Blanchard D’Haene Casquette Verte
Ces élites qui ne visent jamais la victoire… elles sont trop mignonnes !
Blanchard D’Haene Casquette Verte
Matériel de trail d’occasion entre passionnés
Blanchard D’Haene Casquette Verte
Dans le trail de haut niveau, une petite musique revient de plus en plus souvent.
Ces athlètes stars qui prennent le départ d’une course, micro tendu, regard tranquille, et annoncent : « Je ne suis pas là pour gagner ». On les entend dire qu’ils sont là pour se tester, pour valider une stratégie nutritionnelle, pour emmagasiner du volume…
Alors, faut-il les croire sur parole ? Ou bien admettre que, dans ce sport devenu très médiatisé, les élites sont contraintes de modérer leur discours public tout en jouant leur saison sur chaque dossard ?
Prenons le cas récent de François D’Haene.
À la veille de la Transylvania 100K, il a tenu à clarifier ses intentions : pas d’objectif de victoire, juste une étape dans sa préparation vers l’UTMB 2025. Il évoque une course pour valider des sensations, tester son corps sur un format plus nerveux après sa longue blessure. L’intention est sans doute sincère. Mais on parle ici d’un quadruple vainqueur de l’UTMB, qui vient tout juste de remporter le Tor des Géants. On imagine mal François D’Haene ne pas chercher à jouer sa course, surtout sur un parcours technique comme celui des Carpates. Et même s’il venait à finir « seulement » cinquième, comme à Andorre en 2024, sa simple présence crée une pression implicite sur le résultat.
Autre cas d’école, celui de Mathieu Blanchard, récemment engagé sur l’Ultra-Trail Snowdonia by UTMB 2025.
Là encore, le discours avant course se voulait mesuré. L’objectif annoncé n’était pas de briller, mais de tester une nouvelle stratégie nutritionnelle, de se qualifier pour l’UTMB 2026 et de préserver de la fraîcheur en vue de la Hardrock 100. Résultat ? Une deuxième place au général en 12h03, sur un parcours rallongé à 104 km et 6 600 m de D+. Mieux encore, il termine quarante minutes sous l’ancien record de l’épreuve. On peut saluer l’humilité du discours, mais difficile de ne pas y voir aussi un vrai engagement compétitif. Car dès que le dossard est attaché, l’instinct de compétition reprend ses droits. D’ailleurs, Blanchard l’a écrit lui-même : « Dossard accroché = cerveau off ».
Dans un registre plus atypique mais tout aussi parlant, Alexandre Boucheix, alias Casquette Verte, fait partie de ceux qui répètent régulièrement ne pas courir pour la gagne.
Son image décalée, son ton humoristique, sa posture volontairement à contre-courant des élites classiques le protègent de la pression. Et pourtant, il a remporté plusieurs fois l’Ultra 01, s’est imposé sur des formats très engagés, et s’aligne systématiquement sur des courses du circuit UTMB avec des objectifs qu’on devine bien plus ambitieux que ce qu’il laisse entendre. Lui aussi fait partie de cette catégorie de traileurs qui minimisent leur ambition tout en livrant des performances de tout premier plan.
Alors pourquoi ces élites s’enferment-elles dans ce paradoxe ?
Il y a d’abord une raison stratégique : afficher une absence d’objectif de victoire permet de désamorcer la pression, d’éviter les critiques en cas d’abandon ou de contre-performance. C’est aussi une façon d’entretenir une image de coureur simple, proche du public, loin des clichés du compétiteur écrasant. Cela permet enfin de surprendre : finir sur le podium après avoir dit qu’on ne jouait pas la gagne, c’est renforcer son aura d’humilité… tout en glanant les points ITRA.
Mais dans une époque où les sponsors attendent de la visibilité, où les résultats sont scrutés en direct et où chaque mot est analysé, cette posture a ses limites. Elle peut même paraître décalée, voire légèrement hypocrite, surtout quand l’athlète en question court avec un plan d’entraînement calibré, une équipe de suivi et une stratégie de course bien ficelée.
En réalité, ces déclarations font partie du jeu. Elles permettent de garder une marge de manœuvre, de ne pas s’enfermer dans un discours de conquête qui peut se retourner contre soi. Mais pour les suiveurs attentifs, il est parfois difficile de ne pas sourire : quand un élite dit qu’il « ne vise pas la victoire », il faut comprendre qu’il vise tout sauf la défaite.
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