Casquette Verte : à quelques jours du départ de la Diagonale des Fous, il ne semble ni blessé, ni malade.Va-t-on enfin le revoir à son meilleur niveau, celui qui l’a fait connaître ?
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Alexandre Boucheix, alias Casquette Verte, traîne derrière lui une réputation paradoxale.
Il est devenu l’un des coureurs les plus suivis du trail français, mais il est aussi celui qui, depuis deux saisons, enchaîne les pépins de course en course. À la TDS, il a été ralenti par une crise d’asthme qui l’a fait tousser et l’a empêché de respirer normalement dans les montées. À Hong Kong, sur le 100 kilomètres, il termine seulement trente-cinquième, bien loin des standards auxquels il nous avait habitués. À Lyon, lors de l’Urban Trail, il ne fait pas mieux qu’une place anonyme aux alentours de la deux centième position. Au Kullamannen, il se contente d’une soixante-neuvième place, preuve que son corps ne répond pas comme avant. À chaque fois, c’est la même rengaine : fatigue, gêne respiratoire, douleur récurrente, coup de mou. Son récit est toujours traversé par un “mais” qui vient assombrir la performance.
Ce constat est d’autant plus frappant que Casquette Verte a déjà montré un visage tout autre.
On se souvient de ses victoires sur l’Ultra 01 et sur l’Ultratour des 4 Massifs, de son record sur le Kullamannen ou encore de ses belles places à l’UTMB. Et surtout, on se rappelle de sa Diagonale des Fous réussie, conclue dans le top 10, là où il a démontré qu’il pouvait tenir tête aux meilleurs sur l’une des courses les plus impitoyables du calendrier. Ce sont ces exploits qui ont forgé son image, et ce sont eux qui donnent encore aujourd’hui envie de croire qu’il peut revenir à ce niveau.
La Diagonale des Fous, justement, reste une course à part pour lui.
Il en parle comme d’un rite de passage, d’un mythe personnel, d’une épreuve qui l’obsède autant qu’elle le malmène. Il y a déjà goûté dans la douleur, il y a aussi brillé, et il revient sans cesse avec l’envie de se mesurer à nouveau à son tracé monstrueux. Ce lien affectif explique pourquoi beaucoup de ses supporters continuent d’espérer : si Casquette Verte doit renaître, ce sera peut-être à La Réunion.
Mais pour viser un podium, il faudra plus que du cœur. Il faudra une course sans incident, sans toux, sans blessure, sans crise de souffle ni gêne gastrique.
Il faudra que son corps suive son mental. La concurrence ne lui fera aucun cadeau, les favoris sont des machines à broyer les kilomètres et chaque minute perdue dans un ravitaillement ou sur un faux rythme peut se payer très cher. Alors, le voir sur la boîte paraît ambitieux. Mais le voir retrouver son vrai niveau, celui qui l’a révélé, serait déjà un signal fort. Ce serait la preuve qu’il n’est pas condamné à courir avec une excuse accrochée aux épaules, et qu’il a encore de quoi surprendre le monde du trail.
En 2025, la Diagonale des Fous affiche un niveau absolument ahurissant.
Dans la liste des coureurs français, Casquette Verte pointe à une cote ITRA de 818, bien derrière les favoris comme Ludovic Pommeret, Baptiste Chassagne ou Aurélien Dunand-Pallaz, tous au-dessus de 890. Même sans parler de chiffres, il suffit de regarder les noms pour comprendre qu’atteindre le podium tiendrait du miracle. Ces mecs-là ne viennent pas pour admirer les paysages. Ils viennent pour exploser les chronos.
Alors, soyons lucides. Casquette Verte n’est pas dans la même dynamique qu’en 2022 ou 2023. Il n’arrive pas en forme étincelante, il n’a pas de référence récente au top niveau, et il reste en dessous sur les indices de performance. Pourtant, ce serait une erreur de le rayer trop vite. Il connaît la course. Il a déjà brillé ici. Et surtout, il revient sans blessure, sans maladie, sans excuse annoncée. Ce seul détail change tout.
Peut-il jouer le podium ? Honnêtement, non. Il faudrait que plusieurs favoris explosent en vol, qu’il fasse la course parfaite, et qu’il retrouve son meilleur niveau sans avoir pu le tester en amont. Mais peut-il viser un top 10 ? Oui, clairement. C’est difficile, mais pas impossible. Et s’il y parvient, ce serait une victoire en soi. Un retour. Un signal. Et peut-être le début d’un nouveau chapitre, celui d’un Casquette Verte à nouveau au sommet, après avoir tant galéré.
Et si cette fois, il ne se passait rien ? Pas de douleur, pas de bronchospasme, pas de mollet récalcitrant ni de mental à la dérive. Et si, pour une fois, tout s’alignait ? On n’y croit jamais vraiment avec lui. Et c’est justement pour ça qu’on regarde.
🔮 Projection uTrail : entre la 10e et la 15e place si tout va bien, mieux en cas d’hécatombe devant.
Sources
Cet article s’appuie sur les déclarations publiques d’Alexandre Boucheix dans ses interviews (Salomon, RunFitFun, podcasts), sur ses récits de course publiés sur son blog personnel, les résultats officiels UTMB World, les données DUV, les suivis en live de uTrail sur la TDS 2025 et la Diagonale 2023, ainsi que diverses publications accessibles sur les sites Distances+, Radio Vinci Autoroutes, Course Épique et Facebook.
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