Une video sur sanglier chasse
Les chasseurs affirment que, sans eux, les sangliers nous attaqueraient. Voici les faits.
sanglier chasse – On l’entend souvent, sur les réseaux ou à la radio : les traileurs devraient remercier les chasseurs. Sans eux, on se ferait attaquer par des sangliers, on ne pourrait pas courir sur les sentiers, on ne mangerait plus de gibier. Ces arguments, on les connaît, et on y a déjà répondu dans d’autres articles. Aujourd’hui, on revient précisément sur l’idée selon laquelle les sangliers seraient une menace pour les promeneurs, et que les chasseurs seraient nos anges gardiens. Une affirmation qui mérite d’être démontée… point par point.
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IL N Y A PAS D’ATTAQUE DE SANGLIERS, ÇA N’EXISTE PAS
Avant de parler de « protection », encore faut-il qu’il y ait un danger réel. Que dit la réalité des faits ?
Les chiffres sont clairs : 2 attaques de sangliers par an en moyenne sur les 20 dernières années.
Une seule mortelle. Un chiffre dérisoire comparé aux millions de passages en forêt chaque année. Dans la grande majorité des cas, le sanglier fuit l’homme. Il est farouche, discret, nocturne.
Le sanglier est un animal qui a peur de l’homme.
Dès qu’il entend des pas, une voix, ou même des bâtons de trail qui claquent, le sanglier détale. Il a un odorat très développé, et repère les humains bien avant qu’on ne le voie. C’est un animal opportuniste, mais pas agressif. En temps normal, il n’attaque jamais. La seule exception, c’est lorsqu’il est blessé, acculé, ou qu’une laie protège ses marcassins. Ces situations sont rares, et surviennent souvent à cause… de la chasse elle-même.
En janvier 2025, un couple a bien été blessé en Aveyron. Mais les témoins indiquent que la laie était probablement paniquée par une battue en cours. Ce n’est donc pas la promenade qui a provoqué l’attaque, mais le contexte créé par les chasseurs. Même dans les rares cas où un incident a lieu, ce n’est pas l’animal le problème, c’est l’homme.
Autrement dit, l’idée d’une menace diffuse et constante venant des sangliers est exagérée. Ce ne sont pas eux qui nous attaquent : ce sont nos pratiques humaines, notamment la chasse, qui génèrent les situations de tension.
Les risques pour les promeneurs ne viennent pas des sangliers mais des chasseurs.
Les chiffres sont là aussi sans appel. En 2023-2024, on a recensé 97 accidents de chasse, dont 58 graves et 6 mortels. Douze victimes étaient des non-chasseurs. Et même si cette année-là, aucun promeneur n’a été grièvement blessé, on se souvient de la mort de Morgan Keane en 2022. Une randonneuse de 25 ans, tuée dans le Cantal par une balle de chasseur. Ce n’est pas un cas isolé. Les armes tuent bien plus que les sangliers.
La saison de chasse 2024-2025 a été la plus meurtrière depuis cinq ans.
En tout, 100 accidents liés à l’usage d’armes à feu ont été recensés, dont 11 mortels. Parmi les victimes, 16 n’étaient pas chasseuses, dont 3 grièvement blessées. Ces chiffres confirment une remontée inquiétante des risques, notamment en début de saison. Les premières semaines de chasse concentrent une part disproportionnée des incidents, comme l’illustre la mort tragique d’un promeneur en Ardèche trois semaines après l’ouverture. À ce jour, les armes tuent bien plus que les sangliers.
-> sanglier chasse : les risques pour les promeneurs ne viennent pas des sangliers mais des chasseurs.
Comparatif : accidents de chasse vs attaques de sangliers
Voici un tableau qui résume clairement la situation : entre le mythe de l’animal sauvage tueur et la réalité des accidents de chasse.
| Victimes (non-chasseurs) | Accidents de chasse | Attaques de sangliers | 
|---|---|---|
| Blessés par an | ~15 à 20 (ex. : 12 en 2023-2024) | ~2 (moyenne 2000–2019) | 
| Tués par an | <1 (ex. : 1 en 2024-2025) | <1 sur 20 ans | 
La prolifération des sangliers : un phénomène moins naturel qu’on le croit
L’autre argument des chasseurs, c’est celui de la régulation. Trop de sangliers, donc trop de risques. Mais là encore, le problème est bien plus complexe.
On entend souvent dire que la France serait « envahie » par les sangliers. Il est vrai que leur population a connu une augmentation spectaculaire ces dernières décennies. On parle aujourd’hui de plus d’un million d’individus sur le territoire, avec environ 800 000 sangliers abattus chaque saison. C’est vingt fois plus qu’au début des années 1970. Certains chiffres montent même à 2 ou 3 millions en 2025, selon les sources, mais ces estimations sont parfois gonflées par les fédérations de chasse elles-mêmes, dans le but de justifier leur activité.
Oui, les effectifs ont augmenté. Mais il faut regarder pourquoi.
Car contrairement à ce que prétend le discours dominant, ce n’est pas « la nature » qui est devenue folle. Cette explosion démographique n’est pas un accident écologique. Elle est en grande partie le fruit des choix cynégétiques eux-mêmes : pratiques d’agrainage (le fait de nourrir les sangliers en forêt pour les concentrer), protection des laies reproductrices pour maintenir les populations, lâchers volontaires, limitation des prédateurs naturels, climat plus doux, et extension des cultures agricoles qui leur servent de garde-manger. Autrement dit, on a sciemment créé les conditions d’une prolifération.
Le plus ironique, c’est que malgré des abattages records, la chasse n’arrive même pas à contrôler cette dynamique. Sur les cinquante dernières années, les prélèvements ont été multipliés par 20, mais la population a augmenté encore plus vite. Ce n’est donc pas une solution efficace. En 2025, les sangliers sont présents dans tous les départements, y compris en périphérie des villes, et la densité moyenne dépasse 4 individus pour 100 hectares de forêt, avec des pics beaucoup plus élevés dans certains territoires comme le Gard.
Alors non, les chasseurs ne sont pas en train de « sauver la France des sangliers ». Ce sont leurs pratiques qui ont, en partie, fabriqué le problème.
En résumé, les sangliers ne sont pas une menace
Les sangliers ne sont pas une menace généralisée. Ils fuient l’homme, ne chargent qu’en situation extrême, et ces rares cas sont souvent provoqués par… la chasse elle-même. Les vrais risques en forêt, ce sont les armes. Et les chiffres parlent d’eux-mêmes. Alors non, il ne faut pas croire que les traileurs doivent leur sécurité aux fusils. C’est précisément pour éviter les tirs que de plus en plus de coureurs partent à la frontale, la nuit, loin des battues.
Sources
sanglier chasse
lejournal.cnrs.fr
ville-saint-mathieu-de-treviers.fr
notre-environnement.gouv.fr
lpo.fr
tf1info.fr
animal-cross.org
aspas-nature.org
chroniquescynegetiques.com
ofb.gouv.fr – fiche TCGG 2022–2023
ofb.gouv.fr – bilan accidents 2023–2024
ofb.gouv.fr – rapport PDF accidents
lejdd.fr
youtube.com
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