Quand un athlète annonce avoir subi un arrachement osseux, tout le monde se demande s’il parle bien d’une « simple entorse » ou d’une fracture à part entière ?
Dans le langage courant, le terme “fracture” évoque une cassure nette de l’os, souvent spectaculaire, immobilisante, avec radio et plâtre à la clé. Pourtant, un arrachement osseux, bien que parfois discret sur les images ou toléré par le corps, relève bel et bien du même registre.
Acheter le livre de Casquette Verte
Ce qu’est un arrachement osseux
Un arrachement osseux correspond à une déchirure violente d’un tendon ou d’un ligament qui, sous la tension exercée, va littéralement emporter avec lui un petit fragment d’os auquel il était fixé. C’est donc bien une cassure — mais au lieu de traverser un os long, elle détache une petite portion osseuse d’un point d’insertion. Ce type de lésion est fréquent dans les traumatismes de la cheville, du genou ou de l’épaule, notamment chez les sportifs.
Dans le cas d’une entorse grave, comme cela peut survenir en trail sur un appui mal contrôlé ou une torsion brutale en descente, l’élongation violente du ligament peut se solder par ce type d’arrachement. Il ne s’agit pas simplement d’un ligament étiré, mais d’un morceau d’os détaché, visible à la radiographie.
Oui, c’est une fracture
Médicalement parlant, un arrachement osseux est classé dans les fractures. Le terme exact utilisé dans les diagnostics est d’ailleurs souvent “fracture par arrachement” ou “fracture-avulsion”. Même si la taille du fragment osseux peut être minime, le traumatisme reste réel. Il implique une atteinte osseuse, donc une fracture.
La confusion vient du fait que l’impact fonctionnel n’est pas toujours aussi handicapant qu’une fracture classique : certains sportifs parviennent à continuer à courir, à marcher, voire à performer malgré la blessure, surtout si elle est ancienne ou partiellement consolidée. Mais cela ne signifie pas que la blessure est bénigne. Elle est souvent sous-estimée.
Quelle prise en charge ?
Un arrachement osseux nécessite en général un repos strict initial, avec parfois une immobilisation temporaire (botte, attelle), suivie d’une rééducation progressive. La gravité dépend de plusieurs facteurs : la taille du fragment, son déplacement ou non, la stabilité articulaire, la douleur persistante et les séquelles éventuelles sur les mouvements ou la proprioception.
Dans certains cas, un fragment déplacé peut entraîner une instabilité chronique ou des douleurs à long terme, imposant une intervention chirurgicale. Mais quand l’os reste bien en place et que le ligament ou le tendon cicatrise correctement, la guérison est souvent complète.
Et en trail alors ?
Dans le milieu du trail, les traumatismes répétés, les torsions sur terrains accidentés, les descentes engagées et les prises d’appuis forcées exposent régulièrement les coureurs à ce type de blessure. Un arrachement à la malléole interne (cheville), par exemple, peut passer inaperçu au départ, surtout chez les athlètes aguerris habitués à composer avec la douleur. Mais il peut aussi évoluer sournoisement, freiner la récupération et favoriser les récidives si la rééducation n’est pas respectée.
C’est pourquoi il est essentiel de ne pas minimiser ce type de diagnostic : même s’il n’implique pas automatiquement une fracture “casse nette”, un arrachement est une lésion osseuse réelle, documentée et parfois longue à soigner.
En résumé, oui, un arrachement osseux est une fracture.
Ce n’est pas une entorse simple, ni une blessure anodine. C’est une fracture spécifique, provoquée par la tension d’un tendon ou d’un ligament, et qui exige une attention particulière. Tous les arrachements ne se valent pas, mais tous relèvent du champ osseux. Et dans le monde du trail, ils rappellent que la frontière entre performance et blessure est souvent plus fine qu’on ne le pense.
Lire aussi
- Confirmation : Casquette Verte a couru la Diagonale des Fous et Kullamannen avec une fracture
- Casquette Verte aurait pu gagner le Kullamannen
Lire encore
- Pourquoi les fractures de fatigue existent-elles ?
- Blessure au ménisque : ce que les coureurs doivent vraiment savoir






