qui frôle les 40 %, selon les dernières éditions. Rien d’étonnant : ici, la chaleur, la boue, les racines, les dénivelés monstrueux, tout est pensé pour vous briser.
Mais ce n’est pas pour rien que cette épreuve est surnommée la “Diagonale des Fous”. Il faut l’être un peu, fou. Ou passionné. Ou les deux.
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Comprendre la Diagonale des Fous 2025
Imaginez un ultra-trail qui commence en bord de mer, vous propulse dans les montagnes les plus abruptes de l’océan Indien, vous force à traverser des cirques inaccessibles comme Cilaos ou Mafate, puis vous propulse au sommet du Maïdo avant de vous lâcher dans la dernière ligne droite. Si vous y parvenez. Parce que beaucoup, chaque année, abandonnent avant d’y voir la fin.
Ce n’est pas une course pour les jambes fraîches ou les cœurs légers. Il faut de l’endurance, bien sûr. Mais surtout, il faut savoir gérer. Car sur la Diagonale, chaque erreur se paye cher. Ceux qui partent trop vite explosent souvent avant Sans-Souci. Ceux qui sous-estiment les descentes s’y fracassent les genoux. Et ceux qui oublient de s’alimenter n’arrivent jamais à la Redoute.
La Diag, ce n’est pas une performance. C’est un équilibre. Un dialogue entre le corps et l’île. Et cette année, ce dialogue est porté par un homme.
Baptiste Chassagne, le coureur qui ne venait pas pour gagner
Pas de stars au départ. Pas de Kilian Jornet, pas de François D’Haene, pas de Mathieu Blanchard, le vainqueur de 2024. À la place ? Des visages connus, mais pas surexposés. Et parmi eux, un nom revient sur toutes les lèvres : Baptiste Chassagne.
Il n’est pas une vedette. Mais il est en train de construire quelque chose. Un UTMB Index de 886. Cette saison, Baptiste Chassagne s’est illustré avec constance : vainqueur du Serre Che Trail début septembre, il a aussi enchaîné les podiums — deuxième à la Comblorane, au Grand Raid Ventoux et au Trail Sainte-Victoire, troisième au High Trail Vanoise, et onzième aux championnats du monde sur long trail.. Et surtout, une humilité rare. Quand il a débarqué à La Réunion, il a dit qu’il venait “pour découvrir”. Et ce matin, il est en tête.
Plus de trente minutes d’avance sur Yannick Noël. Près d’une heure sur Aurélien Dunand-Pallaz. À moins de 35 kilomètres de l’arrivée, il confie aux caméras :
« c’est encore long, je vais finir avec le cœur. »
Tout est dit. Il ne court pas pour le chrono. Il court pour l’expérience. Et c’est peut-être pour ça qu’il tient.
Des favoris dans l’ombre
Derrière lui, les “gros moteurs” sont là, mais silencieux. Yannick Noël ne lâche rien, mais ne reprend rien non plus. Il reste solide, mais semble plafonner. Aurélien Dunand-Pallaz, pourtant ultra régulier, pointe déjà à plus de 50 minutes. Il tient, mais ne revient pas.
Et puis il y a Alexis Sevennec, Jérôme Vanderschaeghe, Ludovic Pommeret. Des coureurs d’expérience, capables de coups d’éclat. Mais à l’heure actuelle, la course ne semble pas leur sourire.
Il faut dire que cette édition a un rythme étrange. Moins rapide que 2024. Moins tactique que certaines éditions passées. Mais plus intense, plus intérieure. C’est une Diagonale d’introspection, pas de show.
Le cœur plus que les jambes
Il flotte sur cette Diag 2025 un parfum de silence. Comme si tout se jouait dans les marges. Pas de duel explosif. Pas de poursuite haletante. Juste un homme, Chassagne, qui avance, lucide, centré. Et des poursuivants qui attendent une faille.
Ce n’est pas spectaculaire. Mais c’est fort. Parce qu’ici, sur ces sentiers abrupts, c’est souvent le plus humble qui gagne. Celui qui ne se croit pas invincible. Celui qui respecte l’île et la montagne. Celui qui court avec le cœur.
Si les écarts se maintiennent, et si aucun événement ne vient bouleverser la course, les algorithmes (et un peu d’intuition) permettent de prédire un scénario probable
- Baptiste Chassagne pourrait passer la ligne entre 18 h 30 et 19 h 30 heure locale, soit entre 16 h 30 et 17 h 30 à Paris.
- Yannick Noël arriverait 30 à 45 minutes plus tard, sauf s’il relance dans les descentes.
- Aurélien Dunand-Pallaz devrait boucler le podium, sauf si un outsider (Sevennec ?) le rattrape dans les dernières bosses.
Mais tout ça peut basculer. Une crampe. Une chute. Une hypo. Ou simplement un moment de doute.
La seule certitude ? Celui qui gagnera ne sera peut-être pas le plus fort. Mais le plus constant. Le plus sincère. Celui qui aura aimé cette diagonale jusqu’au bout.
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