Ecotrail en Arabie Saoudite, cela suscite des interrogations
Les courses « se veulent un moyen de pratiquer le trail-running, de redécouvrir la ville et sa région tout en respectant l’environnement et en sensibilisant à l’impact environnemental de chacun. La force du concept réside ainsi dans sa capacité à mêler trail-running et découverte des lieux emblématiques, culturelles des territoires et de leurs alentours avec une organisation reposant sur des acteurs locaux. L’éco-responsabilité, l’équité, la solidarité, l’accessibilité et la convivialité restent au cœur du projet depuis l’origine et forment [notre] ADN. Depuis 2008 (…), la famille s’est agrandie et exportée progressivement à travers le monde. AUjourd’hui, 13 destinations sont proposées dont dix en Europe, deux en Asie et une au Moyen-Orient ».
Plusieurs indices sont disséminés. Mais savez-vous d’où viennent ces mots ? Je vous le donne en mille, du site de l’Ecotrail. Et en soi, ce n’est pas tout à fait faux. Du moins, pour ceux que j’ai faits (le 50 et le 80 à Paris, le 18 et le 42 de Bruxelles), on était complètement dans cette idée qui consistait à découvrir des lieux de la capitale, courir dans des lieux relativement boisés où tout était mis en place de sorte à favoriser le respect de l’environnement. Et si tout n’était bien sûr pas parfait, je dois avouer que les efforts de l’organisation étaient assez admirables. Alors le concept s’est exporté en Espagne, en Italie, en Suisse, en Suède, en Islande, et dans bien d’autres pays. Et s’il y en a un qui m’a assez surpris, et au moins pour deux raisons, c’est le dernier né de la famille Ecotrail, à savoir celui du Moyen-Orient. En effet, il se passe en Arabie Saoudite.
De quoi s’agit-il ?
Nous avons droit à un 10km, un 45km et un 83km. Jusque là, rien de spécial. L’écotrail se déroule à Al Ula et constitue le premier événement du genre en Arabie Saoudite. L’objectif à plus grande échelle est de faire connaître l’endroit par le sport et le tourisme. Notons également que l’Ecotrail AlUla fait partie du « Trail Master Championship ». D’un point de vue culturel, touristique et archéologique, l’idée est excellente. Car à l’image de l’Iran ou de la Jordanie, l’Arabie Saoudite regorge d’endroit absolument fabuleux et que tout amateur d’histoire rêverait de découvrir. Là-dessus, pas de souci. En revanche..
1- D’un point de vue écologique
A l’image de ce qui se fait pour le marathon des sables, pouvoir organiser une course pareille demande une logistique assez importante. Et c’est normal. En revanche, là où j’ai du mal à comprendre, c’est comment justifier d’une philosophie écolo en amenant des gens courir dans des lieux situés au milieu du désert ? Sachant que le public concerné sera essentiellement international, n’allez pas me faire croire qu’ils viendront à vélo et qu’ils vivront dans des tentes ou dans des habitations passives… On a bien vu la catastrophe des championnats organisés récemment à Doha, et vivre un cataclysme pareil, franchement…
2- D’un point de vue politique
Alors, on va dire que le sport et la politique ne doivent pas être liés. Personnellement, je ne suis pas du tout d’accord avec ça.
On le sait depuis quelques temps, l’Arabie Saoudite redore son blason par le sport, entre le foot, l’organisation du Paris-Dakar, de combats de boxe, et maintenant les trails…
Il ne faut pas oublier que l’Arabie Saoudite n’a pas signé la déclaration universelle des droits de l’homme (seuls huit pays ne l’ont pas fait) et s’oppose à ce texte. Le gouvernement saoudien se justifie par un ordre social différent. On peut évoquer les droits des femmes, la liberté d’expression, les droits des étrangers, les châtiments corporels (les rapports d’Amnesty International sont assez instructifs), la liberté de culte ou encore les droits LGBT…
Alors franchement, il y a de quoi se poser des questions, et vous qu’en pensez-vous ?