La question de l’âge limite à la chasse
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Jean-Louis Bérot, ex-international du rugby français, est mort en chutant d’une palombière à 78 ans.
Une tragédie qui interroge sur les risques liés à la chasse à un âge avancé — et sur la sécurité de tous les usagers de la nature, traileurs compris.
Peut-on continuer à chasser à 70, 75 ou même 80 ans ?
La question dérange, mais elle revient brutalement dans l’actualité après le décès de Jean-Louis Bérot. À 78 ans, l’ancienne gloire du rugby français a perdu la vie en chutant d’une palombière, alors qu’il participait à une partie de chasse dans les Landes.
Ce drame relance un débat sensible : faut-il instaurer un âge limite pour la pratique de la chasse ? Et plus largement, que fait-on pour garantir la sécurité de ceux qui, comme les traileurs, croisent leur route ?
Une disparition qui bouleverse le monde du sport
Jean-Louis Bérot n’était pas n’importe qui. Ancien demi de mêlée du XV de France, pilier de l’US Dax et du Stade Toulousain dans les années soixante, il a disputé vingt et une rencontres sous le maillot tricolore. Très impliqué dans sa région, il était resté actif bien après sa carrière, que ce soit comme président de club ou dans le secteur thermal à Dax. Mardi, alors qu’il rejoignait une palombière perchée dans les arbres, le câble de son ascenseur cède. La chute, d’environ 20 mètres, lui sera fatale.
Âge et chasse : une zone grise réglementaire
En France, il n’existe aucune limite d’âge pour posséder un permis de chasse. Il suffit de réussir l’examen — une fois dans sa vie — pour pouvoir chasser jusqu’à cent ans, en théorie.
En pratique, certains chasseurs très âgés continuent à pratiquer sans contrôle de leurs capacités physiques ou cognitives. Si l’accident de Jean-Louis Bérot n’implique pas une arme à feu, il interroge tout de même sur la sécurité des installations utilisées par des personnes âgées : câbles vétustes, hauteur importante, réflexes diminués… Il suffit d’un détail pour que le drame survienne.
Et pour les autres usagers de la nature ?
Les traileurs, randonneurs, cyclistes ou simples promeneurs ne peuvent qu’observer, inquiets, cette absence de régulation. Chaque automne, des incidents — voire des morts — surviennent dans des contextes où l’âge, la fatigue, ou le manque de vigilance jouent un rôle déterminant. La question de l’âge limite à la chasse ne concerne donc pas seulement les chasseurs eux-mêmes. Elle touche l’ensemble des citoyens qui partagent les forêts, les sentiers et les espaces naturels. Le trail, en pleine explosion, se heurte régulièrement à ces enjeux de cohabitation mal encadrée.
Un sujet tabou, mais de plus en plus discuté
Proposer un âge plafond pour la chasse est souvent perçu comme une provocation dans les milieux ruraux. Et pourtant, dans d’autres domaines à risque (conduite automobile, pilotage d’avion, médecine), des vérifications régulières sont exigées avec l’âge. Pourquoi pas pour la chasse ? Le drame de Jean-Louis Bérot n’est pas un cas isolé. Chaque année, des septuagénaires ou octogénaires sont impliqués dans des accidents, parfois graves, parfois mortels. Faudra-t-il attendre une catastrophe plus spectaculaire pour faire bouger les lignes ?
Sauf erreur de notre part, en France, il n’existe pas de limite d’âge légal pour détenir un permis de chasse.
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Le permis s’obtient en réussissant l’examen organisé par l’Office français de la biodiversité (OFB).
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Une fois acquis, il reste valable à vie.
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Depuis 2020, une formation obligatoire d’une journée a été instaurée pour tous les chasseurs tous les 10 ans.
Ce n’est pas un « contrôle » au sens d’examen, mais bien une formation pédagogique (visio) sur la sécurité, les accidents, et les bonnes pratiques.
Elle doit être suivie avant 2030 pour garder la validité du permis.
Il n’y a aucun contrôle médical obligatoire lié à l’âge, contrairement à ce qui existe pour le permis de conduire par exemple dans certains pays. Un chasseur peut donc pratiquer à 80, 90 ou même 100 ans, tant qu’il paie sa validation annuelle.
En pratique, certains continuent très âgés, et les critiques portent sur l’absence de vérification des capacités physiques et cognitives. Les accidents liés à des chutes d’installations (palombières, miradors) ou à des tirs sont souvent pointés comme révélateurs de cette faille sécuritaire.
uTrail présente ses condoléances à la famille, aux proches et aux amis de Jean-Louis Bérot. Figure du rugby français, son décès rappelle aussi combien la question de la sécurité reste essentielle, que ce soit sur les terrains de sport ou sur nos sentiers de trail.
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