Ecouter et regarder le résumé de cet article sur les raisons de la baisse de la vitesse en course à pied
Depuis quelques années, les performances moyennes sur marathon baissent. Lentement, mais sûrement.
UN LIVRE POUR APPRENDRE À COURIR VITE
Les records tombent, les technologies explosent, les chaussures se transforment en fusées. Et pourtant… on court de moins en moins vite. Non pas les élites — qui battent encore des chronos inimaginables — mais la masse des coureurs, les milliers d’amateurs qui prennent le départ chaque week-end dans le monde entier.
Et cette baisse de performance moyenne ne passe plus inaperçue. Elle intrigue. Elle questionne. Elle dérange. Alors on cherche des responsables.
On court de moins en moins vite : les fausses raisons de la baisse de vitesse et de performance sur marathon
PAS À CAUSE DES INFLUENCEURS
D’un côté, ceux qui accusent TikTok et Instagram. La génération selfie, les reels de tenues du jour, les montres connectées qui vibrent pour des raisons plus sociales que sportives. L’obsession de l’image aurait remplacé l’envie de se dépasser.
Mais cette explication ne tient pas. Parce que la baisse de performance concerne aussi des coureurs discrets, anonymes, qui ne partagent rien de leurs sorties. Et surtout parce que les influenceurs… continuent eux de progresser, parfois même spectaculairement.
PAS À CAUSE D’UN MAUVAIS ENTRAINEMENT
On entend souvent que les plans sont moins rigoureux. Que le fractionné se fait rare. Que les séances longues sont bâclées. Faux. Jamais les coureurs amateurs n’ont été aussi structurés. Aujourd’hui, tout le monde a accès à des plans personnalisés, à des podcasts spécialisés, à des coachs en ligne, à des vidéos YouTube, à des plateformes comme Garmin Connect ou Campus Coach.
Strava alimente la motivation, les montres GPS collectent chaque battement de cœur, et l’intelligence artificielle vient désormais optimiser nos cycles de charge. On peut planifier une prépa marathon au millimètre, jusqu’au nombre de gels ou au degré de pente des côtes à répéter.
Et pourtant, les chronos plafonnent. Même avec des données, de la rigueur, et des objectifs clairs, on stagne. Ou pire : on régresse.
PAS À CAUSE D’UN MAUVAIS ÉQUIPEMENT DE RUNNING
Autre piste balayée : celle du matériel. Les chaussures à plaque carbone ont redistribué les cartes. Sur marathon, une Vaporfly bien choisie peut faire gagner jusqu’à 2 minutes à performance équivalente. Mais même avec ces super-shoes, la tendance est là : la moyenne baisse.
Même constat côté alimentation, récupération, sommeil, hydratation, gainage… les runners d’aujourd’hui ont un niveau de connaissance bien supérieur à celui des générations passées. Mais leurs performances globales reculent.
On court vraiment moins vite, c’est une réalité mondiale, pas un biais de perception
Ce phénomène est aujourd’hui documenté, mesuré, analysé. Pas seulement sur un marathon, ou dans une seule ville. L’étude menée par Climate Central a passé au crible 221 marathons compétitifs à travers le monde, sur plusieurs décennies. Et le constat est limpide : on court moins vite. Partout.
Et cela ne va pas s’arranger. Selon cette même étude, 86 % des marathons verront leurs chances de proposer des conditions idéales de performance baisser d’ici 2045. Même les 7 Majors (Tokyo, Boston, Londres, Berlin, Chicago, New York et Sydney) sont concernés.
Paris, Berlin, Valence : tous sur la pente descendante
Prenons un exemple concret. À Valence, ville réputée pour ses records et son tracé roulant, la probabilité d’avoir des conditions optimales pour un homme élite passe de 30 % en 2025 à 25 % en 2045. Pour une femme élite, elle chute de 81 % à 73 %.
Même chose à Paris : les amateurs hommes verront leur chance de courir dans des conditions idéales passer de 45 % à 36 %, et les femmes de 47 % à 39 %… en seulement 20 ans. Les élites aussi seront pénalisées, mais dans une moindre mesure. Signe que ce sont surtout les coureurs « du milieu » qui souffrent.
Le marathon de demain sera plus dur. Injustement.
Ce n’est pas la faute des coureurs. Ce n’est pas une question de motivation, ni de niveau. C’est le terrain qui change. Et on ne peut pas s’y adapter éternellement.
Catherine Ndereba, ancienne détentrice du record du monde du marathon, l’a résumé d’une phrase à ABC News :
“Le changement climatique a transformé le marathon.”
Alors… pourquoi court-on vraiment moins vite ?
Voici la réponse.
Parce qu’il fait trop chaud.
L’élément qui freine notre progression, ce n’est ni un choix, ni un manque de volonté. C’est le climat.
Les températures augmentent. Les conditions optimales pour courir s’évaporent. Et ce réchauffement climatique réduit silencieusement nos performances.
Les meilleurs coureurs performent à 4 °C ou 6 °C. Mais dans un monde à +2 °C de moyenne, ces fenêtres météorologiques deviennent exceptionnelles. Le corps fatigue plus vite. La déshydratation guette. La moindre erreur coûte cher.
Changer les horaires ? Possible. Partir plus tôt ? Peut-être. Mais la seule vraie solution serait de réduire notre impact global sur le climat.
Et ça, aucune montre connectée ne pourra le faire à notre place.
Sources et références
Cet article s’appuie sur plusieurs études scientifiques et témoignages d’experts. Les données sur l’impact du climat sur les marathons proviennent d’une étude publiée par Climate Central en octobre 2025, consultable ici :
👉 climatecentral.org/report/marathon-performance
Les températures idéales selon le niveau et le sexe des coureurs sont issues d’une étude publiée en 2012 dans le Journal of Sports Sciences :
👉 pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/22649525
Enfin, les propos de Catherine Ndereba, ancienne recordwoman du monde du marathon, ont été recueillis dans une interview accordée à ABC News sur les conséquences concrètes du réchauffement climatique sur la performance :
👉 abcnews.go.com/…/story?id=126914143






