Chamonix
Quand les athlètes réalisent que leur terrain de jeu est en train de disparaître
Courir, skier, grimper, explorer… mais pour combien de temps encore ? Début septembre, plusieurs sportifs de haut niveau se sont retrouvés au cœur du massif du Mont-Blanc. Pas pour une compétition. Pas pour un tournage. Mais pour faire face à une réalité : le réchauffement climatique est en train de ronger les Alpes, mètre après mètre.
Une marche sur la mer de glace, et un choc visuel
L’opération s’appelle « Sport for Future ». L’idée : sensibiliser les champions aux bouleversements climatiques en les confrontant directement à leurs conséquences. Guidés par le glaciologue Luc Moreau, les athlètes ont marché sur ce qu’il reste de la mer de glace, à Chamonix. Et ce qu’ils ont vu les a marqués à vie.
En seulement trois ans, le glacier a perdu près de cinquante mètres d’épaisseur. Certains jours d’été, il fond de quinze centimètres… en une seule journée. « Il y aura de moins en moins de neige, et à des altitudes de plus en plus élevées », résume le scientifique. Ce n’est pas un scénario pour dans cinquante ans. C’est maintenant. Et c’est irréversible.
Skier en février sur des pentes de printemps
Aurélien Ducroz, double champion du monde de ski freeride devenu navigateur, n’en revient pas. « Avant, il fallait attendre avril ou mai pour que la neige colle sur les pentes raides. Aujourd’hui, ça arrive dès février. » Même son de cloche du côté de Merlin Surget, spécialiste du snowboard cross : sur le glacier du Stelvio, le parcours d’entraînement a dû être déplacé à cause des crevasses. « On a carrément changé de versant », explique-t-il. Il ne s’agit plus d’adaptation. Il s’agit de survie pour leur discipline.
Un avertissement aussi pour les traileurs
Les coureurs en montagne ne sont pas épargnés. Le permafrost qui se dégrade rend les sentiers instables, les éboulements plus fréquents, les glaciers plus imprévisibles. Ce qui était autrefois un terrain d’aventure devient une zone à risque.
En trail aussi, la saison s’avance, les altitudes « enneigées » reculent, et certaines épreuves devront bientôt modifier leur parcours pour garantir la sécurité des coureurs.
Un appel à la prise de conscience collective
Au-delà des images chocs, l’expédition Sport for Future a déclenché une vraie réflexion chez les participants. « Ce n’est pas parce qu’on est athlète qu’on doit se taire », affirme la triathlète Jeanne Lehair. Et elle a raison. Parce qu’en montrant l’effondrement de leurs terrains d’entraînement, ces sportifs rappellent que le climat n’est pas qu’une affaire de conférences internationales. Il s’invite dans la vie quotidienne, dans la passion, dans la pratique, et dans le futur même du sport outdoor.
Il n’est plus temps d’attendre. L’enjeu n’est pas juste de protéger un glacier, mais de préserver un mode de vie, une culture du sport en pleine nature. Et ça, ça nous concerne toutes et tous.
Courir à Chamonix : quand les glaciers fondent sous les pas des athlètes
Face au réchauffement climatique, les sports de montagne tirent la sonnette d’alarme
Chamonix, berceau historique de l’alpinisme et du trail, voit fondre ses glaciers plus vite que jamais. Début septembre, des athlètes de haut niveau ont participé à une expédition baptisée « Sport for Future », pour mesurer l’impact direct du réchauffement climatique sur leurs terrains d’entraînement. Ce qu’ils ont vu est glaçant, au sens propre comme au figuré.
Un constat implacable sur la mer de glace
Encadrés par le glaciologue Luc Moreau, les sportifs ont arpenté la mer de glace, située au-dessus de Chamonix. En trois ans, ce glacier emblématique a perdu cinquante mètres d’épaisseur. Les chiffres donnent le vertige. Les journées caniculaires d’été peuvent faire fondre jusqu’à quinze centimètres de glace en vingt-quatre heures.
« On le sait très bien : il y aura de moins en moins de neige, et à des altitudes de plus en plus élevées », alerte Luc Moreau. Ce n’est plus une hypothèse, c’est un fait observé, mesuré, documenté. Et ses conséquences dépassent largement le domaine du ski ou de l’alpinisme.
Trail, freeride, snowboard : tous les sports de montagne touchés
Les changements sont déjà là. Le skieur freeride Aurélien Ducroz constate qu’il peut désormais pratiquer des pentes techniques en février, alors qu’il fallait attendre avril il y a quelques années. Quant au snowboardeur Merlin Surget, son parcours d’entraînement sur le glacier du Stelvio a tout bonnement disparu à cause des crevasses. La station a dû changer de versant.
Les traileurs aussi sont concernés. Le dégel du permafrost rend les sentiers instables, les chutes de pierres plus fréquentes, les balisages plus délicats. L’organisation de certaines courses emblématiques comme l’UTMB devra s’adapter dans les années à venir. À Chamonix, courir ne sera plus jamais tout à fait comme avant.
Une prise de conscience nécessaire chez les athlètes
Pour Jeanne Lehair, triathlète engagée dans le projet, « ce n’est pas parce que tu es athlète que tu dois te taire ». Le sport outdoor a une responsabilité : être le relais visible d’un combat pour préserver les écosystèmes de montagne. Les images diffusées lors de cette expédition montrent que l’avenir du sport alpin n’est pas dans vingt ans. Il se joue maintenant.
Résumé
Des athlètes de haut niveau se sont rendus début septembre à Chamonix pour constater les effets du changement climatique sur la mer de glace. En trois ans, le glacier a perdu cinquante mètres d’épaisseur.
Le glaciologue Luc Moreau tire la sonnette d’alarme : la neige se fait rare, les glaciers fondent plus vite, et toutes les disciplines de montagne sont impactées. Trail, ski, snowboard… tous doivent s’adapter. À Chamonix, courir devient aussi un acte de conscience écologique.
FAQ – Courir à Chamonix à l’ère du changement climatique
Est-ce encore sûr de courir sur les sentiers de Chamonix ?
Oui, mais avec prudence. Le dégel du permafrost fragilise certaines zones. Les chutes de pierres sont plus fréquentes, notamment sur les sentiers techniques en altitude. L’Office de Haute Montagne (OHM) met régulièrement à jour les conditions et émet des bulletins de vigilance.
Le parcours de l’UTMB a-t-il été modifié à cause du climat en 2025 ?
Oui, l’édition 2025 de l’UTMB a connu plusieurs ajustements notables, certains directement liés à des phénomènes naturels récents comme des éboulements ou à des préoccupations environnementales croissantes. Voici les principaux changements apportés cette année :
• Le départ entre Chamonix et Les Houches modifié Un éboulement survenu cet été a contraint l’organisation à revoir la première section du parcours. Une variante plus sûre a été mise en place dès les premiers kilomètres pour garantir la sécurité des coureurs.
• Un horaire de départ avancé Le départ de la course a été avancé à 17 heures 45 (au lieu de 18 heures) le vendredi 29 août, toujours depuis la place du Triangle de l’Amitié à Chamonix. Ce léger décalage vise à mieux gérer les passages en altitude pendant la nuit.
• La suppression du ravitaillement de La Balme Pour limiter l’impact sur la Réserve Naturelle des Contamines-Montjoie, le poste de ravitaillement de La Balme a été retiré du parcours (il se situait autour du 40ᵉ kilomètre). Les ravitaillements aux Contamines et aux Chapieux ont été renforcés pour compenser.
• Distance et dénivelé réévalués Le parcours mesure désormais environ 174 kilomètres (contre 176 auparavant), pour un dénivelé positif très proche de la version précédente : 9 900 mètres contre 9 915 mètres. Ces ajustements restent mineurs mais confirment une tendance à la réévaluation régulière du tracé en fonction des conditions climatiques et géologiques.
Ces évolutions montrent que le parcours de l’UTMB n’est plus figé. Avec la multiplication des risques liés au climat, l’organisation doit s’adapter d’année en année pour garantir à la fois la sécurité des coureurs et la préservation de l’environnement alpin.
Quelles précautions prendre pour s’entraîner l’été à Chamonix ?
Évitez les heures les plus chaudes de la journée. Consultez les bulletins de l’OHM et évitez les zones réputées instables (éboulis, zones glaciaires). Hydratez-vous bien et prévoyez des alternatives de repli en cas d’orage. Sur les itinéraires hauts, l’exposition UV et le risque de fonte localisée peuvent modifier les conditions en quelques heures.
Pourquoi la fonte des glaciers impacte-t-elle aussi le trail ?
Parce que de nombreux sentiers traversent des zones proches de névés ou de moraines. Avec la fonte, ces zones deviennent instables, glissantes ou impraticables. Certains passages balisés par les organisateurs deviennent inaccessibles, voire dangereux, d’une année sur l’autre.
Peut-on encore rêver de courir à Chamonix dans vingt ans ?
Oui, mais différemment. Le trail ne disparaîtra pas, mais il devra évoluer. Les itinéraires seront repensés, les saisons d’entraînement raccourcies, et les pratiques devront s’adapter à la nouvelle donne climatique. Courir à Chamonix restera possible, mais plus exigeant, plus incertain… et plus engagé.
Lire aussi sur le changement climatique
- La maison brûle : le Mont-Blanc fond
- De la neige en juillet : les climatosceptiques se réveillent… et ils ont tort
- Trails annulés : France et États-Unis face au même cauchemar climatique
Lire encore
- Musculation # Trail : contrairement aux idées reçues, les traileurs doivent soulever des charges lourdes
- La montre Polar Grit X2 Pro est disponible chez i-run
- Quelle prise de sang demander pour déceler si on est en surentrainement