Tu vas courir entre 21h et 6h en plein couvre-feu… tu te fais chopper par la police, tu as envie d’accélérer pour échapper à l’amende de 135 euros : que risques tu ?
Nous sommes jeudi (ne me demandez pas pourquoi jeudi, je l’ai pris au hasard). Vous avez eu une journée de travail qui s’est un peu rallongée. Vous décidez de mettre vos chaussures et d’aller vous faire une petite séance de VMA, histoire de vous défouler et d’aller vous coucher un peu plus serein. Ça, c’était avant… Car pendant le mois qui vient, vous n’êtes pas sans savoir que vous avez deux chances sur trois d’être sous couvre feu (46 millions de personnes doivent rester chez elles entre 21h et 6h) pendant les six prochaines semaines.
Couvre-feu
Qu’à cela ne tienne, vous vous dites que ce n’est pas votre cas qui va changer quelque chose. Et pour cause, vous êtes seul à courir dans un endroit absolument désert, et à moins d’être porteur asymptomatique et d’avoir une force d’éternuement qui va jusqu’à 12km, vous êtes relativement peu dangereux. Dans le doute, vous vous habillez tout en noir et évitez tous vêtements un peu flash (ce qui n’est pas forcément simple), on n’est jamais trop prudent.
Courir pendant le couvre-feu
Vous partez de chez vous, et forcément, vous commencez par un quart d’heure d’échauffement. Pas de bol ! Les moustaches passent par là, vous demandent ce que vous foutez là et hésitent à vous embarquer dans le panier à salade afin de vous donner une amende de 135 euros. En regardant de plus près, vous vous demandez si ça n’est pas pertinent de profiter de la présence de la maréchaussée pour voir quel est votre état de forme.
Pour le dire autrement, vous vous demandez si vous ne vous serviriez pas des policiers pour faire une séance VMA ++ ; comme on dit, la peur du gendarme peut bien décupler votre adrénaline. Alors c’est parti, vous courez, courez, courez.
Refus d’obtempérer : ce que vous risquez
– Si vous arrivez à courir suffisamment vite pour ne pas vous faire choper, a priori pas grand chose. Je ne vous conseille cependant pas de faire ça, pas sûr que le jeu en vaille la chandelle.
– Si vous faites preuve d’un peu de mauvaise foi, vous pouvez toujours présenter une dérogation (visite d’un proche dépendant, garde d’enfant, motif familial impérieux), mais pas sûr que toutes soient bonnes.
– Avec énormément de mauvaise foi, sortez avec une laisse et dites que vous cherchez votre chien (je crois que sortir son animal de compagnie fait partie des dérogations).
– Plus pragmatiquement, un non-respect des règles en vigueur, c’est 135 euros (et peut-être plus si les policies s’aperçoivent que vous les prenez pour des jambons).
– En cas de non paiement, celle-ci pourra être majorée à 375 euros (ça commence à faire cher la sortie VMA).
– Si vous vous êtes déjà fait choper une fois et que vous décidez de remettre le couvert, ce ne sera plus 135 euros, mais 200 ! Et si elle n’est pas payée, elle sera majorée à 450 euros.
– Et si vous êtes très riche, très taquin ou que vous pensez avoir progressé en peu de temps et que vous souhaitez vous tester de nouveau, si les képis vous tombent dessus (il y a des chances qu’ils vous attendent, s’il savent qu’ils ont une chance de vous croiser), vous en serez à votre troisième infraction. Si celle-ci se passe endéans trente jours, là, ça commence à piquer un peu, puisque l’amende peut monter à 3750 euros ou à six mois d’emprisonnement.
ATTENTION : le refus d’obtempérer est puni de trois mois d’emprisonnement et de 3 750 euros d’amende.
Là, clairement, pas sûr que le jeu en vaille la chandelle.
Si vous allez jusqu’ici dans ce texte, vous aurez, je l’espère, compris que c’était à prendre au millième degré. On ne vous encourage bien sûr pas à braver les règles, et si vous avez assez d’oseille pour le dépenser dans des amendes, sortez plus tôt et donnez-le à des associations qui en ont plus besoin que l’Etat.