Le moins que l’on puisse dire, c’est que la saison de Kilian Jornet est organisée de manière assez particulière. Quelques mois après la naissance de son bébé, il a fait le choix de ne préparer que trois courses courtes pour 100% de victoires (Zegama-Aizkorri, Sierre-Zinal et le Pikes Peak Marathon), il a un peu pris tout le monde par surprise en révélant qu’il avait bien l’intention de retourner sur l’Everest dès l’automne prochain.
En effet, nous apprenons qu’après avoir grimpé le plus haut sommet du monde deux fois en cinq jours en mai 2017 (via le versant tibétain), il a demandé un permis auprès des autorités. Il a confirmé cela au magazine Alpine Mag alors qu’il était sur Chamonix à assister Emelie Forsberg sur la CCC : « Je vais voyager au Népal en famille et en profiter pour reconnaître le terrain et les voies sur les montagnes parmi les plus hautes et impressionnantes de la terre. Si jamais j’accomplis une performance, je le ferai savoir une fois celle-ci terminée ».
Il est à noter que cette fois, il effectuera l’ascension de l’Everest via son versant népalais.
Y’a-t-il une logique dans ce programme, ou est-ce qu’il y va au feeling, à la sensation, au plaisir ? Une autre piste sur la raison qui le pousse à retourner sur l’Everest peut être pour répondre à quelques voix qui étaient restées sceptiques face aux deux ascensions effectuées par le catalan en 2017 (et ce en raison d’un supposé manque de preuves tangibles).
Une autre possibilité est celle de Yann Le Saux, que nous avons déjà évoquée plus haut, pour qui « KJ, de moins en moins performant en trail running, se consacre à l’alpinisme ». Soyons honnêtes, la question s’était déjà posée à partir du moment où Jornet a commencé à délaisser le long pour se concentrer sur des distances plus courtes, et où donc son explosivité et ses capacités de descendeur peuvent lui servir.
Personnellement, j’aime autant me dire que dans la mesure où il a gagné tout ce qu’il voulait sur du long, Kilian tend à élargir sa palette de compétences, et pas seulement en trail. Peut-être car j’estime que Le Saux a bien plus de crédibilité que moi pour penser, dire ou écrire ça.
Pour moi, s’il est moins performant, cela relève plus d’un besoin de se challenger que d’une baisse de niveau. Et si je pense ça, c’est parce que récemment, François D’Haene a expliqué faire l’Echappée Belle pour pouvoir découvrir une course qu’il n’avait jamais faite. Les athlètes sont des humains comme tout le monde, et pour eux comme pour nous, quand on fait toujours la même chose, on peut avoir tendance à se lasser. Déjà à mon niveau, j’essaie d’alterner les défis alors que c’est seulement ma passion ; si c’était en plus mon métier, je me sentirais obligé de découvrir de nouvelles choses.
*Avant que les handicapés de la plume et les professionnels de l’insulte offusquée nous tombent dessus, nous tenons à dire que la phrase du titre n’est pas de nous, mais de Yann Le Saux. Ce qui, je l’espère, calmera les ardeurs de certains.