Alors que l’UTMB rassemble chaque année des milliers de traileurs avides de performance autour du Mont-Blanc, une autre épreuve plus discrète, plus extrême et plus intime attire une poignée d’aventuriers. La PTL, pour Petite Trotte à Léon, n’est ni une course au sens classique du terme, ni une simple randonnée.
C’est une expédition en équipe, de 300 kilomètres, sans balisage, sans classement, sans gloire individuelle. Une parenthèse sauvage dans un calendrier ultra-formaté. Décryptage d’un ovni qui bouscule les repères.
La PTL Petite trotte à Léon, une course sans dossard individuel, sans chrono, sans vanité
La PTL casse d’emblée tous les codes. Pas de dossard personnel : on s’inscrit en binôme ou en trio. Pas de classement final : seuls comptent les finishers dans le temps imparti. Pas de rubalise : l’orientation se fait par GPS. L’idée n’est pas de battre les autres, mais de vaincre ensemble un itinéraire complexe, changeant chaque année, qui traverse les Alpes à contre-courant des parcours classiques.
L’épreuve n’a donc rien d’un ultra-trail traditionnel. Elle refuse la logique de compétition individuelle pour lui préférer un engagement collectif, basé sur la solidarité et la résistance mentale.
Un format d’aventure pure, pensé par un montagnard avant d’être une épreuve UTMB
Si la PTL fait aujourd’hui partie de la semaine de l’UTMB, elle a été imaginée avec un esprit bien différent. Jean-Claude Marmier, son fondateur, était un amoureux des hautes routes, du terrain brut, du dénivelé non aseptisé. Il voulait proposer un tour du Mont-Blanc alternatif, plus technique, plus audacieux et plus proche de l’esprit alpin que celui proposé par l’UTMB “classique”.
Et c’est réussi : avec 300 km, 25 000 m D+ et une totale autonomie de navigation, la PTL explore les recoins oubliés du massif. Elle trace sa propre ligne, loin du tourisme de masse, loin des foules de Chamonix.
Une logistique et une préparation qui relèvent de l’expédition
Participer à la PTL ne s’improvise pas. La course impose une organisation quasi militaire : matériel obligatoire renforcé, autonomie renforcée, stratégie de sommeil millimétrée… Le poids du sac (souvent entre 8 et 12 kg) modifie radicalement les allures. L’entraînement ne se résume pas à des sorties longues : il faut travailler le portage, la gestion du sommeil, la résistance à l’errance nocturne.
C’est une autre forme de préparation, plus proche d’un raid ou d’un trek d’altitude que d’un ultra-run. Même la météo, en six jours d’épreuve, devient une adversaire redoutable.
Une épreuve taillée pour ceux qui veulent se perdre (et se retrouver)
La PTL attire une autre population que les grosses épreuves du circuit. Ici, on vient souvent en ayant déjà “coché” plusieurs ultras. On cherche autre chose : du sens, de l’humain, de l’inconnu. La solitude, les imprévus, les choix de navigation, la fatigue extrême… Tout concourt à une introspection collective et physique rarement atteinte dans une course balisée.
Ceux qui terminent la PTL ne sont pas plus forts que les autres. Ils sont simplement allés au bout d’un engagement sincère, total, souvent inconfortable, mais profondément transformateur.
Une exception dans le calendrier de l’UTMB
Officiellement, la PTL fait partie des événements de la semaine UTMB. Officieusement, elle reste un électron libre, un bastion de résistance face à la normalisation galopante du trail. Pas de sponsor en gros sur l’arche d’arrivée, pas de direct live, pas de podium. Et pourtant, une intensité humaine incomparable.
C’est cette singularité qui la rend précieuse. Alors que le trail se professionnalise à grande vitesse, la PTL reste un refuge pour ceux qui veulent encore rêver en montagne, loin des paillettes. Elle est à l’UTMB ce que l’alpinisme est à l’escalade de salle.