TORX : dans l’univers des Géants
Chaque mois de septembre, la Vallée d’Aoste devient un théâtre à ciel ouvert. Sous le label TORX, cinq courses mythiques font vibrer la planète ultra-trail. Plus qu’un défi sportif, c’est une aventure humaine, une immersion totale dans les Alpes italiennes, au pied des 4000 les plus majestueux d’Europe.
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L’esprit TORX : liberté et immensité
Le Tor des Géants® a marqué l’histoire de l’ultra-trail en introduisant une formule unique : aucune étape imposée, aucune coupure artificielle. Chaque coureur décide seul quand dormir, quand manger, quand repartir. Le classement final récompense ainsi non seulement la vitesse de course, mais aussi la capacité à gérer l’effort, le sommeil et la stratégie sur plusieurs jours.
C’est aussi la première course de ce genre à embrasser une région entière : le tracé suit les “Alte Vie” de la Vallée d’Aoste, longeant les glaciers et traversant deux parcs naturels (Gran Paradiso, Mont Avic). À chaque col, à chaque refuge, la montagne change de visage. Cette dimension géographique, culturelle et sensorielle contribue à faire du TORX une épreuve inimitable.
Les courses du TORX
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Le TOR330 – Tor des Géants®
o 330 km – 24 000 m D+ – 150 h max – départ/arrivée Courmayeur
o Départ : dimanche 14 septembre 2025 à 10h00 (Piazza Abbé Henry, Courmayeur)
o Arrivée au plus tard : vendredi 19 septembre 2025 à 16h00
o Le mythe fondateur : une boucle intégrale de la Vallée d’Aoste, enchaînant plus de trente cols. Ici, on court autant contre soi-même que contre les autres.
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Le TOR450 – Tor des Glaciers
o 450 km – 32 000 m D+ – 190 h max – 200 dossards – départ/arrivée Courmayeur
o Départ : vendredi 12 septembre 2025 à 20h00 (Piazza Abbé Henry, Courmayeur)
o Arrivée au plus tard : samedi 20 septembre 2025 à 18h00
o L’extension extrême, réservée aux finishers du Tor330. Autonomie quasi totale, pas de balisage, navigation GPS obligatoire. Plus qu’une course, une expédition.
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Le TOR130 – Tot Dret
o 130 km – 12 000 m D+ – 44 h max – départ Gressoney-Saint-Jean → arrivée Courmayeur
o Départ : mardi 16 septembre 2025 à 21h00 (Piazza Umberto, Gressoney-Saint-Jean)
o Arrivée au plus tard : jeudi 18 septembre 2025 à 17h00
o “Tot dret” signifie “tout droit” en patois valdôtain. Un condensé de TOR : format plus court, mais intensité maximale, souvent de nuit.
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Le TOR100 – Cervino–Monte Bianco
o 100 km – 8 000 m D+ – 40 h max – départ Breuil-Cervinia → arrivée Courmayeur
o Départ : mercredi 17 septembre 2025 à 21h00 (Place centrale, Breuil-Cervinia)
o Arrivée au plus tard : vendredi 19 septembre 2025 à 13h00
o Une traversée spectaculaire entre deux icônes alpines, le Cervin et le Mont Blanc. Accessible aux ultra-traileurs aguerris, mais pas forcément aux spécialistes des très longues distances.
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Le TOR30 – Passage au Malatrà
o 30 km – 2 300 m D+ – 8 h max – départ Saint-Rhémy-en-Bosses → arrivée Courmayeur
o Départ : samedi 20 septembre 2025 à 10h00 (Saint-Rhémy-en-Bosses)
o Arrivée au plus tard : samedi 20 septembre 2025 à 18h00
o La “petite” course du programme, mais avec le passage du col mythique du Malatrà (2 936 m). Une porte d’entrée vers l’esprit TOR.
Le parcours du TOR : un voyage autour des géants
Le TORX, c’est d’abord un voyage autour de la Vallée d’Aoste, au pied des plus hauts sommets des Alpes. Chaque vallée, chaque col, chaque refuge raconte une histoire. Le Tor des Géants (330 km) comme le Tor des Glaciers (450 km) suivent un tracé unique, qui enchaîne cinq massifs mythiques : le Mont Blanc, le Grand Paradis, le Mont Rose, le Cervin et enfin le Mont Fallère avant de revenir à Courmayeur.
Courmayeur : la porte des géants
Le départ et l’arrivée se font au cœur de Courmayeur, dominée par la silhouette du Mont Blanc. Les rues étroites vibrent au rythme des cloches et des applaudissements, offrant une ambiance unique dès les premiers kilomètres.
Valgrisenche : première vallée, premières décisions
Après avoir franchi le col de l’Arp et traversé les refuges Maison Vieille et Deffeyes, les coureurs rejoignent la première grande base de vie : Valgrisenche. C’est la mise en jambe sérieuse : déjà près de 50 km et de longues heures en montagne. Beaucoup choisissent ici leur premier vrai repas chaud ou un court repos.
Vers le Grand Paradis et Cogne
La course plonge ensuite vers le sud, au cœur du Parc National du Grand Paradis. Les refuges Benevolo, Vittorio Emanuele, Chabod et Sella jalonnent cette section majestueuse. Le passage par le col Loson (3 299 m), point culminant de la course, est une épreuve en soi. Derrière, Cogne accueille les coureurs comme une oasis après une nuit blanche.
La descente vers Donnas
Le parcours quitte les hautes altitudes pour descendre jusqu’à Donnas (322 m), dans la plaine du Piémont. Une descente interminable, où les quadriceps brûlent. C’est aussi une transition brutale : quitter l’air glacé des cols pour retrouver la chaleur et le bruit de la vallée.
Mont Rose et Gressoney
Après Donnas, la course bascule vers le massif du Mont Rose. Les refuges Coda et Barma annoncent le retour en altitude, avant de rejoindre Gressoney-Saint-Jean, autre base emblématique. Ici, les visages trahissent déjà les nuits écourtées et la fatigue, mais la montagne ne fait que commencer.
Le Cervin et la magie de Valtournenche
La remontée vers le nord mène au pied du Cervin. Le passage par Valtournenche est un moment clé : encore plus de 100 km à parcourir, mais l’horizon s’ouvre sur les plus beaux sommets des Alpes. Les refuges Guide di Frachey et Grand Tournalin rappellent la rudesse de la haute altitude.
La dernière ligne droite depuis Ollomont
Le Valpelline et ses vallées sauvages annoncent l’approche de la fin. Ollomont, dernière base de vie, est un moment décisif : dormir quelques heures ou foncer vers la victoire ? Les choix faits ici écrivent souvent le podium.
Le col du Malatrà et le retour à Courmayeur
Symbole ultime du TOR, le col Malatrà (2 936 m), franchi après plus de 300 km, ouvre la vue sur le Mont Blanc. La descente finale vers Courmayeur est une libération : la Piazza Abbé Henry accueille chaque finisher comme un héros, qu’il soit premier ou dernier.
Quelques bases de vies qu’il faudra surveiller pour suivre la course :
Cogne (km 106 – TOR330 / km 155 – TOR450)
- Première grande base de vie du parcours.
- Ambiance incroyable dans le village, souvent bondé de spectateurs et familles.
- Les coureurs arrivent après la montée au col Loson (3 299 m, le point culminant du TOR330) → souvent un premier “jugement” sur la fraîcheur des favoris.
- Beaucoup de coureurs choisissent d’y prendre leur premier vrai sommeil.
Donnas (km 151 – TOR330 / km 223 – TOR450)
- Le point le plus bas du parcours (322 m d’altitude).
- Atmosphère totalement différente : chaleur, bruit de la plaine, rupture avec la haute montagne.
- La descente vers Donnas est longue et éprouvante → beaucoup de dégâts physiques (ampoules, quadriceps explosés).
- Stratégiquement, c’est ici que certains concurrents abandonnent ou relancent leur course.
Gressoney-Saint-Jean (km 206 – TOR330 / km 283 – TOR450)
- Base centrale, au pied du Mont Rose.
- Historiquement un lieu où les favoris dorment un peu plus longuement, car on attaque ensuite un tronçon très technique.
- Ambiance chaleureuse, souvent animée par les habitants.
- Sur le TOR450, c’est une étape encore plus cruciale : plus de 280 km dans les jambes, et une fin de parcours encore gigantesque.
Valtournenche (km 239 – TOR330)
- Porte d’entrée vers le Cervin et le Val d’Aoste nord.
- Une base clé : ceux qui repartent solides ici sont souvent dans le coup pour jouer la victoire.
- Les écarts se creusent : beaucoup de coureurs dorment, d’autres tentent de “passer en force” pour gagner du temps.
- Les images d’arrivée à Valtournenche sont souvent révélatrices des futurs podiums.
Ollomont (km 289 – TOR330)
- Dernière base de vie avant l’arrivée à Courmayeur.
- Lieu décisif : le choix du sommeil ou non ici peut décider d’une victoire ou d’un effondrement dans les dernières 40 heures.
- C’est aussi une zone où les spectateurs viennent en nombre, car la course approche de sa conclusion.
Courmayeur (km 330 – TOR330 / km 450 – TOR450)
- Ligne d’arrivée mythique, sur la Piazza Abbé Henry.
- Ambiance unique : chaque finisher est accueilli avec le même respect, que ce soit un champion en 67 heures ou un anonyme en 149 heures.
- Le passage final par le col Malatrà (2 936 m) juste avant Courmayeur est considéré comme le moment le plus symbolique du TOR.
Les champions du TORX : visages d’une légende
Le TORX s’est forgé son mythe grâce aux paysages de la Vallée d’Aoste, mais aussi grâce aux coureurs qui y ont écrit leur histoire. Quelques noms résonnent particulièrement :
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Franco Collé (Italie)
L’enfant du pays. Triple vainqueur du Tor des Géants (2014, 2018, 2021), il détient encore l’un des temps de référence (66h43 en 2021). Respecté pour son humilité, il est devenu le visage local du TORX, celui que tout le monde acclame à Courmayeur.
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François D’Haene (France)
Figure mondiale de l’ultra-trail (UTMB, Hardrock, Diagonale des Fous), il est venu pour la première fois au TOR en 2024 et l’a remporté d’entrée, en 69h08. Sa victoire a marqué un tournant : l’un des meilleurs coureurs de sa génération s’est mesuré aux “géants” et en est sorti vainqueur.
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Sébastien Raichon (France)
Dominateur sur le Tor des Glaciers (450 km), il a gagné en 2022 et 2023, abaissant le record à 114h29. Ancien raideur, il a imposé un style offensif inédit sur l’ultra extrême, courant là où beaucoup marchent.
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Luca Papi (Italie/France)
Premier vainqueur du Tor450 en 2019, il a marqué l’épreuve par son approche atypique : cheveux longs, allure décontractée mais une capacité unique à tenir des centaines de kilomètres. En 2021, il partage la victoire avec le Suisse Jules-Henri Gabioud.
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Claire Bannwarth (France)
Ultra-traileuse à la régularité impressionnante, connue pour enchaîner les épreuves extrêmes aux quatre coins du monde. Toujours présente aux avant-postes du Tor330, elle a signé plusieurs podiums féminins récents (dont 3ᵉ en 2024 derrière Katharina Hartmuth et Sabrina Verjee). Elle symbolise une nouvelle génération de coureuses capables de durer jour et nuit sans relâche.
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Sabrina Verjee (Royaume-Uni)
Spécialiste de l’ultra longue distance et détentrice de records sur les sentiers britanniques (Wainwrights Round), elle a remporté le Tor330 en 2022. En 2024, elle termine 2ᵉ derrière Hartmuth, confirmant sa place parmi les références internationales.
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Katharina Hartmuth (Allemagne)
Vainqueure en 2024 sur le Tor330, elle a signé un temps record féminin (79h10) et incarne la nouvelle génération de coureuses capables de rivaliser avec les meilleurs hommes.
Un rendez-vous à part
Le TORX, ce n’est pas seulement une compétition. C’est un voyage au long cours dans une région de montagne qui respire la tradition et l’hospitalité. C’est aussi un laboratoire du très long : sommeil fragmenté, gestion du matériel, résistance mentale. Pour certains, c’est une épreuve unique dans une vie ; pour d’autres, un rendez-vous annuel. Dans tous les cas, une expérience qui dépasse largement la simple idée de “courir”.
Alors, est-ce possible de courir sans dormir pendant six jours ?
Techniquement, non. Même les meilleurs doivent dormir un peu. Mais au TORX, ce « peu » se compte parfois en microsiestes de 20 minutes ou en pauses ultra-courtes dans les bases de vie. Ceux qui dominent ces courses ne sont pas seulement les plus rapides : ce sont ceux qui gèrent le mieux l’équilibre fragile entre effort, lucidité et récupération.Au Tor des Géants ou au Tor des Glaciers, le sommeil devient une stratégie, un luxe ou un piège. On ne dort pas parce qu’on est fatigué, on dort parce qu’il le faut. Et si l’on veut franchir la ligne d’arrivée dans les délais — ou pour gagner — il faut parfois affronter la montagne en pleine nuit, les yeux brûlants, le corps en vrac… mais encore debout.
Oui, on peut survivre à six jours sans sommeil réel. Mais on ne traverse pas le TORX sans en laisser un peu de soi sur les sentiers.
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