Il y a un an, Casquette Verte laissait entendre que l’UTMB 2024 serait sa dernière course sous les couleurs de Salomon. Cette déclaration, loin d’être anodine, avait fait jaser dans le petit monde du trail, tant Alexandre Boucheix incarne une figure atypique, clivante mais incontournable. Aujourd’hui, dans une nouvelle interview décalée parue ou à paraître dans Esprit Trail et sur le blog de Cécile Bertin, il remet une pièce dans la machine. Entre critiques voilées, envies d’indépendance et stratégie d’image, le traileur parisien relance la question : Casquette Verte va-t-il vraiment claquer la porte de Salomon ?
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Casquette Verte pose ses conditions à Salomon… dans la presse
Une collaboration sans obligation… mais sans reconnaissance ?
Dans son style inimitable, Alexandre Boucheix livre une analyse plutôt lucide de sa relation avec Salomon. Oui, il court pour eux. Oui, ils soutiennent ses projets — il précise par exemple que la marque finance la réalisation de ses vidéos YouTube [source : interview publiée sur le blog de Cécile Bertin, mai 2025]. Mais non, il ne fait pas partie des visages mis en avant par la marque. Pas d’affiches, pas de campagnes promotionnelles, aucune trace de lui dans les vitrines des flagships* flambant neufs de Paris, là où Salomon concentre désormais ses efforts marketing. Une semi-invisibilité médiatique qu’il semble digérer avec une certaine philosophie… pour le moment.
Un objectif clair : la capsule ou la sortie
Le message est désormais explicite : Casquette Verte veut sa collection capsule**. Pas un simple t-shirt floqué de son pseudonyme, mais une vraie ligne pensée à son image, entre esthétique décalée et ancrage urbain, reflet de son identité singulière dans le monde du trail. Il ne s’en cache pas : si Salomon ne lui offre pas cette reconnaissance d’ici fin 2026, il pourrait partir. Sans amertume, mais avec la conviction qu’il a désormais la légitimité — et les options — pour imposer ses conditions. Son profil atypique séduit au-delà du cercle des traileurs, et il sait que plusieurs marques à l’ADN plus « lifestyle » que performance pourraient vouloir miser sur ce type d’ambassadeur décalé. Salomon elle-même n’est pas étrangère à ces évolutions : la marque a déjà été vue sur des podiums de mode et ses modèles de trail sont désormais portés comme des sneakers [source : GQ, 2022 / Hypebeast, 2023].
Mais ce qui intrigue, c’est la méthode. En posant ses conditions dans les colonnes d’Esprit Trail et sur des blogs spécialisés, Casquette Verte adopte une stratégie de communication publique, presque contractuelle. Ce n’est pas une première. En 2021, dans un entretien accordé à Runpack, il confiait déjà attendre un signe de Salomon : « Je suis considéré comme un ambassadeur. Je reçois des dotations produits et je les teste. […] Maintenant, je suis peut-être un peu plus athlète qu’ambassadeur » [source : Runpack, 2021 – https://www.runpack.fr/19358-alex-boucheix-jaccorde-beaucoup-dimportance-au-confort]. Déjà à l’époque, il exprimait le souhait d’être reconnu à un niveau supérieur.
Cette fois, il franchit une étape : il transforme une négociation potentielle en pression publique. Une tactique habile, mais risquée. En utilisant la presse comme canal, il engage la marque devant son public — un levier d’influence, certes, mais qui fragilise la relation de confiance. Peut-on vraiment construire une collaboration solide quand les discussions se déroulent en place publique ?
Une fin annoncée… mais conditionnelle
Ce n’est pas la première fois que Casquette Verte évoque un départ. Déjà en 2023, il laissait entendre que l’UTMB serait sa dernière apparition sous les couleurs de Salomon [source : uTrail, octobre 2023 – https://www2.u-trail.com/lutmb-2024-serait-la-derniere-course-de-casquette-verte-avec-salomon]. En 2024, il réitérait. Et aujourd’hui, il précise que son contrat court jusqu’à fin 2026. D’ici là, il veut obtenir une collection à son nom. À défaut, il envisage de s’associer à une autre marque. Il semble d’ailleurs convaincu que « ça finira par arriver », comme une conclusion logique à son parcours.
Entre critique de fond et marketing personnel
Ce qui frappe dans ses prises de parole, c’est sa capacité à mêler storytelling personnel et positionnement stratégique. Il assume son absence de résultats majeurs — un paradoxe quand on demande la même exposition qu’un François D’Haene, un Thibaut Baronian ou un Mathieu Blanchard. Certains y verront une revendication légitime, d’autres un glissement vers une logique où tout le monde, élite ou non, pourrait prétendre à sa « capsule »… et où la frontière entre influence et performance devient floue.
Il revendique aussi sa singularité : père de famille, monteur vidéo, salarié de Decaux, Parisien jusqu’à la semelle. Il ironise sur lui-même, joue avec les codes, et défie les formats classiques du trail. Ni pur compétiteur, ni simple influenceur, il reste un électron libre — et c’est sans doute ce qui explique, au fond, qu’on parle autant de lui.
Et si Casquette Verte avait raison de taper du point sur la table
Depuis la déferlante médiatique qui a suivi la sortie de son livre, Casquette Verte n’est plus seulement un « original » du peloton.
Il est devenu un acteur central de la scène trail, à la fois suivi, débattu, copié, critiqué et scruté. À ce niveau-là de notoriété, continuer à jouer le second rôle dans une marque qui valorise d’autres visages serait un contresens stratégique. En revendiquant une collection à son nom, il ne fait peut-être que formaliser ce que le public perçoit déjà : qu’il est, à sa manière, une vitrine vivante du trail moderne. Est-ce provocateur ? Oui. Mais c’est aussi cohérent. Et peut-être même salutaire, dans un univers où l’innovation passe aussi par l’image.
Alors, Casquette Verte quittera-t-il vraiment Salomon ? Rien n’est moins sûr. Son discours oscille entre menace symbolique et négociation déguisée. Ce qui est certain, en revanche, c’est qu’il continue de maîtriser comme personne l’art de faire parler de lui… sans jamais prononcer les mots de trop. Si départ il y a, ce sera sans fracas, mais avec panache. Et peut-être même une série YouTube à la clé.
* Le mot « flagship » désigne, en marketing, le magasin vitrine d’une marque, généralement situé dans une grande ville, et pensé pour incarner son image. Dans ce contexte, cela fait référence aux nouvelles boutiques Salomon à Paris, plus tournées vers l’univers urbain et le style de vie.
** Une collection capsule désigne une ligne de vêtements ou d’accessoires en édition limitée, souvent conçue autour d’un ambassadeur ou d’un concept fort. Dans le trail, Courtney Dauwalter possède par exemple son short signature chez Salomon [source : Salomon.com, 2024] et court désormais avec une montre Suunto co-brandée à son nom [source : Suunto Press, février 2025].
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Cet article repose sur des propos publics, sourcés et vérifiables, notamment issus d’interviews accordées par Alexandre Boucheix alias Casquette Verte à des médias spécialisés (Runpack, Esprit Trail, blog de Cécile Bertin, etc.). Les analyses proposées relèvent de la critique journalistique, de l’interprétation d’éléments publics et de l’usage licite de la liberté d’expression, dans le respect de l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’homme. L’auteur ne porte atteinte ni à la réputation ni à la vie privée de la personne citée, et respecte le droit à la libre critique dans un cadre informatif.
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