Monsieur Peillex, le maire de Saint Gervais Les Bains, est plutôt du genre têtu, et c’est ici presqu’un compliment qu’on peut lui faire.
Car ça fait des mois, voire des années qu’il mène une lutte assez intense contre ceux qu’il appelle les « hurluberlus du Mont Blanc », qui sont la plupart du temps des randonneurs et des trailers qui tentent de gravir le sommet de l’Europe dans des conditions peu adaptées. Pour ce faire, il a soumis (avec les concours des communes de Chamonix et des Houches) un arrêté préfectoral à la consultation publique.
Le Mont blanc deviendra une zone de protection d’habitats naturels
Cet arrêté consiste à créer
« une zone de protection d’habitats naturels du Mont Blanc ».
S’il consiste à protéger le massif, il cherche aussi à bannir les conduites irresponsables. Et elles sont nombreuses. Combien de fois n’avons-nous pas écrit sur les personnes mal préparées, pas renseignées, et qui n’ont que faire des règles de bienséance les plus élémentaires en matière d’alpinisme. Rien que cet été,
– un homme a essayé de gravir le Mont Blanc avec son pitbull sans muselière (le pitbull qui, en déviant du sentier, a fait tomber des pierres sur des guides),
– un amateur a tenté l’ascension en basket et avec des crampons fixés à l’envers, et j’en passe.
L
giférer sur le Mont Blanc devenait urgent
Un guide de Haute Montagne, membre de la brigade Blanche, explique à France 3 qu’il y a un gros problème avec les traileurs qui montent en short en baskets :
« Avec leur matériel qu’ils ont, ils n’ont même pas de quoi tenir deux heures ».
De plus, comme il l’explique, « Souvent on est à la limite d’en venir aux mains. Les trailers sont très virulents. Ils nous narguent, ils savent très bien qu’on ne peut pas les verbaliser ». Je dois bien avouer que si ce genre d’imbéciles qui fait du tort à toute une communauté se retrouve en difficulté en montagne, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre. Je me doute bien qu’ils ne se rendent pas compte des risques qu’ils prennent, mais à un moment, l’ignorance est criminelle, surtout en montagne. On ne se lance pas là-dedans sans se préparer et sans réfléchir un peu. Visiblement, il y en a pour qui réfléchir un peu fait mal au crâne…
Pourquoi un arrêté sur le Mont Blanc ?
Parce que l’alpinisme n’est pas soumis à une réglementation, et afin d’y remédier, un arrêté est ce qu’il y a de plus rapide ; comme l’explique Mr. Peillex à France 3.
« c’est ce qu’on a trouvé de plus rapide. Il existait peu d’outils réglementaires et en créer prend du temps. (…) Bien sûr ce n’est pas parfait. Bien sûr qu’on peut mieux faire. Mais ce n’est pas parce qu’on peut faire mieux qu’il ne faut rien faire ».
Il a demandé à « ce qu’il y ait une application morale du texte » en attendant sa promulgation par la préfecture.
Tristement nécessaire
On ne peut malheureusement que le soutenir dans cette démarche, et c’est énervant. Car parce que des trailers un peu mous du bulbe et complètement irresponsables ont cru qu’ils avaient le talent de Jornet, il va falloir légiférer pour pouvoir aller faire du sport sur le Mont Blanc et afin de ne pas transformer le massif en tombeau à ciel ouvert…