Le constat est signé France Inter : selon les derniers sondages, deux Français sur trois déclarent se sentir en insécurité lorsqu’ils se promènent en forêt durant la saison de chasse.
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Le sentiment d’insécurité pendant la chasse est bien réel
Suite à nos récents articles sur la chasse, certains représentants du monde cynégétique nous reprochent d’avoir une obsession, voire de mener une croisade contre eux. Pourtant, il ne s’agit ni d’une lubie ni d’une fixette éditoriale : le sentiment d’insécurité en période de chasse est largement partagé par l’ensemble de la population française.
Les sondages parlent d’eux-mêmes : deux Français sur trois déclarent ne pas se sentir en sécurité lorsqu’ils se promènent en forêt en saison de chasse, et huit sur dix souhaitent voir instaurer un dimanche sans fusils. Autrement dit, notre inquiétude de coureurs et de traileurs n’est pas isolée, elle rejoint une préoccupation massive et persistante dans la société.
Un plan « sécurité à la chasse » qui fait flop
Après les débats houleux de 2023 sur l’instauration d’un jour non chassé, le gouvernement avait répondu par un plan baptisé « sécurité à la chasse ». L’objectif affiché : tendre vers zéro accident. Dans les faits, la copie est bien maigre. La formation obligatoire des chasseurs tous les dix ans existe bien, mais elle reste essentiellement théorique, avec des modules accessibles en visio, loin de la pratique réelle du terrain.
La formation des organisateurs de battues, qui devait concerner près de 200 000 personnes, n’a jamais été appliquée. Quant à l’interdiction de tirer en dehors d’un angle de 30°, elle reste peu respectée, alors même qu’une grande partie des accidents surviennent précisément à cause de tirs latéraux ou mal orientés.
L’annonce phare d’une application permettant de signaler les zones de chasse en temps réel a purement et simplement disparu, jamais développée. À cela s’ajoute une sanction de 1 500 euros pour état d’ivresse manifeste… dont aucune donnée sérieuse ne prouve l’application. Avec seulement 1 700 agents de l’OFB pour contrôler un million de chasseurs, la promesse d’efficacité semble illusoire.
Les traileurs, premières cibles collatérales
Ce manque de clarté et d’actions concrètes nourrit un climat de peur. Pour les traileurs, courir en forêt entre septembre et février devient une source d’inquiétude. Même en portant des vêtements colorés, beaucoup ne se sentent pas rassurés face aux coups de feu entendus sur les sentiers. Ce sentiment d’insécurité pousse certains à réduire leurs sorties, à changer leurs parcours ou même à délaisser totalement la nature pendant plusieurs mois.
Or, la course en milieu naturel repose sur une liberté de circulation et une sérénité qui ne devraient pas être compromises.
Le décalage entre la communication officielle — « une pratique toujours plus sûre » selon le ministère — et la réalité vécue par les promeneurs et coureurs nourrit la méfiance. Pour beaucoup de pratiquants, l’impression domine que le plan sécurité n’est qu’un écran de fumée destiné à calmer le débat, sans améliorer concrètement la situation.
Un débat qui reste entier
La méfiance ne s’estompe pas. Les chiffres de 2024, avec onze morts et seize blessés dont trois graves, montrent que le risque n’est pas seulement théorique. Les coureurs en nature, tout comme les randonneurs et vététistes, attendent des mesures tangibles : une meilleure signalisation des zones de chasse, un contrôle effectif des règles, et peut-être surtout, ce fameux dimanche sans chasse, plébiscité mais toujours refusé.
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Notre image parodique sur l’insécurité à la chasse
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Sources
Plusieurs sondages récents montrent que le sentiment d’insécurité lié à la chasse est largement partagé en France.
– Selon une enquête IFOP pour la Fondation Brigitte Bardot publiée en mars 2025, 62% des Français déclarent ne pas se sentir en sécurité lorsqu’ils se promènent en nature pendant la saison de chasse.
https://www.bfmtv.com/societe/faut-il-interdire-la-chasse-le-dimanche-huit-francais-sur-10-y-sont-favorables-selon-un-sondage_AN-202503280059.html
– Le chiffre monte même à 89% pour cent dans un sondage Ipsos pour One Voice réalisé en octobre 2023, où les personnes interrogées considéraient que la chasse posait des problèmes de sécurité pour les promeneurs.
https://www.ipsos.com/fr-fr/pour-89-des-francais-la-chasse-est-percue-comme-posant-des-problemes-de-securite-pour-les
– Plus concret encore, une enquête menée en 2022 par YouGov pour l’association Animal Cross révélait que 36% des Français avaient déjà été confrontés directement à une situation d’insécurité liée à la chasse.
https://www.linfodurable.fr/politique/chasse-36-des-francais-ont-connu-une-situation-dinsecurite-30573
– Dans le même temps, les sondages confirment qu’une large majorité réclame un jour sans chasse : 82% des Français se disent favorables à l’interdiction de la chasse le dimanche d’après l’IFOP (2025), un chiffre corroboré par d’autres enquêtes qui oscillent autour de 78 à 80%.
https://fne.asso.fr/actualites/8-francais-sur-10-reclament-le-dimanche-sans-chasse
Autrement dit, deux Français sur trois ne se sentent pas en sécurité lors des périodes de chasse, et huit sur dix souhaitent qu’au moins une journée hebdomadaire soit sanctuarisée pour permettre à tous de profiter de la nature sans craindre les coups de fusil.
– France Inter
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/debout-la-terre/debout-la-terre-du-lundi-22-septembre-2025-7524838