Tara Dower a signé un chrono qui fait exploser les limites du trail
3 jours, 18 heures, 29 minutes. C’est le temps qu’il a fallu à Tara Dower pour parcourir les 438 kilomètres et 20 700 m de D+ du Long Trail, dans le Vermont. Un chiffre à lui seul spectaculaire, mais qui prend une dimension historique quand on le compare au précédent record absolu — toutes catégories confondues — détenu jusqu’ici par l’Américain Will Peterson en 3 jours, 21 heures, 9 minutes.
Tara Dower : la prise de pouvoir sur les hommes dans le trail
Ce que Tara Dower a réalisé n’est pas seulement une victoire dans la catégorie féminine : c’est une prise de pouvoir symbolique, dans un monde du trail où les écarts de performance entre hommes et femmes ont toujours été perçus comme une constante biologique. Ce chrono remet en cause bien des idées reçues.
Une performance hors normes sur un sentier impitoyable
Le Long Trail n’a rien d’un terrain roulant. Il est lent, technique, humide, cassant. Il exige autant de résistance musculaire que de lucidité mentale. Qu’une femme batte un record masculin sur ce genre de parcours dit quelque chose d’essentiel : l’endurance au long cours n’obéit pas aux mêmes lois que la course sur route.
Pendant des années, les différences de performance entre hommes et femmes ont été nettes sur marathon, semi, 10 km. Mais plus la distance s’allonge, plus l’écart s’estompe. Dans l’ultra-trail, et plus encore dans l’univers des FKT — ces records de traversée hors dossard — les femmes ne rattrapent pas les hommes. Elles les dépassent.
Courtney Dauwalter, Camille Herron… et maintenant Tara Dower
Tara Dower n’est pas un cas isolé. Courtney Dauwalter a gagné des courses mixtes comme la Moab 240 ou la Big Dog’s Backyard Ultra.

Camille Herron détient des records mondiaux sur 48 heures. Des traileuses comme Nika Meyers, Liz Anjos ou Sabrina Verjee ont dominé les FKT sur plusieurs sentiers majeurs.
Mais Tara Dower, en battant un record global sur un sentier aussi emblématique que le Long Trail, et après avoir fait de même sur l’Appalachian Trail, impose une régularité dans l’excellence. Elle démontre qu’il ne s’agit pas d’exceptions, mais d’une transformation profonde de la hiérarchie de la performance en ultra-distance.
Ce que disent les chiffres de Tara Dower
- Record masculin du Long Trail (2024) : Will Peterson – 3 jours, 21 heures, 9 minutes
- Record féminin précédent (2018) : Alyssa Godesky – 5 jours, 2 heures, 37 minutes
- Nouveau record global (2025) : Tara Dower – 3 jours, 18 heures, 29 minutes

Non seulement Tara Dower a amélioré le record féminin de plus d’une journée, mais elle a **devancé le record masculin de 2h40**. Cela dans des conditions météo difficiles, sur un sentier détrempé, avec des orages, une boue omniprésente, et un niveau de fatigue extrême sur quatre jours.
Endurance, résistance à la douleur, capacité mentale : des atouts féminins ?
Plusieurs études scientifiques avancent que les femmes présentent des avantages physiologiques et psychologiques en ultra-distance :
- Une meilleure gestion de l’effort dans le temps (moins de départs trop rapides)
- Une tolérance accrue à la douleur prolongée
- Une plus grande efficience métabolique (elles brûlent plus de graisses, moins de glucides)
- Un meilleur rapport masse/puissance musculaire sur le long terme
Dans l’effort continu, sur plusieurs jours, ce sont souvent les qualités de patience, d’adaptabilité et de gestion mentale qui prennent le dessus sur la puissance pure.