Chaque année, c’est le même casse-tête : décrocher un dossard pour l’UTMB relève autant de la stratégie que de la chance.
Entre les running stones à accumuler et un tirage au sort toujours plus incertain, certains coureurs choisissent une autre voie. En 2026, ils sont 285 à avoir déboursé 2200 euros pour contourner la file d’attente. Mais faut-il y voir un geste altruiste envers les associations… ou simplement une opportunité de contourner le système ?
2200 euros, vrai altruisme ou simple opportunité d’avoir son dossard pour l’UTMB sans passer par un tirage au sort incertain
Une somme record pour une cause solidaire ?
Officiellement, ces dossards sont « solidaires ». En échange d’un don conséquent, les coureurs obtiennent un accès direct à la course de leur choix, sans passer par le tirage au sort. Cette année, ce sont 628 448 euros qui ont été récoltés pour seize associations œuvrant dans les domaines de la santé, de l’environnement ou de l’inclusion. Sur le papier, l’initiative semble noble. Une forme d’altruisme sportif : courir pour une cause.
Et certains jouent le jeu. Des traileurs engagés, qui choisissent leur association avec soin, partagent des liens de dons sur leurs réseaux, et courent véritablement « pour » quelque chose. Le dossard devient alors un levier de visibilité pour des causes souvent invisibles.
Mais cette image généreuse masque aussi une réalité plus pragmatique.
Un raccourci qui coûte cher… mais qui rassure
Le dossard solidaire, c’est surtout un dossard garanti. En déboursant 2200 euros, le coureur échappe à deux contraintes majeures : l’attente et l’aléa du tirage au sort. Il évite aussi de multiplier les courses qualificatives UTMB, souvent coûteuses en temps, en argent et en déplacement. Pour beaucoup, ce don est vu comme un investissement, pas comme un acte désintéressé.
Dans les groupes privés et les forums spécialisés, certains coureurs l’assument sans détour : « Je n’ai pas le temps d’aller chercher mes running stones », « Je voulais sécuriser mon année », ou encore « C’était ça ou je ne courais pas l’UTMB en 2026 ». Le geste solidaire devient alors une solution de contournement, tout à fait légale, mais loin d’un militantisme associatif profond.
L’UTMB face à ses contradictions
En multipliant les formats d’inscription — tirage au sort, dossards solidaires, programmes élite, inscriptions groupe ou corporate —, l’UTMB entretient un écosystème à plusieurs vitesses. L’accès n’est plus égalitaire. Et si la marque chamoniarde affirme privilégier les démarches bas carbone à partir de 2026, le dossard solidaire reste une voie rapide… et premium.
Difficile de ne pas y voir une marchandisation croissante. Certains y voient une forme d’hypocrisie : payer pour courir, sous couvert de solidarité. D’autres, au contraire, saluent une initiative qui, bien qu’onéreuse, permet de financer des projets associatifs concrets et de grande ampleur.
Alors, altruisme ou opportunisme ?
Sans doute un peu des deux. Les traileurs qui choisissent le dossard à 2200 euros soutiennent réellement des associations. Mais ils profitent aussi d’un système qui transforme une course mythique en produit d’appel premium. Ce double discours interroge sur l’évolution du trail : sport de dépassement de soi ou vitrine à entrées multiples, selon ses moyens.
Le prix du rêve est désormais affiché noir sur blanc. À chacun de décider s’il veut – et peut – le payer.
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