On pensait Garmin intouchable. Leader incontesté du marché des montres GPS, la marque américaine traverse aujourd’hui la plus grave tempête de son histoire. Non pas une, mais deux procédures judiciaires viennent d’être ouvertes contre elle. Strava d’un côté, Suunto de l’autre. Résultat : c’est tout l’écosystème Garmin qui vacille.
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Strava attaque le cœur logiciel de Garmin
Il y a quelques jours, Strava a ouvert les hostilités. La plateforme accuse Garmin d’avoir copié deux de ses technologies clés : les segments, ces portions chronométrées qui font battre le cœur des compétiteurs, et les cartes de chaleur, qui permettent de visualiser les itinéraires les plus empruntés. Strava estime que Garmin a violé des brevets déposés dès 2011 et a outrepassé un accord de coopération signé en 2015.
La demande est radicale : l’interdiction pure et simple de vendre la quasi-totalité de la gamme Garmin (Forerunner, Fenix, Epix, Edge). Un scénario qui semblait inimaginable hier et qui est désormais sur la table.
Suunto s’en prend au matériel
Comme si cela ne suffisait pas, Suunto vient de dégainer à son tour. La marque finlandaise – concurrente historique de Garmin – a déposé plainte au Texas, un tribunal réputé favorable aux plaignants dans les affaires de brevets.
Cette fois, le reproche porte sur le cœur technologique des montres : Suunto affirme que Garmin a violé cinq brevets liés à la détection des coups de golf, à la mesure de la respiration via la variabilité de la fréquence cardiaque, et surtout au design des antennes intégrées dans les boîtiers.
La liste des modèles concernés donne le vertige : Fenix 5 à 8, Epix, Forerunner, Instinct, Venu, Marq et même les montres de golf Approach. Autrement dit, quasiment tout ce que Garmin a de plus populaire.
Une double menace existentielle
Strava attaque le logiciel, Suunto attaque le matériel. Garmin se retrouve encerclé.
Si Strava obtient gain de cause, c’est la compatibilité même avec la plateforme sociale qui pourrait disparaître. Si Suunto l’emporte, Garmin devrait revoir la conception de ses montres, payer des indemnités colossales, voire suspendre des ventes.
Dans les deux cas, l’utilisateur est le grand perdant. Le traileur qui enregistre ses sorties sur Strava, le cycliste qui consulte ses données sur Garmin Connect… tous pourraient voir leur quotidien bouleversé.
Pourquoi maintenant ?
Derrière ces offensives, il y a aussi une guerre économique. Strava prépare son entrée en bourse en 2026 et veut montrer la valeur de ses brevets. Suunto, désormais propriété du groupe chinois Liesheng, affirme sa puissance en protégeant son portefeuille technologique. Et Garmin, géant pesant près de 50 milliards de dollars, devient la cible idéale.
Et demain ?
On aurait jamais cru pouvoir écrire ces lignes, mais la question n’est plus absurde : Garmin peut-il tomber ? Peut-on imaginer un futur où vos montres Garmin ne fonctionneront plus avec Strava, ou pire, ne seront plus vendues sur le marché ?
Le temps judiciaire est long, mais le choc est déjà là. Le roi du GPS est désormais assis sur un trône fragile.
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