Mathieu Blanchard ne savait pas s’il pourrait la courir… et pourtant, il s’accroche
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Quelques jours avant d’atteindre la Martinique, Mathieu Blanchard écrivait cette phrase, lourde de sens : « Je ne sais pas si je pourrai courir la TransMartinique en arrivant. »
Une simple ligne, mais qui résonne comme un cri d’alarme dans la bouche d’un homme habitué aux défis extrêmes. À ce moment-là, il n’est plus question de performance ni de défi personnel. Il est question de douleur, d’épuisement, de corps cassé. Mais ce 21 novembre, la donne a changé : Blanchard est là, en Martinique. Et malgré la côte fissurée, malgré les jambes qui ne répondent pas, il s’entraîne. Il s’accroche. Avec Conrad Colman, il veut courir la TransMartinique en binôme, pour boucler la boucle.
Une aventure mer-trail pensée à deux
L’idée de départ avait de quoi faire rêver. Traverser l’Atlantique en Imoca avec le navigateur Conrad Colman, arriver par la mer à Fort-de-France, et enchaîner ensemble avec les cent trente-quatre kilomètres de la TransMartinique. Une boucle symbolique, partagée, entre deux univers qui se rejoignent : l’un venu de la mer, l’autre de la montagne.
Courir cette course à deux devait être le chapitre final de leur aventure commune.
C’était un projet de transmission mutuelle, où chacun ouvrirait une porte à l’autre : Conrad initierait Mathieu à la voile hauturière, Mathieu offrirait à Conrad une première immersion dans l’ultra-trail tropical. Mais très vite, le rêve s’est transformé en épreuve.
Quand l’Atlantique casse les corps et les plans
Pendant 19 jours, Blanchard a vécu un calvaire : pannes en cascade, tempêtes violentes, une chute brutale, une côte fissurée. Son journal de bord ne parle pas de stratégie ou d’émerveillement. Il raconte l’usure, la peur, l’épuisement. Et ce doute terrible : pourra-t-il encore courir à l’arrivée ? Pourra-t-il courir avec Conrad, comme prévu ?
Loin d’un simple défi sportif, cette traversée a tout remis en question. Son corps n’était plus une arme, mais une cage douloureuse. Sa montre Garmin est devenue un témoin implacable de la dégradation : stress, sommeil, fréquence cardiaque… tout était en alerte rouge.
Rechausser les chaussures de trail, avec Conrad à ses côtés
Et pourtant, depuis quelques jours, ils courent à nouveau ensemble. Mathieu Blanchard et Conrad Colman ont repris les sentiers. Modestement, prudemment, mais avec un objectif clair : être au départ de la TransMartinique, tous les deux.
La TransMartinique 2025 partira dans moins de deux semaines : le départ est fixé au samedi 6 décembre à 00h00 depuis Grand-Rivière, à l’extrême nord de l’île.
L’arrivée devra se faire avant 21h le dimanche à Sainte-Anne, au sud, après 134 km et 5000 mètres de dénivelé.
Dans une vidéo postée depuis les hauteurs martiniquaises, le duo plaisante malgré les grimaces :
— « Franchement, les sensations sont pas mal », dit Conrad.
— « T’as de la chance, moi j’ai les jambes en vrac… avec ma côtelette fissurée, ça pique », répond Blanchard.
Ces images ont une saveur particulière. Elles marquent le retour du mouvement, de l’élan, de l’envie. Et surtout, elles montrent un duo soudé, qui veut aller au bout. Ensemble.
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TransMartinique : l’épreuve d’après
Mathieu Blanchard hésite encore sur le format. Il décidera début décembre : 33, 54, 80 ou 134 km. Il se donne le droit d’adapter, selon la douleur, la récupération, la lucidité. Mais ce qui est certain, c’est qu’il veut être là, avec Conrad. Même si cela signifie marcher, ralentir, souffrir.
Pour Blanchard, ce n’est plus une question de performance. C’est un geste de gratitude. Pour l’île. Pour son compagnon de mer. Pour cette aventure qui les a transformés. La TransMartinique, c’est leur ligne d’arrivée symbolique.
En résumé Mathieu Blanchard n’a rien à prouver. Mais il a quelque chose à vivre.
Et visiblement, il veut le vivre avec celui qui a partagé avec lui les pires moments en mer. Conrad Colman, déjà séduit par l’expérience trail, semble prêt à relever ce nouveau défi à ses côtés. C’est une autre forme de traversée.
De l’océan aux sentiers volcaniques, il y a un lien invisible. Et Blanchard veut l’honorer, coûte que coûte.
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