Le monde du sport se diviserait, dit-on, en deux catégories, les coureurs du plaisir et les coureurs de la performance.
Le monde du sport se diviserait, dit-on, en deux catégories, les coureurs du plaisir et les coureurs de la performance.
Les uns et les autres se détestent cordialement. Un peu à l’image des Montaigu et des Capulet, ils sont faits pour se détester. Bande de blaireaux incapables, disent les performers. Bande d’élitistes méprisants, disent les coureurs plaisir. Bref, c’est mature, c’est constructif, c’est mesuré… Tout ce qui caractérise bien les runners actuellement, chacun étant convaincu d’avoir plus la science infuse que les autres. Alors, faut-il forcément choisir le plaisir ou la performance ?
Performer sans plaisir ? Difficile !
Toute personne qui a un minimum l’ambition de performer un peu devra beaucoup s’entrainer, et faire parfois du travail ingrat. Du fractionné sur piste, c’est important, voire nécessaire pour progresser. Mais on ne va pas se mentir, ça peut être pénible. Aussi, le plaisir est peut-être un peu différent, mais s’il n’y a pas de plaisir dans le fait de se faire un peu mal ou dans le fait de progresser, la performance sera excessivement difficile. Ce que les coureurs plaisir n’arrivent pas à comprendre, c’est que dans l’envie de performer, le plaisir est dans le fait de courir, mais pas seulement.
Rejeter la performance parce qu’on est incapable de performer ? Inconcevable !
Qu’on ne s’y trompe pas, les coureurs plaisir ont absolument toute la légitimité qu’ils veulent. Il faut de tout pour faire un monde, et dans un certain sens, je suis assez admiratif des personnes qui arrivent à faire du sport sans l’ambition de performer, car je n’en suis pas capable. Aussi, qu’ils soient indifférents au concept de performance, idem, aucun souci. Après tout, ça ne m’empêche pas de pratiquer mon sport comme j’en ai envie.
En revanche, là où je commence à avoir un problème, c’est vis-à-vis de la catégorie des coureurs « plaisir » qui s’y retrouvent malgré eux. Ceux qui, par manque de motivation, d’intérêt (ou éventuellement de niveau, même si c’est rarement le cas), veulent le bénéfice de l’effort sans préparation préalable. Ces personnes qui mépriseront la performance juste parce qu’elles sont envieuses et qui se sentent obligés de dire qu’elles sont mieux juste parce qu’elles courent pour le plaisir… Ces personnes, pour satisfaire leur égo et leur médiocrité, inverseront les valeurs et feront de l’effort quelque chose de vulgaire. En gros, c’est « je veux exister, mais j’ai la flemme ».
Le problème est que ces personnes sont nombreuses sur les réseaux sociaux (beaucoup plus que sur les pistes d’athlétisme, heureusement) et qu’elles ont des ambassadeurs… Mais si, vous savez, toutes ces « stars » des réseaux sociaux qui ont décidé de faire de la normalité une valeur cardinale, ces coachs de vie qui pensent servir à quelque chose…
Il y a de la place pour tout le monde dans le milieu de la course à pied, mais il faut juste que chacun accepte l’idée qu’on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Ainsi, revendiquer une notoriété sur base de la médiocrité est difficilement acceptable. A quoi bon vouloir faire des compétitions juste pour le plaisir ? Il n’y a pas de réponse à ça ; en revanche, il y a un créneau pour taxer leur fric, et c’est comme ça qu’on se retrouve avec des énormités type Maxirace sans chrono…
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