La Hardrock 100, c’est l’un des ultra-trails les plus mythiques et les plus redoutés au monde. Chaque mois de juillet, une centaine de coureurs triés sur le volet s’élancent de Silverton, dans le Colorado, pour une boucle de 160 kilomètres et 10 000 mètres de dénivelé positif à travers les montagnes de San Juan. En 2025, l’épreuve fête sa 31e édition, dans une ambiance aussi intimiste qu’ultra-sélective.
Zach Miller, lui, est une figure bien connue du trail américain. Coureur explosif, au style engagé et sans calcul, il s’est fait connaître par des performances de haut niveau et une attitude sans filtre. Il n’a jamais gagné la Hardrock 100, mais y revient en 2025 avec de grandes ambitions… et une stratégie très risquée : courir sans pacer.
Dans une course où chaque détail compte, son choix intrigue. Tandis que Ludovic Pommeret a été rejoint à mi-parcours par Jim Walmsley, et que Germain Grangier bénéficie de l’aide de Dylan Bowman, Zach Miller est le seul des leaders à refuser tout accompagnement pour la deuxième moitié de course. Est-ce une posture de solitaire romantique ? Ou une erreur tactique qui lui coûtera la victoire ?
Zach Miller, seul face à la montagne
Chaussures de trail Salomon Genesis
À Governor Basin (mile 66 / km 106), Zach Miller est passé en 4e position, avec 44 minutes de retard sur le leader Ludovic Pommeret. L’écart n’est pas rédhibitoire, mais ce qui frappe, c’est le contraste avec les coureurs qui le précèdent. Tous sont désormais assistés : Pommeret par Jim Walmsley, Blanchard bien entouré, Grangier avec Dylan Bowman. Chacun bénéficie d’un appui physique et mental dans cette seconde moitié de course où tout peut basculer.
Zach, lui, avance seul. Il a simplement rempli une flasque, refusé toute nourriture, échangé quelques mots laconiques, et repris sa route. Le corps semble encore répondre, mais le visage est fermé, tendu, comme imperméable à toute extériorisation.
Le pari risqué de l’autonomie
Cette décision de courir sans assistance est cohérente avec le personnage Miller : instinctif, solitaire, fidèle à une certaine idée du trail old school. Mais à Hardrock, où la fatigue devient abyssale, l’autonomie peut vite se transformer en isolement. Le pacer n’est pas seulement là pour donner le tempo : il observe, anticipe, parle quand il faut, et se tait quand il le faut encore plus.
Il suffit d’observer la dynamique du duo Pommeret-Walmsley pour comprendre l’impact d’un pacer de calibre. Ludovic garde la tête, reste lucide, avance avec régularité. Walmsley ne court pas la course, mais il la sculpte dans l’ombre.
Miller peut-il vraiment revenir ?
Le mental de Zach Miller est une arme redoutable. Il a déjà prouvé qu’il savait souffrir, qu’il pouvait se surpasser. Mais ici, il s’attaque à une montagne dans tous les sens du terme, et à ce stade de la course, il accumule les handicaps. Trois adversaires devant lui, tous accompagnés. Un écart qui grandit. Et une nuit à venir, longue, froide, cruelle.
À ce rythme, même un podium pourrait devenir incertain. À moins d’un effondrement chez ses rivaux, la victoire semble désormais hors de portée.
Zach Miller a voulu rester fidèle à son style : pur, entier, sans filet. Mais sur une course comme la Hardrock 100, cela ne suffit pas. Cette année encore, le podium pourrait lui échapper pour une simple question de stratégie.
Dans un ultra aussi impitoyable, être seul, c’est peut-être noble… mais c’est souvent perdant.
❓ FAQ – C’est quoi un pacer en ultra-trail ?
➡️ Un pacer, c’est quoi ?
Un pacer est un accompagnateur autorisé à courir aux côtés d’un coureur à partir d’une certaine portion de course, souvent dans la seconde moitié d’un ultra-trail. Il n’est pas en compétition, ne porte pas de dossard officiel, et ne peut ni ravitailler ni porter l’équipement du coureur.
➡️ À quoi ça sert ?
Le pacer a plusieurs rôles essentiels :
– Soutien mental : il aide à tenir moralement dans les moments de doute.
– Rythme : il sert de métronome, évite les ralentissements ou les emballements.
– Sécurité : il veille à ce que le coureur mange, boive, reste lucide.
– Compagnie : dans la nuit, après 15 ou 20 heures d’effort, sa simple présence peut faire la différence.
➡️ Est-ce autorisé partout ?
Non. Certaines courses comme l’UTMB ou la Diagonale des Fous interdisent les pacers. D’autres, comme la Western States ou la Hardrock 100, les autorisent sur une partie du parcours, en général après la mi-course.
➡️ Est-ce que le pacer peut prendre des décisions ?
Il ne prend pas de décisions à la place du coureur, mais il peut influencer positivement : encourager, rassurer, alerter en cas de malaise, ou prévenir une mauvaise gestion de course.
➡️ Est-ce un avantage injuste ?
Non, c’est considéré comme un soutien régulier dans les courses qui l’autorisent. Tous les leaders en profitent quand c’est permis. Le pacer ne court pas la course, il ne franchit pas la ligne d’arrivée avec son athlète.
Qui est Zach Miller ?
➡️ D’où vient-il ?
Zach Miller est un coureur américain originaire du Colorado. Il s’est fait connaître dans les années 2010 pour son style explosif et sa personnalité atypique.
➡️ Pourquoi est-il connu ?
Il est célèbre pour ses départs très rapides et son goût du panache. Contrairement à beaucoup de traileurs tacticiens, Miller court souvent à l’attaque, quitte à exploser en vol. Cela lui a valu autant d’admirateurs que de critiques.
➡️ Quel est son palmarès ?
Il a remporté plusieurs grandes courses (Lake Sonoma, CCC, The North Face 50), et a terminé 5e de l’UTMB en 2023 après une course très engagée. Il a déjà participé plusieurs fois à la Hardrock, sans encore la gagner.
➡️ Quelle est sa particularité ?
Zach Miller vit de manière très simple, souvent dans un camping-car ou dans les montagnes. Il refuse les pacers même dans les courses qui les autorisent, préférant courir en solo, fidèle à une approche minimaliste et résolument personnelle du trail.
➡️ Pourquoi fascine-t-il autant ?
Parce qu’il court avec le cœur. Parce qu’il ne triche pas avec l’effort. Parce qu’il symbolise une forme de romantisme du trail, où la solitude, la nature et l’honnêteté priment sur la stratégie pure. Mais cela peut aussi lui coûter cher, comme à Hardrock cette année.
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