2018 était pour moi basée sur un gros challenge en montagne. Apres le Trail des corsaires en février, puis la Barjo en juin, me voila à Grenoble pour l’UT4M 160XTREM. Le tour de Grenoble, en traversant le Vercors, l’Oisans, Belledonne et la Chartreuse. L’Ultra Tour des 4 Massif fait 169km avec 11000md+.
Nous sommes le 24 août, et à 16h, le départ est donné face à l’hôtel de ville de Seyssin. Un petit tour du parc François Mitterrand avec son bain de foule et hop, début de l’ascension du Vercors. 15 km de montée pour avaler 1600md+. L’ambiance est sympa dans le peloton. On discute, on fait connaissance et le peloton s’étire naturellement.
Le premier devrait mettre 27h et moi, je vise environ 42h…. Pour le moment, les jambes répondent bien et la dynamique est bonne. 6km sur la première heure. Il fait plutôt chaud et nous sommes en pleine foret… la transpiration est déjà fortement présente. Grosse sensation de chaud sans air. Malgré tout, le premier ravito du 12eme arrive. une pause limitée à 5 minutes afin de repartir le plus tôt possible avant la nuit.
L’ascension continue toujours mais de façon plus raide. Nous sommes à plus de 1600m et on commence à avoir de beaux paysages. Cette motivation sera très précieuse pendant la durée de l’effort… Et voila, 1er sommet de franchi!! Maintenant place à une descente sur 5km. J’aime bien la montée, mais alors la descente, c’est une tout autre histoire… Le sentier est relativement stable donc plutôt bien à descendre… ouff!! Malgré tout, les jambes commencent à être plus raide…. les 15 premiers km d’ascension ont déjà fait du mal!
😊 Nous arrivons à Lans-en-Vercors pour le deuxième ravito. De même, petite pause pour repartir de jour! Mais c’est toujours agréable de passer un moment avec les bénévoles! Ils seront la tout le weekend pour nous, alors grand respect pour eux!!
Une nouvelle ascension de 500md+ pour ensuite faire la grosse descente du massif du Vercors ; 1700md- en 7km. A ce moment, la descente fait très mal aux cuisses. Je passe beaucoup trop de temps dans la descente, mais je préfère assurer. Dans ma région, de telle descentes aussi longue n’existent pas… et le fait de la répéter plusieurs fois n’est absolument pas pareil! En bas de la descente, nouveau ravitaillement avec 30km de réalisés. La nuit commence a être présente et une nouvelle course va commencer. Nouvelle petite ascension de 600md+. On retrouve la féerie du trail avec ces magnifiques traces de frontale dans les lacets…. Le premier massif se termine à Vif pour la première base de vie. Maintenant, place au massif de l’Oisans. L’ascension est fractionnée en 4 parties avec de faibles descentes/ plateaux entre chaque. Les sentiers sont plus sablonneux que sur le massif précédant. Les jambes sont toujours bonnes mais pendant les phases de montées, la sensation de chaud est toujours présente. Même pendant la nuit, les températures ne sont pas encore beaucoup retombées.
Les kilomètres passent et l’altitude s’élève. La concentration et l’effort physique pendant la nuit prennent beaucoup d’énergie. La fatigue se fait fortement sentir. Je décide de faire une petite sieste de 15min en pleine montagne. Une première pour moi, et se fut vraiment plaisant 😊 et énergisant.
Au ravito de la Morte à 1500m (65km), le jour commence à renaître. On peut profiter de la nature et du buffet. Encore 600m de dénivellé… Mais maintenant, au levé du jour et avec l’altitude, la tête dans les nuages, les températures sont beaucoup plus fraîches! On ne profite plus des paysages, tout est gris et humide. L’envie est de faire les kilomètres le plus rapidement possible afin de redescendre.
Le ravitaillement du Lac du Poursellet est le passage de transition avant la descente : 1800md- en 7km. Cette descente est terrible, plein de cailloux et graviers qui s’échappent sous le pied, la pente est super raide. La route vers la prochaine base de vie est encore longue. Les pieds souffrent pendant les impacts et les cuisses sont raides. Normalement, si tout se passe bien, mon papa et ma sœur seront à la base de vie au bas de la descente. L’envie d’y arriver le plus vite possible est la! plus le temps passe, et plus la ville commence à s’approcher. De grosses falaises avec un torrent sont nos décors de course. toujours aussi beau. ET puis voila, au bout d’un chemin, la route!! enfin, des appuis stables. on peut reposer les pieds et les jambes, même si ça continue de descendre. La base de vie de Riouperoux nous tend les bras. Mes proches sont la! quel plaisir. On échange quelques mots en ralliant les quelques mètres me séparant du ravito.
Avec toute cette aventure, j’en oublie l’anniversaire de mon papa… Je reprends des forces, rempli les gourdes et il faut repartir… maintenant, place au massif de Belledonne; considéré le plus dur de la course. Comme je l’avais espéré, je le gravirai de jour, et ça, c’est plutôt une très bonne nouvelle! Mais pour rentrer en forme dans ce massif, nous faisons le tracé du kilomètre vertical : 1000md+ en 3km.
De longs lacets en foret, sans fin…. une très longue ascension de 1h30 pour faire ces 3km! Maintenant, la pente est moins brusque, mais ça continue de monter. La température se rafraîchit beaucoup et un vent glacial est présent. La tête dans les nuages, fini la belle vue de la montagne… On ne voit pas à 10m et les fanions de balisage sont très complexes à trouver! Ca devient très compliqué et très usant.
On croise quelques randonneurs / campeurs. Quel courage! Apres, maintenant plus de 24h de course, le moral en prend un coup. Mais pas la peine de s’arrêter pour se reposer, il fait beaucoup trop froid. Il faut avancer coûte que coûte. Et puis à un moment, on entre-aperçoit des pilonnes de telepherique, puis quelques supporter. Le ravitaillement de la croix de Chamrousse est arrivé. La tente est en plein vent ; qui s’engouffre dessous la toile…. le rechaud à gaz ne parvient pas a rester allumé…. Bref, il fait très froid et on nous annonce -3°C de ressenti. Je me blottis dans un petit endroit, avale rapidement un café, choisis de remettre un sur-pantalon pour repartir le plus vite possible.
Une légère descente puis une balade sur les crêtes avec différents lacs. En passant de l’autre coté du versant, on sent moins de vent. Et le fait de redescendre permet de retrouver une visibilité digne de ce nom. Ah tiens, effectivement, on aperçoit des bouts de lacs entourés de grosses falaises rocheuses! 😊
On croise deux benevoles qui surveillent un passage : de chaque coté du sentier, un gros ravin d’environ plus de 400-500m de dénivelé. Whaou, impressionnant! Nouvelle montée dans la caillasse pour parvenir au refuge de la Pra. Ca y est, le kilomètre 100 est passé. Dans ce refuge, on nous annonce que le prochain col sera interdit à l’ascension et donc que des maintenant, la descente vers la vallée commence. Jamais trop ravi de devoir raccourcir le parcourt initialement prévu, cette nouvelle me fait malgré tout plaisir.
La première partie de la descente est comme la montée : dans les cailloux…. les jambes vont encore devoir fortement bosser pendant 15km. Mais plus on descente et plus les paysages de montagne apparaissent! le bonheur de courir réapparaît! Le temps passe vite car l’allure n’est pas bien rapide et le jour commence a baisser. J’essaie d’accélérer pour profiter des dernières lueurs, mais surtout car je viens de savoir que mes proches m’attendent aux ravito de Villard Bonnot. On aperçoit les lumières des villes au fond de la vallée, mais ça semble encore loin. On traverse une petite route ou des bénévoles bloquent la circulation… puis on retourne dans les sentiers descendant…puis une nouvelle route, puis des sentiers…. Plus ça avance et plus les routes se rapprochent! ça sent bientôt la ville! Au bout de 3h15 de descentes et plus de 15km, voila le ravitaillement!
J’y retrouve mes proches pour discuter un peu. Je refais le plein pour ensuite me diriger vers la 3eme base de vie de St Nazaire. Je fais la route avec un grenoblois. C’est son premier gros Trail de la sorte et il prévoit de dormir une heure à la base. Cela m’y fait réfléchir aussi… Une fois à la base, je choisis de repartir assez rapidement. La météo étant beaucoup plus clémente, je préfère commencer la future ascension et de dormir en pleine nature.
On attaque le dernier massif (la chartreuse) avec une bonne montée de 1400mD+ sur 10km. Le début de l’ascension est plus tranquille ; un large sentier en petit gravier comme on trouve en Normandie. Ensuite, on rentre dans une foret et à partir de ce moment, la pente devient plus raide. Le gros morceau commence!
Au bout de 1h15 d’effort, je choisis de me poser sur le coté pour dormir 15 minutes. Cela me fait un bien fou! Je poursuis la montée mais avec la nuit sombre et ma montre qui vient de ma lâcher, j’ai perdu mes repères.
Où est ce fichu sommet!
Ca continue de monter, je rattrape des coureurs. Tous sont désespérés. Je double un japonais qui choisit de me suivre et on fait un bout de chemin ensemble. On parvient à un plateau, mais le brouillard est encore présent. On distingue encore mal le balisage. Encore 200mD+ pour arriver au ravito. Le vent est encore glacial et l’humidité présente. C’est vraiment dur physiquement et mentalement. Mais impossible de lâcher aussi proche du but! Le voila, ce fameux ravitaillement! Un petit feu de camp est en cours et une cabane nous accueille. Il fait très chaud dans la cabane, ça fait du bien…. mais attention à ne pas rester trop longtemps pour repartir! Un petit café et quelques biscuits…. Les secours arrivent pour une coureuse épuisée et affaiblie… ça fout un coup au moral. Avec cette météo exécrable, le prochain sommet ne sera pas grimpé. Un second détournement est donc activé pour notre sécurité. Les gros sommets en altitude sont donc terminés…
Place à la descente pour 10km. Belle descente, pas trop raide, mais maintenant, les jambes sont trop raides pour profiter. Je fais tout au ralenti mais le jour commence a réapparaître. Nous arrivons au Sappey pour un ravito très copieux. Ça devient très dur mais plus que 15km avant la ligne d’arrivée. Le moral reprend le dessus. Le soleil est de retour pour ce dimanche matin et on a de belle vues de Grenoble. Ça continue de monter puis de redescendre, puis remonter… en montagne, ce n’est jamais fini! 😊
Et puis à un moment, on arrive sur le fort de la Bastille. Je connaissais pas le parcours, mais, je savais qu’ici, il n’y avait plus qu’a descendre pour plonger sur Grenoble. Juste après le fort, quelques descentes d’escalier. Les rampes sont une aide précieuse pour soulager les jambes. Il y a beaucoup de monde à se balader et donc des encouragements! ça fait plaisir! Apres, on retrouve un sentier avec des lacets. Je retrouve ma soeur puis mon père.
Super, je touche au but! Je trottine dans la descente, oubliant la douleur sous les pieds. On parvient sur la route finale : 3 km dans Grenoble ! Je trottine avec ma sœur jusqu’à l’arrivée avec la grande fierté du défi accompli. Au final, j’ai mis 43h48′ pour accomplir mon périple autour de Grenoble. Les deux sommets non gravis m’entraînent 53′ de pénalité supplémentaire! Mais quoi qu’il en soit, je suis finisher avec l’obtention du fameux tshirt “UT4M Xtrem Finisher”!!!
Un grand merci à tous mes amis pour leur soutien pendant ce defi, ma famille et principalement mes parents et ma sœur, mes coéquipiers de l’intrépide de Pre en Pail pour les séances d’entrainement et les coureurs de l’association Alpes Mancelle Athlétisme pour les séances partagés.