Il voulait simplement couvrir une course de trail. Il s’est retrouvé propulsé au rang de pollueur public numéro un. En ratant son avion pour le Grand Raid des Pyrénées, Patrick Montel a mis le doigt sur une plaie béante : la relation compliquée entre passion du trail et impératifs écologiques. À force de vouloir trop bien faire, certains finissent par se faire crucifier. C’est exactement ce qui lui est arrivé.
Live, le Grand Raid des Pyrénées en direct
Regarder la video dans laquelle Patrick Montel raconte qu’il a manqué son avion pour le Grand Raid des Pyrénées
Tout commence par une galère bien connue : vols annulés, retards en cascade, aéroports saturés.
Le journaliste devait s’envoler à l’aube d’Orly. Annulé. Repli vers Roissy. Re-annulé. Une double peine signée Air France. Il documente la scène, téléphone en main, et poste une vidéo au ton léger, un brin râleur, comme il sait si bien le faire. À ce moment-là, il pense parler de transport aérien. Les internautes, eux, y voient un autre sujet : l’impact carbone d’un journaliste qui prend l’avion pour aller couvrir un trail.
Et la machine s’emballe pour Patrick Montel.
En quelques heures, les commentaires affluent. Certains l’accusent d’incohérence. D’autres lui reprochent de trahir « l’esprit trail ». Un internaute résume l’ambiance : « Prendre l’avion pour une course nature ? Faut pas s’étonner si la planète chauffe. » D’autres vont plus loin encore, appelant à boycotter ses vidéos. L’un d’eux propose même, ironiquement, de remplacer Montel par une GoPro sur un âne.
Patrick Montel n’est pas du genre à se taire. Il répond, ironise, contre-attaque : « Que celui qui n’a jamais pêché me jette la première pierre ». Il évoque les prix prohibitifs du train, les lignes supprimées, les connexions impossibles pour rejoindre Saint-Lary sans voiture. Et surtout, il rappelle que le trail ne vit pas dans une bulle. Il faut bien se déplacer. Il faut bien raconter. Il faut bien couvrir les courses que tout le monde attend.
Mais la polémique est déjà là. Et elle va bien au-delà de son cas personnel.
Car c’est un fait : le trail est un sport de passionnés… et de paradoxes. On y célèbre la nature, mais on y va souvent en voiture. On veut des ravitos locaux, mais on prend l’avion pour la Diagonale des Fous. On critique les sponsors polluants, mais on court avec des montres GPS made in China. Tout le monde le sait. Mais dès qu’un visage connu comme Montel sort du bois, c’est le déchaînement.
La vérité, c’est qu’on vit une époque où la moindre contradiction devient suspecte. Où le souci d’exemplarité tourne à l’obsession. Et où, parfois, le journaliste de trail se retrouve sommé d’être plus pur que ses propres sujets.
Alors oui, Montel a pris l’avion. Oui, il l’a raté. Oui, il a râlé. Et c’est tout. À une époque plus saine, on aurait souri, on aurait compati. En 2025, on le crucifie pour ne pas avoir pris le train. Le trail mérite mieux que ce tribunal permanent. Il mérite des voix libres, même si elles ne cochent pas toutes les cases du militantisme.
Finalement, il n’aura pas couvert le GRP. Mais grâce à cette mésaventure, il aura mis en lumière une hypocrisie que beaucoup préfèrent ignorer. Et ça, c’est peut-être plus utile encore qu’un live sur la ligne de départ.
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Image extraite d’une vidéo publique utilisée à des fins d’illustration dans un contexte d’actualité, conformément à l’article 9 du Code civil et au droit à l’information. Aucune atteinte à la vie privée ou au droit à l’image n’est recherchée.
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Cet article relève d’une analyse journalistique. Il ne remet pas en cause la légitimité des engagements écologiques ni celle de Patrick Montel, mais interroge la complexité des injonctions faites aux acteurs du trail. Toute ressemblance avec des situations réelles ou des propos tenus sur les réseaux sociaux est replacée ici dans un contexte d’intérêt général.