chaussures de trail Salomon Speedcross 5
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Record du marathon vs record de l’UTMB : deux mondes, deux chronos
On pourrait croire qu’un record est un record, quel que soit le terrain. Mais comparer un record sur marathon à un record sur l’UTMB, c’est comme comparer un 100 mètres en ligne droite à un parcours d’obstacles en montagne. Pourtant, les deux disciplines partagent une obsession commune : aller toujours plus vite, et repousser les limites du corps humain.
Les chiffres : 2h00 en marathon vs 19h37 pour le record de l’UTMB
Le record officiel du marathon est actuellement de 2h00min35s, établi par Kelvin Kiptum lors du marathon de Chicago en 2023. À l’inverse, le record de l’UTMB est détenu depuis 2023 par Jim Walmsley, en 19h37. Des écarts qui donnent le vertige, mais qu’il faut replacer dans leur contexte.
Une différence de terrain radicale
- Marathon : 42,195 km, en général sur route parfaitement plate, parfois en légère descente, avec un bitume calibré pour la vitesse.
- UTMB : environ 171 km, avec 10 000 m de dénivelé positif cumulé. Des sentiers alpins, des cols à plus de 2 500 m, de la boue, de la neige, du rocher, de la nuit…
Le marathon est une discipline de puissance et d’efficience. L’UTMB est un test de résistance, de stratégie, d’adaptation. L’un dure deux heures. L’autre, presque vingt.
Si l’on voulait comparer objectivement la vitesse des deux disciplines, il faudrait ramener leurs spécificités à une base commune. Un marathon se court aujourd’hui autour de 21 km/h pour les meilleurs (2h00 pour 42,195 km), soit une allure proche de 2’50/km. À l’UTMB, le record de Jim Walmsley (19h37 pour environ 171 km et 10 000 m D+) correspond à environ 8,7 km/h, soit une allure moyenne de 6’50/km.
Mais le plus parlant, c’est d’intégrer l’effort lié au dénivelé. En trail, on considère qu’en montée, 100 m de D+ équivalent à 1 km plat. En réintégrant cette équivalence, l’UTMB représente en réalité un effort « équivalent plat » d’environ 271 km (171 km + 100 km de D+ convertis). Ce qui donne une vitesse réelle proche de 13,8 km/h sur marathon, contre 7 km/h sur l’UTMB.
Autrement dit, à niveau élite, un marathonien court deux fois plus vite qu’un traileur sur UTMB, même si on ramène la montagne au plat. La différence n’est pas qu’une question de distance : c’est tout le contexte – terrain, altitude, météo, autonomie – qui ralentit l’allure. Mais c’est aussi ce qui fait la beauté et la complexité du trail : ce n’est pas juste une course contre la montre, c’est une course contre tout le reste.
Quelle marge de progression ?
Le marathon semble approcher de ses limites physiologiques. Depuis 1999 (2h05), le record n’a été abaissé que de 4 minutes, grâce à l’optimisation extrême : matériel, ravitaillement, entraînement, chaussures.
Pour l’UTMB, la marge reste plus grande. Le record de 19h37 est récent, mais déjà Vincent Bouillard prédit un passage sous les 19 heures, voire les 18.
Le matériel s’améliore, les profils s’affûtent, la densité du peloton élite ne cesse de croître… Mais ce n’est pas tout : la nutrition fait aussi sa révolution. Du côté des glucides, des approches inspirées de David Roche misent sur une absorption massive — jusqu’à 120 à 150 g de sucres par heure, largement au‑dessus des standards traditionnels — pour repousser les limites, mieux récupérer et enchaîner les efforts exigeants. C’est toute une stratégie intégrée — entraînement du système digestif, apport équilibré, matériel adapté — qui transforme le potentiel d’un traileur.
Cependant, ce tournant vers la performance n’est pas sans critique. Alors que le trail gagne en visibilité et en enjeux financiers, l’ombre du dopage plane également. Le UTMB et la série UTMB World Series ont renforcé leurs stratégies anti‑dopage, via l’International Testing Agency (ITA) et le Code WADA, pour préserver l’intégrité du sport. Les suspensions récentes, notamment celle de Stian Angermund à l’OCC et le cas passé de Gonzalo Calisto impliqué dans un test positif à l’EPO en 2015 à l’UTMB, rappellent que vigilance et transparence sont indispensables.
Deux records, deux révolutions
Quand Kipchoge a franchi la barrière des deux heures (dans des conditions non homologuées), il a changé l’histoire de la course à pied. Un jour, un traileur franchira la ligne d’arrivée à Chamonix en moins de 19 heures. Et lui aussi marquera l’histoire du sport.
Pour aller plus loin, lisez notre précédent article : Courir l’UTMB en moins de 19 heures sera bientôt possible