Tom Evans a remporté l’UTMB 2025 avec un prototype ASICS encore non commercialisé. Une victoire incontestable… mais qui relance un vieux débat : celui de l’équité entre les élites et les amateurs.
Les prototype de chaussures de trail portés par Tom Evans s’inspirerait à la fois de la Trabuco Max pour l’amorti et la stabilité, et de la Fuji Speed pour la légèreté et la dynamique, dans un design entièrement repensé pour performer sur cent soixante-quatorze kilomètres techniques.
chaussure de trail Trabuco Max 4
chaussure de trail Trabuco Max 4
Une performance hors normes, mais avec quelles chaussures ?
Tom Evans a écrasé l’UTMB 2025 en moins de vingt heures. Le Britannique, déjà champion du monde, a dominé les sentiers de Chamonix avec fluidité, stratégie, et une avance sans appel. Mais au-delà de sa foulée impeccable, un détail intrigue : il portait une paire de chaussures que personne d’autre n’avait.
ASICS a confirmé qu’il s’agissait d’un prototype non commercialisé, développé en interne avec ses athlètes élite. Un modèle « ultra rapide », décrit comme une rupture technologique. Pas une simple évolution, mais une chaussure pensée spécifiquement pour gagner.
En trail, tout est permis… pour l’instant
Contrairement au marathon ou au triathlon, aucune règle n’interdit l’usage de prototypes en trail. À l’UTMB, les chaussures ne sont ni vérifiées, ni soumises à une date de sortie, ni listées comme “autorisées” ou “non autorisées”. Résultat : les élites sponsorisés courent parfois avec des modèles que le grand public ne verra qu’un an plus tard, ou jamais.
C’est exactement ce qui s’est passé avec Tom Evans. Il a utilisé un modèle ASICS que les autres coureurs ne pouvaient pas se procurer. Est-ce légal ? Oui. Est-ce équitable ? C’est là que le débat commence.
L’exemple du triathlon : des règles strictes pour éviter les dérives
Dans d’autres disciplines, la question a été tranchée. Depuis 2020, World Athletics impose une règle stricte : pour qu’une chaussure soit autorisée en compétition, elle doit être commercialisée et disponible au public au moins 30 jours avant l’épreuve. L’objectif est simple : éviter que certains coureurs aient accès à des technologies exclusives qui faussent les résultats.
Le triathlon a emboîté le pas. Récemment, Hayden Wilde a été au cœur d’une polémique pour avoir couru avec une paire non homologuée, pensant à tort qu’elle l’était. Dans ce contexte, l’affaire Tom Evans interpelle. Pourquoi le trail devrait-il faire exception ?
Le trail, dernier bastion de l’innovation sans limite ?
Certains diront que le trail est un sport à part, un laboratoire d’innovation où les marques testent, expérimentent, prennent des risques. Et c’est vrai : sans cette liberté, pas de plaques carbone, pas de mousses ultra-légères, pas de modèles adaptés au 100 miles.
Mais cette course à l’innovation a un revers : elle creuse l’écart entre les élites sponsorisés et les coureurs amateurs. Elle renforce l’idée que pour gagner, il ne suffit plus d’avoir les jambes, il faut aussi avoir les bons contacts. Et c’est un glissement dangereux.
Que disent les marques ? Que fait l’UTMB ?
ASICS assume totalement sa stratégie. Le prototype porté par Tom Evans sortira courant 2026. En attendant, seuls les athlètes de son team y ont accès. C’est une forme de vitrine marketing : gagner avec un produit invisible, c’est créer le désir avant même la sortie.
Quant à l’UTMB, l’organisation ne prévoit pour l’instant aucune règle d’encadrement matériel. Aucun contrôle n’est effectué sur les chaussures portées par les élites. L’équité repose donc uniquement sur la bonne foi des marques et des athlètes.
Vers une réglementation dans le trail ?
Il serait pourtant simple de poser un cadre. On pourrait imaginer une règle inspirée de l’athlétisme :
“Toute chaussure utilisée en course doit être disponible à l’achat public au moins 30 jours avant l’épreuve.”
Cela ne tuerait pas l’innovation, mais éviterait les abus. Et cela protégerait l’image du trail, un sport souvent présenté comme plus humain, plus juste, plus authentique.
Une question d’image, une question de valeurs
Quand Tom Evans gagne avec des chaussures que personne n’a, il ne triche pas. Mais il incarne une tendance : celle d’un sport qui glisse doucement vers une logique d’équipement, de performance assistée, de technologie exclusive.
Dans une époque où l’on parle d’écologie, de retour à la nature, de simplicité, ce contraste interroge. Le trail ne peut pas se contenter d’être beau sur Instagram. Il doit aussi être cohérent dans ses valeurs.