Courir en forêt n’est pas un délit, même en pleine période de chasse.
Acheter un gilet fluo pour courir pendant la chasse
Chaque automne, les réseaux sociaux se transforment en champ de bataille : les traileurs alertent sur les risques d’accident, tandis que leurs détracteurs leur répondent qu’ils « dramatisent », qu’ils créent « une psychose », et qu’il suffirait de « mettre un gilet fluo » ou de « rester chez soi le dimanche ». Plutôt que de laisser tourner ce dialogue de sourds, remettons les faits dans l’ordre.
6 arguments à ressortir à des chasseurs qui veulent vous interdire de courir (ou à balancer sur les réseaux sociaux)
Rappelez-vous que courir en forêt pendant la chasse est parfaitement légal
Commençons par le plus simple : il n’existe aucune loi interdisant la course à pied en période de chasse. Si un chemin est ouvert au public, qu’il s’agisse d’un GR, d’un chemin communal ou d’un sentier balisé, vous pouvez y être. Les seules exceptions sont rares : certains arrêtés municipaux temporaires ou des zones de battue réglementées pour quelques heures. (Code rural, articles L161-1 et suivants)
Et pourtant, on lit encore sur les réseaux : « Vous n’avez qu’à rester chez vous, c’est la saison de chasse ». Faux. La liberté de circuler reste la règle, même quand les fusils sont de sortie.
Les panneaux « chasse en cours » ne doivent pas vous faire reculer, ce ne sont pas des interdictions
Un panneau « chasse en cours » n’est pas un barrage routier : il sert à prévenir d’un risque, pas à interdire l’accès. Courir en forêt n’est pas une provocation, c’est un droit. (Code forestier, article L163-6)
Et si vous osez rappeler que courir est un droit, certains répondent : « les forêts sont privées, elles nous appartiennent ». C’est là qu’arrive leur argument favori.
L’argument des « 85 % de forêts privées » est infondé
Oui, 85 % des forêts françaises sont privées, mais les chemins qui les traversent sont souvent ouverts au public et bénéficient d’un statut légal qui permet la circulation. Le Code forestier garantit l’accès aux chemins ruraux et communaux, et de nombreux propriétaires retirent leurs terrains du régime de chasse (démembrement d’ACCA), preuve que d’autres choix de gestion existent.
Depuis que Willy Schraen (président de la FNC) a reconnu publiquement que la chasse n’avait pas pour objectif premier de réguler la faune (déclaration dans plusieurs interviews, facilement vérifiable), un nouvel argument est apparu : « on entretient les sentiers ». L’entretien des chemins relève principalement des collectivités, de l’ONF et des associations de randonnée ou de VTT. La participation de chasseurs est ponctuelle et volontaire, mais elle n’octroie aucun privilège d’usage ni de tir. Que des chasseurs participent ponctuellement est positif, mais cela ne leur confère aucun privilège d’usage.
Entretenir un chemin ne donne aucun droit de tir
Autre refrain très répété : « Si les chemins sont propres, c’est grâce aux chasseurs ». Cet argument vise à faire culpabiliser les coureurs. Oui, certains chasseurs débroussaillent, mais les communes, l’ONF, les parcs naturels, les clubs de randonnée, de VTT et de trail font l’essentiel du travail.
Et surtout : tenir une débroussailleuse ne donne pas le droit de tirer sur ceux qui passent.
C’est cet argument qui nous avait inspiré notre fameux Goratrail en 2024, qui avait fait réagir l’AFP, France Info et même conduit la ministre à publier un démenti officiel. Si cette blague était crédible, c’est bien parce que l’idée que les coureurs doivent s’adapter plutôt que les chasseurs choque de moins en moins.
Le fluo : conseillé mais pas obligatoire
Oui, le fluo peut réduire le risque, mais rappelons-le : ce n’est pas une obligation légale. (Arrêté ministériel du 5 octobre 2021 : le port du gilet haute visibilité est obligatoire pour les chasseurs, pas pour les coureurs.)
Si l’on en vient à dire que sans fluo on est en danger, c’est qu’il existe un danger réel. Or la loi est claire : celui qui tient l’arme doit identifier sa cible avant de tirer (Code de l’environnement, L424-1). La responsabilité ne peut être renversée sur les coureurs.
Porter du fluo réduit le risque mais n’efface pas l’obligation de sécurité de l’auteur du tir.
« Vous n’avez qu’à rester chez vous » : un argument irrecevable
La nature n’appartient pas à une seule catégorie d’usagers. Le trail, la randonnée, la cueillette ou la simple promenade sont des activités légitimes et doivent pouvoir coexister avec la chasse.
En conclusion : la responsabilité incombe à celui qui tient l’arme
La cohabitation ne peut fonctionner que si les responsabilités sont claires : celui qui détient une arme détient aussi l’obligation de sécuriser son tir. Les coureurs n’ont pas à se cacher ou à s’auto-censurer pour éviter d’être pris pour des sangliers.
Comme le rappelle le Code de l’environnement, le chasseur doit « s’assurer de l’identification certaine et formelle du gibier avant tout tir ». Cet article rappelle le droit de circuler librement en forêt et les obligations légales. Il critique un système et des pratiques collectives, pas des individus. Toute personne estimant être mise en cause peut exercer un droit de réponse conformément à la loi de 1881.
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sur le droit de courir pendant la chasse
Il critique des systèmes et des pratiques collectives, sans viser ni dénigrer des personnes ou des groupes de manière individuelle.
Il n’appelle pas à la haine, à la violence ni au séparatisme, et ne cherche pas à empêcher la pratique légale de la chasse.L’image d’illustration est une caricature humoristique utilisée pour représenter le débat sur la sécurité des traileurs en période de chasse.
Elle ne vise ni ne représente de personnes ou de groupes réels et n’a pas vocation à dénigrer les chasseurs en tant qu’individus.
L’objectif est de sensibiliser sur la question du partage des espaces naturels et de rappeler les obligations légales en matière de sécurité, notamment l’obligation d’identifier sa cible avant tout tir (Code de l’environnement, article L424-1).Cet article rappelle le droit de circuler librement en forêt et plaide pour une cohabitation sécurisée entre tous les usagers de la nature.
L’auteur exerce son droit à l’anonymat pour des raisons de sécurité, conformément à la loi sur la protection des sources et la liberté d’expression.
Toute personne estimant que ses droits sont affectés peut faire usage de son droit de réponse.