Reprise de la saison de chasse : pourquoi les premières semaines sont les plus dangereuses
Avec l’ouverture de la chasse, il faut s’équiper pour courir en sécurité
L’ouverture de la saison de chasse marque chaque année un moment fort dans de nombreuses régions rurales françaises. Mais c’est aussi une période critique, où les risques d’accidents explosent. Après plusieurs mois de pause, les chasseurs reprennent leurs armes et leurs habitudes… parfois sans avoir retrouvé les bons réflexes. Moins d’entraînement, des automatismes oubliés, des erreurs de manipulation : les premiers week-ends de chasse concentrent à eux seuls une part importante des accidents de toute la saison.
La saison de chasse la plus meurtrière depuis 5 ans
Selon les chiffres publiés par l’Office français de la biodiversité, la saison dernière a été marquée par une nette remontée des accidents. En tout, 100 incidents liés à l’usage d’armes à feu ont été recensés, dont 11 mortels. C’est presque deux fois plus que la moyenne des saisons précédentes, qui comptait 6 décès par an. Le chiffre est d’autant plus préoccupant qu’il ramène la France à un niveau de dangerosité comparable à celui d’avant 2020.
Tous les accidents mortels recensés ont eu lieu lors de chasses au grand gibier, notamment en battue. Et près de la moitié d’entre eux sont des auto-accidents, où le chasseur s’est blessé lui-même. Ce type d’incident révèle souvent des erreurs élémentaires dans la manipulation des armes.
Au-delà des cas les plus graves, 16 personnes non-chasseuses ont été touchées par des tirs, dont 3 grièvement blessées.
Ce chiffre est également en légère augmentation. À cela s’ajoutent les incidents dits « matériels » : balles perdues, impacts sur des habitations ou des véhicules, sans blessé humain, mais avec des conséquences parfois lourdes. Ils étaient 135 la saison dernière, contre 103 l’année précédente. La tendance est donc à la hausse, tous types d’incidents confondus, malgré des décennies d’efforts pour réduire les risques.
Les premières semaines de chasse, période la plus risquée de l’année
La plupart des fédérations départementales le confirment : les accidents sont particulièrement nombreux dans les tout premiers jours de reprise. L’ouverture générale, tant attendue, suscite parfois une euphorie peu compatible avec la rigueur nécessaire à la manipulation d’une arme. Certains chasseurs, notamment ceux qui n’ont pas pratiqué depuis des mois, peuvent se montrer moins vigilants, moins préparés, et plus enclins à des erreurs. Le manque de condition physique, la fatigue ou le stress jouent aussi un rôle.
Un exemple tragique illustre ce phénomène : en Ardèche, à peine 3 semaines après l’ouverture de la chasse de septembre 2024, un homme de 56 ans a été tué en plein thorax lors d’une battue.
Une erreur dramatique, probablement évitable, survenue alors que les règles de sécurité auraient dû être une priorité absolue. D’autres accidents similaires ont été recensés les années précédentes, notamment lors des week-ends qui suivent immédiatement l’ouverture, lorsque les forêts et les massifs sont très fréquentés par les chasseurs – y compris les plus jeunes, fraîchement titulaires du permis, et les plus âgés, parfois moins alertes.
Les nouvelles obligations de formation pour réduire les risques
Face à cette réalité, des mesures ont été mises en place. Depuis 2023, chaque chasseur doit suivre une session de remise à niveau tous les 10 ans. Cette formation comprend désormais une partie pratique obligatoire sur la manipulation sécurisée des armes. De leur côté, les organisateurs de battues devront être formés d’ici 2025 à la gestion des consignes de sécurité sur le terrain. Ces obligations visent à éviter que l’habitude n’émousse la vigilance. Un chasseur, même expérimenté, doit retrouver la rigueur de ses débuts à chaque nouvelle saison.
L’objectif est clair : maintenir la pression pédagogique, instaurer une culture de la sécurité constante et rappeler que toute arme, tout gibier, tout terrain comporte des risques. Un accident peut survenir en une fraction de seconde. La meilleure manière de l’éviter, c’est de s’y préparer sérieusement.
CONSEILS POUR LES CHASSEURS
Les fondamentaux de la sécurité à la chasse : des gestes simples qui sauvent
Avant même de partir chasser, un certain nombre de vérifications s’imposent.
L’entretien de l’arme est primordial
Canon nettoyé, mécanisme testé, munitions adaptées. Un tir d’essai en ball-trap peut également aider à se remettre en main. Ces gestes simples permettent de retrouver les sensations, de s’assurer que tout fonctionne correctement, et de réactiver les réflexes.
Sur le terrain, la règle la plus essentielle reste le respect de l’angle de sécurité de 30°.
Il est formellement interdit de tirer dans cette zone s’il existe un risque de présence humaine ou d’obstacle non identifié. Ce non-respect est la première cause d’accidents mortels.
Autre principe fondamental : ne jamais tirer sans identifier formellement la cible, ni sans vérifier ce qui se trouve derrière elle.
Le tir doit être fichant, c’est-à-dire dirigé vers le sol, afin d’éviter les ricochets. L’arme doit également rester déchargée hors des phases d’action, notamment lors de déplacements, de franchissement d’obstacles ou de transport en véhicule.
La tenue doit être visible : le port d’un gilet ou d’une casquette fluorescente est aujourd’hui indispensable.
Cela réduit considérablement le risque d’être confondu avec le gibier, surtout dans les sous-bois. Enfin, aucune consommation d’alcool ne doit précéder ou accompagner une action de chasse. L’alcool altère les réflexes et le discernement, au même titre qu’une forte fatigue ou une baisse de vigilance.
CONSEILS POUR LES TRAILEURS
Dès l’ouverture de la chasse, les traileurs doivent adapter leurs habitudes pour éviter tout incident.
S’informer
Avant de partir courir, mieux vaut s’informer sur les jours et zones de chasse actives, souvent disponibles sur les sites des fédérations départementales ou via des panneaux en forêt.
Être vu
Il est fortement conseillé de porter des vêtements voyants – gilet fluo, casquette orange, ou manchettes réfléchissantes – afin d’être parfaitement identifiable à distance.
Pas de hors piste
Privilégier les sentiers balisés, éviter les zones de battue, et ne jamais couper à travers bois augmente considérablement la sécurité.
Si vous entendez des tirs ou repérez une battue en cours, faites demi-tour ou attendez à distance sans vous approcher.
Rester vigileant
Enfin, gardez à l’esprit que la majorité des accidents surviennent par manque de visibilité ou confusion : en période de chasse, mieux vaut courir lentement dans les zones sensibles, faire du bruit en groupe, et toujours rester attentif à son environnement.
L’ouverture de la chasse marque un moment sensible pour tous les usagers de la nature. C’est en septembre et octobre que la majorité des accidents surviennent, souvent à cause d’un relâchement de l’attention ou d’une reprise trop rapide des habitudes. Pour les chasseurs comme pour les traileurs, la vigilance doit être maximale dès les premières sorties. Revoir les règles de sécurité, anticiper les zones à risque, se rendre visible et respecter les consignes permet d’éviter des drames évitables. La cohabitation entre passionnés de nature est possible, à condition que chacun fasse preuve de responsabilité, surtout en ce début de saison où le danger est au plus haut.
Sources sur les accidents de chasse de la saison 2024/25
Toutes les données de cet article proviennent du bilan officiel des accidents et incidents de chasse 2024-2025 publié par l’Office français de la biodiversité (OFB) le 18 juillet 2025.
Ce rapport recense 100 accidents de chasse, dont 11 mortels, un chiffre en forte hausse par rapport aux deux saisons précédentes (6 morts en 2022-2023 et 2023-2024).
L’OFB précise que 63 % des accidents sont liés à la chasse au grand gibier, que le non-respect de l’angle de 30° représente un tiers des cas, et que 35 % des accidents sont des auto-accidents, dont 5 mortels.
Le rapport signale aussi 16 victimes non-chasseurs, soit une augmentation par rapport à l’année précédente, ainsi qu’une hausse de 31 % des incidents matériels, avec 135 signalements dont 58 tirs en direction d’habitations.
Ces chiffres confirment que malgré une baisse structurelle sur vingt ans, la dernière saison marque un rebond inquiétant de l’accidentologie.
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Cet article relève de l’information d’intérêt général sur la sécurité en forêt et la prévention des accidents de chasse. Il s’appuie exclusivement sur les chiffres officiels publiés par l’Office français de la biodiversité (OFB) et sur des faits avérés. Sa rédaction relève de la liberté de la presse et de la liberté d’expression, protégées par l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme. Son objectif est de sensibiliser le public et les pratiquants d’activités de plein air aux risques liés à la période de chasse, et non de stigmatiser individuellement les chasseurs ou leurs organisations.
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