Après mes pires galères en trail, mes meilleurs moments…
Ce qui est toujours assez particulier, c’est que les bons moments en compétition, on les remarque toujours avec un petit temps de retard. Au fond, c’est plutôt normal. A partir du moment où on y va pour se faire mal, on sait que ce sera pas une partie de plaisir tant qu’on n’aura pas franchi la ligne d’arrivée. Il faut un peu de recul, au moins le temps que la douleur et les courbatures nous foutent la paix. Quelques souvenirs néanmoins que j’aimerais partager avec vous.
L’ascension de la tour Eiffel en 2019
On va couper court aux débats sur la crédibilité, la légitimité et la difficulté de l’Ecotrail de Paris. Oui, ce n’est pas le plus difficile, oui, il y a beaucoup de bitume, oui, les barrières horaires sont larges. Mais franchement… La fin… C’est quelque chose d’anthologique. Les cinq derniers kilomètres sont chiants, à longer les quais et à voir la tour Eiffel qui tantôt se rapproche, tantôt s’éloigne… Mais quand on arrive à ses pieds… Avec tous les supporters, on a déjà un premier regain d’énergie. Dans la mesure où pour la plupart des coureurs, il fait nuit, la tour brille de mille feux. Le chrono étant arrêté juste au pied de l’escalier (pour des raisons assez évidentes de sécurité), on a le temps de grimper à son rythme et de vraiment profiter. Et pour ces quelques minutes magiques et cette arrivée au premier étage, ça vaut le coup de faire l’Ecotrail au moins une fois.
Le dernier ravitaillement de la Saintélyon 2018
La Saintélyon, c’est tout une aventure. Et l’an dernier, comment dire… ça n’a pas été un long fleuve tranquille. J’attendais avec impatience la fin en me disant que ce serait l’apothéose. Alors oui, ça l’a été, mais seulement en partie. Car c’est clairement le soulagement qui l’a emporté. Mais cette sensation de plénitude est arrivée un peu avant. Plus précisément au dernier ravitaillement. Il est arrivé après une ascension un peu compliquée. A la fin de celle-ci, j’ai pu croiser une spectatrice randonneuse (ou l’inverse) qui a bien vu que je savais plus trop où j’étais. Elle m’a juste dit : « Allez, bordel, c’est la Saintélyon que vous êtes en train de finir, c’est juste monstrueux ». C’est peut-être à ce moment que j’ai réussi à reprendre la mesure de tout ce que j’avais fait et du fait qu’il ne restait plus grand chose. Le ravitaillement était un à deux kilomètres après. J’ai pu alors me poser cinq minutes dans le gymnase pour bien assimiler l’idée que le plus dur était derrière moi et que sauf catastrophe, j’arriverais à bout de la Saintélyon. Ça m’a permis d’avoir un regain d’énergie et de savourer (bon, le mot est peut être un peu excessif, mais j’en trouve pas d’autre) l’entrée dans Lyon.
Quand la barre des 100 est franchie pour la première fois en 2019
Parce que je n’imaginais pas y arriver un jour ; parce que je n’imaginais pas que ce serait possible. Parce que c’est une chape de plomb qui se retire et tout un monde potentiel qui s’ouvre à vous. Parce qu’on a l’impression d’avoir fait quelque chose de pas dégueulasse.
Le départ du Marathon de Paris en 2016
Ce souvenir n’est pas du trail à proprement parler, mais c’est peut-être un des souvenirs les plus intenses que j’ai pu vivre depuis que je cours. Il avait lieu un peu moins de deux semaines après les attentats de Bruxelles, qui est la ville où je travaille. On va donc dire pudiquement que la fin de la préparation avait été quelque peu altérée. Je stressais pas mal à l’idée de me retrouver au milieu d’autant de monde. Et finalement, une fois dans le sas de départ, c’était un super moment et au moment de prendre le départ… C’est indicible.
L’arrivée du marathon de Namur en 2019
Pareil, ce n’est pas du trail, mais ce marathon a quelque chose de particulier. Pour la première fois, j’ai eu l’opportunité de faire meneur d’allure sur la distance. La course s’était plutôt bien passée, pas désagréable, mais une fois la ligne d’arrivée passée, une dizaine de coureurs différents que je ne me souvenais pas d’avoir vus pendant l’épreuve sont venus me remercier de les avoir aidés à être allés au bout du marathon. C’est peut être la première fois que j’ai compris que la course à pied était un sport individuel, mais pouvait occasionnellement devenir un sport collectif.