Vous vous souvenez de notre Goratrail sur le “permis trail” ? C’était en 2021, on avait fait des millions et des millions de vues. L’un de nos plus gros buzz avec, trois ans plus tard, les gilets fluo obligatoires (bon là cela avait été trop loin puisque la ministre avait du démentir).
En 2021 on avait balancé ça comme une bonne grosse blague de l’été, entre deux articles sur les conflits traileurs-chasseurs et la saturation des sentiers. L’idée d’un permis payant pour avoir le droit de courir dans la nature paraissait totalement absurde. Eh bien… ça n’est plus une blague. C’est une nouvelle loi aux Etats-Unis.
Le permis de trail : de la fiction à la réalité… en moins de quatre ans
Depuis le 7 mai 2025, l’État de l’Utah aux Etats-Unis impose à tous les adultes entrant dans certaines zones naturelles appelées Wildlife Management Areas de posséder un permis de chasse ou de pêche. On parle ici de lieux que des milliers de traileurs, randonneurs, photographes, paddleboarders ou simples promeneurs utilisent tous les jours.
Et pas de passe-droit pour les “gentils usagers non-consommateurs”. Même si tu viens juste pour regarder les oiseaux ou faire un petit footing au lever du soleil, c’est pareil : sans permis, tu peux être verbalisé.
Un traileur local célèbre, Kyle Burgess (le même qui s’était fait courser par un puma en 2020), a été arrêté par un garde sur son itinéraire habituel. Résultat : il a dû acheter un permis de pêche pour continuer à courir “en règle”.
La justification ? un raisonnement économique… mais glissant
Les autorités expliquent que ces terres publiques sont financées uniquement par les ventes de permis de chasse et de pêche. Puisque les autres usagers en profitent, ils doivent “participer” à leur financement. L’intention ? Élargir la base des contributeurs. Mais le résultat, c’est une loi floue, mal appliquée, et qui crée un précédent redoutable : celui de faire payer l’accès à la nature, même sans impact sur la faune.
Et le pire, c’est que même ceux qui veulent bien payer ne peuvent pas le faire proprement : il n’existe pas de “permis d’observation” ou “pass sentiers”. Il faut acheter un permis de chasse ou de pêche, même si on n’a jamais touché une canne ou un fusil de sa vie.
En France aussi, l’idée pourrait faire son chemin
Alors, évidemment, on rigole… mais jaune. Parce qu’en France, les signaux sont là. Entre les tensions croissantes sur le partage des sentiers, la montée des interdictions temporaires pour cause de battue, les sentiers fermés pour “préservation” sans concertation, les débats sur le sur-tourisme en montagne et le coût d’entretien des chemins… l’idée qu’un jour on fasse payer les traileurs pour “avoir leur part”, ce n’est plus totalement inconcevable.
On y ajoutera volontiers l’argument écolo : “si tu participes financièrement, tu respecteras mieux la nature”. Ce qui semble logique… jusqu’au jour où on te demandera ton “QR Code Trail” pour monter à la Croix de Chamrousse ou au sommet du Hohneck.
notre goratrail était donc prophétique ?
Quand on avait écrit ce Goratrail, on croyait rigoler. Mais finalement, il ne manquait que quelques mois pour que la fiction rejoigne la réalité. Il ne s’agit plus de satire, mais d’un glissement inquiétant : celui où la nature devient un espace payant, contrôlé, segmenté par usage.
Et à ceux qui nous diraient “ça n’arrivera jamais chez nous”, on rappellera que la montagne française est déjà largement occupée par des intérêts économiques, que les accès aux lacs et sommets sont souvent privatisés, et que la logique du “pay-to-play” s’installe doucement dans les têtes… sous prétexte de bonne gestion.
Lire aussi
- Mention légale – Protection des contenus
Le présent article est une œuvre originale protégée par le Code de la propriété intellectuelle, conformément aux articles L.111-1 et suivants. Toute reproduction, représentation ou adaptation, même partielle, sans autorisation écrite préalable de l’éditeur du site www.u-trail.com constitue une infraction.
Nous constatons régulièrement des réutilisations non autorisées de nos contenus par des tiers. Ces pratiques relèvent du parasitisme ou de la concurrence déloyale. Nous les signalons auprès des moteurs de recherche (procédure DMCA) et, le cas échéant, auprès du procureur de la République compétent.
Le site www.u-trail.com est l’unique source officielle de cette publication. Toute autre version, publiée sur un site tiers à une date postérieure, relève de la contrefaçon.