Cet été a eu lieu une épreuve dont a peu parlé, et qui gagne pourtant à être connue. C’est l’Euforia, un parcours de 233km avec 20.000m de dénivelé positif au coeur des Pyrénées et partant de la principauté d’Andorre. Quatre traileurs y ont pris le départ (et les quatre ont terminé). Ce groupe, qu’on appelle les quatre fantastiques depuis la Swiss Peaks, sont des fous, n’ayons pas peur des mots.
Ils s’appellent Jean-Pierre Soler, Fred Gil, Thierry Gasparini et Denis Clerc (que vous connaissez peut-être, puisqu’il est journaliste à France 3).
Ce qui est intéressant et enrichissant, c’est de savoir qu’ils ont, en septembre dernier, traversé la Suisse via ses cols (soit une petite promenade de 360km). A priori, on pourrait se dire que les Pyrénées, avec 130km de moins, seraient moins difficiles… Et pourtant, pour Jean-Pierre Soler, l’Euforia était beaucoup plus difficile, « on grimpait sans cesse, un dénivelé pareil c’est 32 ascensions entre 2 500 m et 2 900 m et cinq pics à 3 000 m, là, où le souffle est court et la tête tourne ».
Cela nous apprend que sur un ultra, le dénivelé et l’altitude importent autant, voire plus que que la distance (ceux qui ont fait des ultras plats et vallonnés le savaient déjà). Ça nous montre également que cette valeur sociétale privilégiant la quantité à la qualité est incroyablement stupide, et quelque part, ça me met en joie.
Les Quatre fantastiques se sont rapprochés pendant la Swiss peaks ; ils s’y sont alliés, se sont rapprochés et ont fini ensemble (ce genre d’alliance est peut-être ce qu’il y a de plus génial en compétition ; se faire un pote compagnon de galère avec qui on partage une véritable tranche de vie, ça n’a pas de prix). Ils ont donc décidé de remettre ça pour la 11ème édition de l’Andorra ultra trail Vallnord. Et visiblement, ils n’étaient trop en étant à quatre. Aussi, voici ce que Jean-Pierre Soler déclarait :
« Cette course, c’est forcément en binôme et en semi-autonomie, il n’y a pas de balisage, tu as juste ton GPS, tu cours 20 heures sur 24, tu dors debout, tu ris, tu crises et nous on voulait vraiment que les deux binômes aillent au bout ».
Si l’on doit tirer des enseignements de cette course et de l’expérience de ces quatre coureurs, c’est que sans dénivelé, la distance n’est rien (ou quasiment rien) et qu’à plusieurs, on est toujours plus forts.
On félicite ces fêlés pour ce qu’ils ont fait !