Un internaute nous écrit “C’est quand même hallucinant quand on y pense d’être obligé de s’extasier d’avoir le droit de courir 3h. On nous a donné l’autorisation wow… on est en république ou en dictature ?” Pas trop d’accord avec tous les commentaires qui fleurissent sur la toile…
Seulement 20km, est-ce vraiment une privation de libertés?
20km 3h : les trails ne reprennent toujours pas!
Les trailers respirent depuis hier. Le monde du trail un peu moins (les courses, compétitions, dossards ne reprennent pas). A partir de samedi, on devrait de nouveau pouvoir pratiquer nos entraînements presque normalement. Je dis presque, car on ne peut pas toujours s’entraîner à plusieurs, les clubs de sport ne peuvent pas reprendre, même pour les activités en extérieur. Mais au moins, plus d’assignation à résidence.
En parallèle à cela, j’ai quand même l’impression que hormis les compétitions et certains parcours de trail particuliers, quand je prépare un ultra, je vais rarement à plus de 20km de chez moi pour courir. Egalement, des sorties de plus de trois heures consécutives… On va dire que s’il y en a dix, c’est bien. Soit plus ou moins 1/5ème des sorties sur une prépa (je pars sur 4 sorties hebdomadaires sur douze semaines). Donc en soi, il y a quand même moyen de s’entretenir et de s’entraîner. Je dirais même que les rando courses de cinq à six heures, ça se fait dans le cadre d’une prépa d’un ultra. Et des ultras, avant le printemps, pas sûr qu’on en aura beaucoup… Après, si on voit le verre à moitié plein, on peut se dire qu’on sera bons pour en refaire à compter de mi décembre (si j’ai bien compris ce qu’avait dit Emmanuel Macron). Alors rongeons notre frein.
20km 3h : qui a vraiment le niveau?
Est-ce qu’on doit alors se réjouir de ce qu’on a, ou toujours s’offusquer par principe d’une privation temporaire de libertés ?
En guise de préambule, je veux bien concevoir que même si la corde a été un peu agrandie, on reste privés de libertés. Comme si on était libres dans nos chaînes. Ceci étant dit, je suis relativement gêné par ce que j’entends et ce que je lis par rapport à ces réactions.
Oui, c’est chiant, mais au fond, qui a le luxe de courir cinq heures par jour à plus de cinquante km de chez lui ? Pas grand monde. Oui, c’est chiant qu’en ce moment, on ne puisse avoir aucun sas de décompression par rapport au travail. Après une mauvaise journée, habituellement, on peut aller courir, aller au restau, aller boire un verre, aller au ciné… En ce moment, après une mauvaise journée, on ronge son frein, on attend que ça passe et on est à bout.
Le souci, c’est que lorsqu’on invoque des mesures liberticides et qu’on s’en offusque, on a intérêt à avoir le bagage qui va avec. Et on s’aperçoit que justement, ceux qui ont tendance à monter sur leurs grands chevaux ont tendance à voyager léger. Ils invoquent l’allégorie de la Caverne sans même savoir de quel livre ça vient, sans l’avoir lue, et sans l’avoir comprise. Ils parlent d’autonomie morale et politique alors qu’ils n’ont jamais ouvert un bouquin de Saint Augustin ou de Rousseau. Ils parlent de soumission librement consentie sans jamais avoir lu La Boétie, Thoreau ou Milgram. Comme disait Brel, faut pas jouer au riche quand on n’a pas le sou. Alors, pitié, quand on n’a pas la culture, l’intelligence, la connaissance et la réflexion pour cacher ses propres frustrations, par pitié, on se tait et on va ouvrir un livre.
Egalement, je suis convaincu que ceux qui se plaignent de l’insuffisance d’un rayon de 20km et d’un maximum de 3 heures n’ont même pas le niveau pour courir trois heures par jour et aller à plus de 20km de chez eux… Alors franchement, à quoi bon l’ouvrir, à part montrer au monde entier l’étendue de son inculture et de son manque de réflexion…
Que ces gens découvrent toutes les routes qui se trouvent à moins de 20km de chez eux, qu’ils progressent et arrivent à faire du 13 à l’heure pendant 3 heures, et après, je les écouterai aisément et les soutiendrai dans leur demande d’avoir plus de libertés. Sauf que d’ici à ce qu’ils arrivent à ce résultat, le covid sera déjà un souvenir.