compte-rendu marathon des sables
Le marathon Des Sables sous l’ère Cyril Gauthier. Critiques et réflexions, 2ème partie.
Après les points positifs, voici mes points négatifs. Il y en a beaucoup mais cette critique est de bonne guerre. Ne perdez pas de vue deux choses. Premièrement, et d’une manière générale, j’ai trouvé ce MDS terriblement bien organisé. Mais la perfection n’est pas de ce monde et c’est mon rôle de critique que d’exprimer mes opinions qui se basent sur 10 ans d’expérience de la course. Ensuite, quelqu’un qui n’aurait jamais participé à la course, n’aurait pas vécu les choses de la même manière. Ces critiques ouvrent à la discussion. Il n’y a rien de rédhibitoire.
Par Gaël Dutigny, 10 fois finisher.
compte-rendu marathon des sables
Mon compte-rendu marathon des sables 2024 : les points négatifs
1– Il y a eu un vrai couac avec les équipes médicales.
On les a vues très vite débordées, au bout de quelques jours, manquant de matériel au bivouac (ex: plus de bandes pour me faire un strapping alors que je me suis foulé la cheville le matin du 3ème jour) et même de médicaments sur les CP (ex: plus d’anti-douleur pendant quelques heures).
Au bivouac, les derniers jours, alors que vous en avez justement plus besoin que jamais, les soins de pieds n’étaient plus assurés. Seuls les cas médicaux les plus graves, souvent en état de pré-abandon, étaient correctement pris en charge.
Beaucoup de ces soins des pieds étaient à se faire soi-même, sous le regard de quelques podologues prodiguant leurs conseils. Ils étaient aussi, et surtout, reléguées en extérieur, soumis au vent et au sable, et donc à des conditions sanitaires plus que contestables pouvant favoriser les infections.
Sous la direction de ces nouvelles équipes médicales de Dokever, l’autosuffisance a donc amené beaucoup plus d’inconfort pour les participants que sous l’ère Doctrotter®, l’ancienne équipe médicale.
C’est un point de débat important entre les organisateurs et les participants. Pour les organisateurs, l’autosuffisance impose de se soigner les pieds tout seul. Point. Pour les participants, cette autosuffisance est du point de vue médical un mythe car elle est souvent impossible à réaliser. La fatigue physique mais aussi psychologique, la douleur, la chaleur, la saleté du terrain, et l’état des pieds avec des ampoules dont la gravité ici ne se retrouvent jamais sur une épreuve de running classique, impose un traitement médical adapté.
De notre point de vue de coureur, on ne peut que rarement utiliser une seringue avec une aiguille et se traiter tout seul. Bien souvent, l’ampoule est difficilement accessible et la douleur extrême, quand ce n’est pas l’infection, ne permet pas de s’auto-traiter.
On peut comprendre que Cyril Gauthier et Dokever souhaitent faire des économie financière en limitant les soins de pieds mais c’est imposer aux coureurs une expérience de course bien trop dure, bien trop douloureuse et qui ne leur donnera certainement pas envie de revenir faire le MDS. Une ampoule mal soignée et qui s’infecte peut vite faire vivre l’enfer à un participant et faire la différence entre une poursuite de course confortable et un chemin de croix, voire un abandon.
2– Equipe franco française
Les français représentaient la majeur partie de ces soignants et leur niveau de langue étrangère était très bas.
3– Médecins coureurs inutiles
Je reviens sur ces médecins coureurs. Ils emportaient avec eu dans leur sac à dos de quoi sauver une vie mais n’avaient pas de médicaments d’appoint pour vous soulager en cas douleurs.
Dommage. À moins d’être à l’article de la mort, ces médecins coureurs ne nous servaient donc à rien. Ils ne sont ni superman ni wonderwan, souffrent comme n’importe quel coureur, avancent lentement et finissent souvent dans les limbes du classement et donc à la ramasse un peu plus chaque jour (comme moi). L’idée n’est pas idiote en soi, mais pour 90% du peloton, ça me semblait cette année totalement inutile.
4– Trop de bagnoles
La multiplication des véhicules de soutien ou de secours, type dune buggy, ne m’a pas non plus convaincu. Beaucoup passent à toute vitesse au loin sans s’arrêter pour s’enquérir de notre état. J’ai donc eu l’impression que les pilotes et leurs passagers se sont beaucoup plus amusé à faire des dérapages dans le sable plutôt que de proposer un service et une sécurité coureurs.
Exemple : à la descente d’un djebel, le troisième jour, au km 23, je manquais d’eau. Le ravitaillement n’était pas loin mais j’avais soif et j’étais près à prendre une pénalité pour assistance hydrique. Je me rapproche du véhicule d’intervention stationné-là et je demande de l’eau. On me regarde alors ébahi, comme si je demandais la lune : leur véhicule n’avait pas d’eau, du tout. Si tu as des véhicules d’intervention pour les coureurs dans le Sahara sous les 50 degrés, le minimum à avoir c’est quand même de l’eau. Non ?
5– Des glaçons dans le désert, WTF !!
Le problème que soulève l’eau glacée (non potable) aux ravitaillement est intéressant. D’abord, alors que Cyril Gauthier se vante d’avoir beaucoup réduit l’empreinte carbone du MDS, on peut se demander quel est le coût énergétique des ces glaçons, de leur fabrication, à leur transport et leur conservation.
Une belle opération de communication mais dans les faits, je pense que c’est un luxe et une opération loin d’être indispensable.
6– Du coca-cola dans désert, WTF encore !!
De même, le fait de voir dans ces bacs à glaçons à chaque ravitaillement des bouteilles de coca-cola fraîches pour les malades était toujours un crève cœur pour les autres. Une maladresse qui nous rendait tous fous car nous n’avions évidement pas le droit d’y toucher.
De même, la distribution d’une simple cannette de coca-cola après la grande étape habituellement très bien organisée s’est transformé cette année en cohue monumental et en raté spectaculaire. Certains n’en ont pas eu, certains en ont eu deux, voire trois, et d’autres (comme moi) ont fini après trois aller-retour du pickup à en avoir une…chaude. Tu as de l’eau glacée pendant la course à chaque ravitaillement mais tu n’as pas ta canette de boisson gazeuse fraiche au bivouac ? Deux poids deux mesures donc et une expérience frustrante pour nous, participants.
7– L’heure des départs
L’heure de départ des étapes (entre 5h30 et 7h) nous obligeait à nous lever entre 3h30 et 4h30 du matin tous les jours et à nous préparer de nuit pour rejoindre la ligne de départ. Non seulement nous avons vraiment manqué de sommeil toute la semaine mais, une fois de plus, l’inconfort de ces préparatifs de nuit ont pesé dur sur le plaisir général que nous avons pris sur ce MDS.
Les organisateurs ont constamment soutenu l’idée qu’ils voulaient, pour notre bénéfice, limiter les risques liés à la chaleur. On a plutôt eu le sentiment qu’ils cherchaient à se couvrir le plus possible et réduire les risques d’accident liés à la chaleur au maximum pour leur premier MDS. En 37 ans d’existence, personne ne s’était jamais plaint de prendre des départs trop tardifs.
8– Organisateurs trop néophytes
D’une manière générale, beaucoup de gens présents dans l’organisation étaient jeunes, 25-30 ans de moyenne d’âge. Du coup, manquant tous d’expérience, on les sentait peu sûrs, un peu dépassés par les événements, pas en confiance.
Exemple : un type à un ravitaillement où je m’assois épuisé sur une chaise vient se poser à côté de moi et s’ouvre un jus d’orange frais. Me voyant lorgner sur sa boisson, il s’est justifié en disant que les équipes d’organisation souffraient autant que les coureurs. Il ne s’est pas excusé, il a continué de siroter son jus de fruit frais à mes côtés pendant que moi je buvais mon eau chaude dans mes gourdes dégueulasses. On aurait aimé voir ces jeunes équipes menées par des gens plus aguerris au MDS, des anciens de l’équipe de Bauer. Il y avait bien quelques vieux briscards ici et là mais globalement, bien peu de personne des anciennes team pour leur passer le flambeau.
C’est une erreur stratégique importante que de n’avoir pas su rassembler ces équipes Bauer, tant chez les commissaires de course que chez les médecins et les podologues. C’est même pour moi l’erreur principale de Cyril Gauthier.
9– Les discours chaque matin de Cyril Gauthier n’avaient ni queue ni tête.
Ils démarraient toujours sur une pensée négative qui te retournait le cerveau pour finir par des généralités sans saveurs. Le speechwriting est un métier. Cyril Gauthier a du talent, c’est certainement un bon businessman, un bon organisateur, un meneur d’hommes, mais extérieurement parlant, il y a une sorte d’arrogance, un ton, une fierté affichée qui passe mal. On retrouve cette même attitude chez le médecin chef de Dokever qui lui aussi prenait la parole chaque matin. Une attitude là encore plus arrogante que rassurante et encourageante.
Conclusion
Aucun de ces défauts n’est rédhibitoire. Je souhaite longue vie au MDS sous la direction de Cyril Gauthier. Je ne doute pas qu’il réussisse.
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