Quand les sponsors en trail peuvent dégommer une course sur un caprice
Au mois de mai se déroule la 4ème édition de la Volvic Volcanic Experience. Et depuis la fin de l’année 2019, des noms plutôt sexy s’enchaînent. On aura notamment Dylan Bowman et Francesco Cucco (5ème au dernier marathon du Mont Blanc), Jordi Gamito (deuxième de l’UTWT en 2018 et qui aura à coeur de bien se relancer après une année 2019 au ralenti), Pédro Hernandez (vainqueur d’une des éditions du VVX 2019), Meghan Laws (5ème au dernier Tarawera Ultramarathon et qui aura une revanche à prendre, après avoir abandonné sur cette course en 2019). Mais surtout, les organisateurs ont réussi à faire venir les deux derniers vainqueurs de l’UTMB et de l’UTWT, en la personne de Courtney Dewalter chez les féminines et de Pau Capell chez les hommes, chacun sur le 110km. Mais ça, c’était avant.
En effet, il y a cinq jours de cela, les organisateurs du VVX ont posté une annonce sur leur page Facebook qui disait ceci :
« Malgré son annonce en décembre dernier de participer à la VVX, Pau Capell annule sa participation suite à la demande d’un de ses sponsors d’être présent sur le trail de Menorca le 22 mai 2020.
Ce n’est que partie remise »
Pau Capell est interdit de participer à la Volvic Volcanic Experience
Un sacré coup de couteau dans le dos de l’organisation
Au-delà de la déception légitime des organisateurs (la présence de Capell aurait donné un coup de projecteur à l’international), et probablement de l’espagnol, ce qui m’énerve au plus haut point, c’est que ce soit à la demande du sponsor. C’est purement et simplement scandaleux que l’athlète ne puisse pas avoir le dernier mot sur les courses auxquelles il peut ou ne peut pas participer.
Pau Capell a-t-il les moyens de dicter son agenda ?
Quand j’ai rencontré François D’Haene, quelqu’un lui avait posé la question de l’ingérence des sponsors dans la planification d’une course. Il avait répondu de manière très transparente qu’il était seul à décider ce qu’il ferait ou non. Et comme il l’a dit, si on n’a pas totalement choisi d’être sur un ultra, on le paiera tôt ou tard. Quand on est dans le dur, qu’on se demande ce qu’on fait là et que la réponse est « parce que mon sponsor m’y a obligé », ça craint… Après, François est sûrement un des meilleurs du monde, un des meilleurs de tous les temps et s’il décide de claquer la porte, tous les sponsors se jetteront à ses pieds (C’est sûrement aussi le cas pour Jornet). C’est probablement pour ne pas (ou ne plus?) avoir ce genre de mésaventure que Xavier Thévenard a décidé de quitter Asics et de continuer en cavalier seul.
A la limite, des trailers pros, habitués aux top 10 et faisant des podiums occasionnellement, je peux comprendre qu’ils soient un peu obligés d’aller où leurs sponsors leurs disent d’aller. Je trouve ça tout autant scandaleux, mais le rapport de force n’est pas le même.
Palmares de Pau Capell
Ce que je trouve bizarre, c’est que Pau Capell est loin d’être un trailer de seconde zone. Le gars n’a pas encore 30 ans, il a déjà gagné
– l’Ultra trail Australia,
– la TDS,
– la Transgrancanaria (et pas qu’une fois),
– l’Eiger Ultra Trail,
– la Patagonia Run,
– la Mozart 100,
– et l’UTMB.
– Il a fait des podiums à la CCC,
– au Lavaredo,
– à l’Ultra du Mont Fuji,
– et au MIUT…
Et accessoirement,
– il a remporté les deux dernières éditions de l’Ultra Trail World Tour
– et est dans le top 6 du Classement ITRA. Il est monstrueusement fort et est plus proche du début de sa carrière que de la fin (si tout va bien pour lui).
Alors, comment expliquer que son sponsor ait réussi à lui faire changer de planning et participer à une autre course ? C’est contractuel ? C’était contre un gros paquet de fric ? Je n’en ai aucune idée et je serais vraiment curieux de le savoir. J’espère juste que Capell sera quand même content de participer à cette autre épreuve, car quand on va sur u ultra à reculons, en général, ça finit mal.