Les abonnements Garmin cartonnent

Les abonnements Garmin : une stratégie discrète, mais efficace

Lors de la présentation de ses résultats du deuxième trimestre 2025, Garmin a glissé une information qui n’est pas passée inaperçue chez les analystes financiers : les revenus d’abonnements sont en forte croissance. Aucun chiffre précis n’a été donné, mais la direction évoque un développement dans tous ses segments d’activité, y compris le sport outdoor.

Pour l’instant, ces abonnements ne représentent pas encore 10 % du chiffre d’affaires global — seuil à partir duquel ils seraient obligatoirement détaillés. Mais la tendance est claire : Garmin ne veut plus seulement vendre du matériel. Elle veut des revenus récurrents.

Connect Plus, le plus visible (et le plus critiqué)

Au cœur de cette stratégie, on trouve Garmin Connect Plus. C’est un niveau premium de l’application Garmin Connect, qui propose des analyses santé « boostées à l’IA », des récapitulatifs de bien-être et des suggestions d’entraînement.

Sur le papier, ça sonne bien. Mais dans la réalité, la sauce ne prend pas chez tout le monde. De nombreux utilisateurs (notamment sur les forums de trail running) dénoncent une offre qui rajoute peu de valeur par rapport aux fonctions déjà présentes dans la montre. Pire : certains accusent Garmin de vouloir faire payer deux fois ses clients, d’abord à l’achat, puis à l’usage.

Et pourtant… ça marche.

Pourquoi les traileurs s’abonnent quand même

Le succès de ces abonnements chez les traileurs repose sur plusieurs leviers psychologiques et techniques :

1. L’obsession du suivi

Les pratiquants réguliers de trail aiment se voir progresser. Graphiques, VO2max, charge d’entraînement, état de récupération… La promesse de données plus fines, plus intelligentes, plus personnalisées, séduit. Même si, objectivement, ces infos changent peu le contenu de l’entraînement.

2. La peur de manquer un outil crucial

Garmin joue sur un biais bien connu : le FOMO (Fear Of Missing Out). Quand une pop-up apparaît sur l’app en vantant un « score de sommeil optimisé par IA » ou un « rapport hebdo dynamique », beaucoup d’utilisateurs cliquent. Par curiosité. Puis par habitude.

3. Le marketing du sérieux

Connect Plus est présenté comme un outil « avancé » pour « mieux se connaître ». Pour le traileur investi, qui prépare une Diagonale ou un 100 km local, payer quelques euros par mois pour être « plus pro » semble rationnel.

4. inReach : la sécurité, elle, se paie sans rechigner

Un autre abonnement qui cartonne, surtout chez les ultra-traileurs : le service satellite inReach. Ici, pas de débat : on paie pour être localisé et potentiellement secouru, même hors réseau mobile.

Contrairement à Connect Plus, inReach n’a jamais suscité de tollé. Parce qu’il touche à la sécurité. Parce qu’il est tangible. Parce qu’il sauve parfois des vies.

Et parce que, pour les pratiquants de trail longue distance ou de raid en autonomie, cet abonnement est vu comme une assurance, pas comme une arnaque déguisée.

Ce que Garmin n’explique pas trop

Ce qui interroge, c’est que ces fonctionnalités « premium » sont parfois déjà présentes chez la concurrence sans surcoût, ou même dans l’écosystème Garmin standard. Le passage à Connect Plus n’apporte pas de révolution, mais plutôt des reformulations de données existantes.

En clair, Garmin vend une version « relookée » de ses données… et ça suffit à convertir.

La situation rappelle d’ailleurs celle de Strava, qui a aussi basculé une partie de ses fonctionnalités dans un abonnement payant. L’effet de communauté, le besoin de reconnaissance sociale, et le branding jouent un rôle plus grand qu’on ne l’imagine.

Le trail sous abonnement : une tendance inévitable ?

Ce que révèle la montée en puissance de Connect Plus, c’est un changement de paradigme : le matériel ne suffit plus. Garmin, comme Apple ou Fitbit, pousse ses clients vers un modèle hybride : montre + service, produit + cloud, achat + mensualité.

Et les traileurs, malgré leur attachement à l’authenticité et à la simplicité, n’échappent pas à cette mutation. Parce qu’ils veulent des outils précis. Parce qu’ils veulent optimiser leur récupération. Parce qu’ils sont prêts à payer pour aller « plus loin ».

Peut-on encore pratiquer sans abonnement ?

Oui. Et c’est sans doute le plus ironique dans tout ça. La majorité des fonctions utiles à un traileur — distance, D+, rythme, cardio, navigation, suivi de performance — sont déjà disponibles dans les montres Garmin standard, sans Connect Plus.

On peut faire l’UTMB, un GR20 ou une TDS sans jamais s’abonner à rien.

Mais l’industrie, elle, pousse doucement mais sûrement dans une autre direction. Et Garmin, avec ses rapports aux investisseurs, affiche clairement la couleur : l’avenir est dans le service.

Résumé

Garmin a confirmé la montée en puissance de ses abonnements payants, notamment à travers Connect Plus, un service premium lié à son application mobile. Si la communauté trail a d’abord exprimé des réticences, les chiffres montrent une adoption croissante. Entre quête de performance, effet de groupe et marketing bien rodé, même les traileurs finissent par s’abonner. Le modèle économique de Garmin se transforme, et le trail, pourtant symbole de liberté, devient lui aussi un terrain d’abonnement.

❓ FAQ

Qu’est-ce que Garmin Connect Plus ?

C’est une version premium de l’application Garmin Connect. Elle propose des analyses santé enrichies, des rapports hebdomadaires, des scores de récupération et des conseils personnalisés. Le service est payant, contrairement à la version standard de l’app.

Est-ce que Connect Plus est obligatoire ?

Non. Toutes les fonctions essentielles à la pratique du trail restent disponibles sans abonnement, y compris sur les modèles les plus performants comme la Fenix ou l’Epix.

Combien coûte Connect Plus ?

Garmin n’a pas encore fixé un tarif unique pour tous les pays, mais en moyenne, l’abonnement tourne autour de 4 à 8 euros par mois.

Pourquoi certains traileurs s’abonnent-ils malgré les critiques ?

Parce que l’abonnement est souvent présenté comme un outil de progression : meilleure récupération, données de santé plus fines, rapports « intelligents »… Le marketing joue aussi un rôle important, en créant une sensation de professionnalisation. Et certains utilisateurs n’ont pas le temps ou l’envie de comparer ce qui est déjà inclus de base.

Est-ce que ces fonctions sont vraiment nouvelles ?

C’est là que le bât blesse. Beaucoup des fonctions dites « premium » sont déjà disponibles gratuitement dans d’autres écosystèmes, ou même dans l’app Garmin standard. Par exemple, le score de sommeil avancé proposé par Connect Plus n’apporte que peu de choses en plus par rapport aux données déjà accessibles. D’autres marques comme Polar ou Coros offrent des analyses de sommeil très complètes sans frais. Même constat pour la récupération : Garmin affiche déjà un statut de récupération basé sur la variabilité cardiaque sans avoir besoin d’un abonnement. Connect Plus se contente souvent de reformuler ou d’agréger des données existantes sous un habillage différent, ce qui peut laisser un goût amer aux utilisateurs avertis.

Est-ce que d’autres services Garmin sont payants ?

Oui. inReach, le service de géolocalisation par satellite, fonctionne par abonnement mensuel. Il est très utilisé par les traileurs en autonomie ou sur les courses longues. Garmin Bounce, destiné aux enfants, et les abonnements pour l’aviation (cartographie, navigation cockpit) en font aussi partie.

Peut-on encore utiliser une montre Garmin sans rien payer en plus ?

Absolument. Tous les fondamentaux sont là : distance, D+, cardio, navigation, VO2max, entraînements, suivi de performance. La majorité des traileurs peuvent s’en sortir très largement sans jamais activer Connect Plus.

Existe-t-il des alternatives gratuites à Connect Plus ?

Oui. Des apps comme Nolio, Decathlon Coach ou Strava permettent de suivre ses entraînements, récupérer des conseils, analyser ses performances sans abonnement (ou avec des versions gratuites déjà très complètes). Même l’app Garmin Connect, dans sa version de base, reste l’une des plus riches du marché.

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• Cet article propose une analyse critique et argumentée de l’évolution des modèles économiques dans l’univers du trail connecté. Il reflète un point de vue éditorial assumé, nourri par des faits vérifiables et des sources publiques. Les remarques formulées à l’égard de Garmin ou de ses services ne remettent pas en cause la qualité des produits, mais interrogent les choix stratégiques de l’entreprise dans une logique de débat d’intérêt général.