Neige, vent glacial, grésil, hypothermie : la 18e édition de la Trans Aubrac s’est transformée en véritable épreuve de survie pour les traileurs. Si certains ont franchi la ligne, des centaines ont dû abandonner ou ont été arrêtés de force par l’organisation. Face à un taux d’abandons record, faut-il s’interroger sur la décision de maintenir la course ?
Trans Aubrac, des conditions extrêmes dès l’après-midi
Le départ de la Trans Aubrac avait pourtant bien commencé.
Dans la fraîcheur du matin, les premiers coureurs se sont élancés sans incident majeur depuis Bertholène. Mais au fil des heures, la météo s’est dégradée brutalement. Des rafales de vent, un grésil mordant et même de la neige ont balayé les hauteurs de l’Aubrac, transformant le parcours en un véritable champ de bataille climatique.
Le froid a saisi les muscles, la visibilité a chuté, et les sentiers boueux sont devenus des pièges. La nature s’est imposée avec une telle violence que même les plus aguerris ont été contraints de ralentir, de s’abriter… ou de renoncer.
Une neutralisation en urgence
Face à ces conditions, les organisateurs ont pris une décision rare : stopper la course avant son terme. La neutralisation est intervenue environ 1h30 avant la barrière horaire prévue. D’abord sur le 108 km, puis progressivement sur les autres formats, y compris le 75 km et le 50 km. L’annonce, faite en pleine tempête, a surpris de nombreux concurrents encore sur les chemins.
Selon l’organisation, cette décision s’est imposée d’elle-même : “Avec la neige qui commençait à tenir au sol, on ne pouvait plus garantir la sécurité des coureurs. Il fallait réagir vite.”
Un taux d’abandons record
Conséquence directe : un taux d’abandons jamais vu sur la Trans Aubrac. Sur les plus de 450 partants du 108 km, seuls 176 ont pu franchir la ligne d’arrivée. Soit près de 60 % d’abandons. Un chiffre impressionnant, en grande partie causé par l’arrêt de la course, mais aussi par l’épuisement physique généré par les éléments.
Même sur les formats plus courts, nombreux sont ceux qui ont dû jeter l’éponge. Le froid, la boue, les risques de chute et les signes d’hypothermie ont eu raison de la motivation de dizaines de traileurs. Une épreuve physique, mais aussi mentale.
Un coureur victime d’un arrêt cardiaque
À cette hécatombe s’est ajoutée une alerte médicale grave. Un relayeur a été victime d’un arrêt cardiaque vers 17h, à proximité de Saint-Geniez-d’Olt-et-d’Aubrac. Pris en charge rapidement par les secouristes, il a été héliporté vers l’hôpital de Rodez où il a pu être opéré à temps. Ce dimanche matin, son pronostic vital était qualifié de « très encourageant » par les organisateurs, qui ont salué la réactivité des secours.
Un drame évité de justesse, mais qui renforce les interrogations sur les limites à ne pas franchir lors de telles épreuves.
Faut-il savoir renoncer avant le départ ?
La question reste entière : quand les bulletins météo annoncent une dégradation majeure, faut-il maintenir une course de 108 km en semi-autonomie sur un plateau exposé aux éléments ? L’annulation préventive aurait-elle été une décision plus sage, évitant ainsi des centaines d’abandons, des prises de risque, et peut-être un drame évité de peu ?
Le trail est un sport d’engagement. Mais il ne doit jamais devenir une roulette russe. Cette édition de la Trans Aubrac rappellera à tous que la montagne, même au printemps, peut être impitoyable.
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sources : ici et ici
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Mention éditoriale : cet article soulève des questions sur la sécurité et l’organisation d’épreuves en conditions extrêmes. Il n’a pas pour but de remettre en cause les bénévoles ou les secouristes, dont l’engagement est salué, mais d’ouvrir un débat nécessaire autour des limites du trail en milieu naturel.
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Image : générée par IA