Le Tennessee comme rédemption : de l’Harricana à la Barkley
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Deux semaines après une arrivée partagée à l’Ultra-Trail Harricana avec le jeune Xavier St-Cyr, Mathieu Blanchard retrouve le chemin des dossards. Une poignée de jours seulement pour digérer une deuxième place frustrante, et déjà un nouveau départ, cette fois au cœur du Tennessee. L’image de l’arrivée main dans la main a été largement saluée sur les réseaux, mais dans le microcosme du trail, certains y ont vu un manque d’autorité.
Et si ce genre de finish consensuel fonctionne à Québec, il n’aura aucune place sur les sentiers rugueux du Frozen Head. Aujourd’hui, c’est la Barkley Fall Classic. Une course où rien ne s’offre, tout se conquiert, au prix du sang et de la boue. Blanchard y joue bien plus qu’un chrono. Il y joue son image, sa crédibilité et peut-être son ticket pour la grande Barkley de mars.
Faire oublier le Canada : le besoin d’une victoire nette
Depuis sa victoire à la Diagonale des Fous en 2024, le palmarès de Blanchard reste solide, mais il lui manque une victoire indiscutable.
Il termine deuxième au Hardrock, encore deuxième à Snowdonia. Il brille dans le Yukon Arctic Ultra, certes, mais sur un format extrême et encore confidentiel. À l’Harricana, malgré un parcours qu’il connaît bien et une prise de tête en solitaire pendant de longues heures, il choisit de franchir la ligne main dans la main avec Xavier St-Cyr. Résultat : une première place partagée, saluée par certains mais discutée par d’autres.
Cette série interroge : que manque-t-il à Blanchard pour renouer avec une victoire franche, celle qui ne laisse place à aucun débat ? Peut-être un terrain comme celui de la Barkley Fall Classic. Une course qui ne pardonne ni les erreurs de pacing, ni les hésitations, ni les gestes symboliques. Ici, on ne partage pas la victoire. On l’arrache.
Naviguer, ramper, survivre : la BFC dans toute sa cruauté
Imaginée par le diabolique Lazarus Lake, la Barkley Fall Classic est tout sauf un trail balisé. Elle est le test ultime avant la grande Barkley, celle des cinq boucles. Chaque année, son parcours change. Pas de GPS, pas de balisage, des papiers à retrouver dans des livres cachés dans les bois, des sections hors-sentiers comme Rat Jaw qui lacèrent les jambes et le moral, et surtout un Decision Point impitoyable : à ce point, on peut soit finir le « fun run » et rentrer avec un t-shirt, soit basculer vers un parcours rallongé de plus de 50 kilomètres et 3 500 mètres de D+. Treize heures pour tout faire. Une course pour les esprits tordus. Et les jambes solides.
La stratégie de la dernière chance
Pour briller aujourd’hui, Blanchard devra faire preuve d’intelligence stratégique. Son warm-up loop devra être agressif sans être suicidaire. Il devra gérer parfaitement son hydratation, rester lucide dans les sections techniques, et prendre la bonne décision au Decision Point, sans trembler. La moindre hésitation, le moindre détour inutile, la moindre blessure légère peut signer la fin de l’aventure. Dans un tel contexte, il ne s’agit pas seulement de courir. Il faut dominer l’environnement, se fondre dans le chaos, et ne jamais perdre la boussole mentale.
Enjeu double : une saison à sauver, un avenir à débloquer
La Barkley Fall Classic pourrait changer la donne. Non seulement elle lui offrirait une victoire symbolique d’envergure, mais elle pourrait surtout lui ouvrir les portes de la vraie Barkley en mars. Là où les légendes se font. Là où le trail devient un mythe. Réussir aujourd’hui, ce serait remettre son nom au cœur du paysage, non pas comme celui qui fait de belles vidéos ou qui inspire sur Instagram, mais comme celui qui termine ce que peu osent commencer. Il est temps que Blanchard rappelle à tous qu’il n’est pas seulement une belle image du trail, mais encore un coureur capable de dominer les courses les plus inhumaines.
Un enjeu de positionnement : athlète ou aventurier ?
Avec les années, Blanchard se positionne de plus en plus comme un aventurier, un coureur hybride qui navigue entre les courses médiatisées, les expériences extrêmes, les formats hors-normes. Mais cette posture ne tient que si elle s’appuie sur des résultats solides. Réussir la Barkley Fall Classic, c’est montrer qu’il ne fuit pas la compétition pour les formats marginaux. C’est assumer ses choix, valider son virage, et prouver que l’image n’a pas pris le dessus sur la performance. Il ne s’agit plus de « bien faire ». Il s’agit de *gagner*, sur le terrain, dans la douleur, et sans discussion.
les critères d’un succès réel aujourd’hui
Pour que sa course soit un succès, il faudra qu’il franchisse le Decision Point sans trembler. Qu’il sorte de Rat Jaw sans flancher. Qu’il maintienne un rythme régulier, même dans les pires sections. Il devra non seulement finir, mais dominer. C’est à cette condition que le Tennessee effacera l’Harricana.
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Dans le monde du trail, il n’est pas rare de voir deux coureurs franchir la ligne d’arrivée ensemble, en signe de respect mutuel ou de camaraderie sportive. D’un point de vue juridique, cette pratique est parfaitement autorisée, tant qu’elle respecte le règlement spécifique de la course. Toutefois, dans les compétitions offrant des récompenses, des points qualificatifs ou une homologation officielle, les organisateurs peuvent décider de classer les coureurs séparément sur la base de leur temps réel ou appliquer des règles précises sur les égalités.
Il ne s’agit pas d’une infraction, mais d’un choix sportif et réglementaire qui peut faire l’objet de discussions. À mesure que le trail se professionnalise, ces situations suscitent un débat croissant sur l’éthique de la compétition, la lisibilité des résultats et les enjeux de communication. Le cas de l’Harricana 2025, où deux coureurs ont été classés ex-aequo, s’inscrit dans ce contexte, sans controverse réglementaire à ce jour.
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