Une chaussure qui court (presque) à votre place.
ACHETER DES CHAUSSURES DE TRAIL
chaussure Salomon Speedcross 6
Nike vient de présenter Project Amplify, la première chaussure de running électrique motorisée.
Le concept : une semelle à assistance électrique reliée à un brassard sur le mollet, capable d’ajouter un petit “boost” à chaque foulée. L’objectif affiché ? Permettre à chacun de courir plus vite et plus loin avec moins d’effort, exactement comme un vélo électrique le fait pour le cycliste.
Officiellement, la marque précise qu’il ne s’agit pas d’un produit pour les élites, mais d’une aide pour les coureurs du quotidien, ceux qui trottinent à 6 min/km et veulent juste rallonger leur sortie. Dans les faits, on parle bien d’une chaussure robotisée qui transforme la course à pied en expérience assistée. Et c’est là que la polémique éclate.
Un pas de trop dans la course à la performance artificielle
Depuis l’arrivée des plaques carbone, les débats sur la “triche technologique” n’ont jamais cessé. La Vaporfly avait déjà révolutionné le running en dopant littéralement les chronos. Mais avec Project Amplify, Nike franchit une frontière symbolique : celle où la machine commence à courir à la place de l’humain.
Pour beaucoup, cette innovation n’est plus une aide, mais une trahison. Les réseaux sociaux s’enflamment :
« Ce n’est plus de la course, c’est du scooter de running », ironisent certains coureurs.
« À quand le marathon en trottinette ? » écrit un autre.
Le reproche principal est clair : cette chaussure efface la dimension essentielle du sport, celle de l’effort.
La défense de Nike : “plus de plaisir, moins de fatigue”
Chez Nike, on assume au contraire une volonté de rendre la course plus accessible. Michael Donaghu, vice-président de l’innovation, explique que Project Amplify vise à « aider les athlètes à aller plus loin avec moins d’énergie, et surtout à s’amuser davantage ».
Autrement dit, il ne s’agit pas de battre des records mais de démocratiser le mouvement. L’argument rappelle celui des vélos électriques : on ne remplace pas l’effort, on le rend praticable par un plus grand nombre.
Le problème, c’est que cette logique change la définition même de l’acte de courir. Dans un sport qui glorifie la discipline, la douleur, la persévérance, introduire une assistance électrique revient à brouiller les repères fondamentaux de la performance.
Un parallèle troublant avec le dopage mécanique
Certains observateurs comparent déjà Project Amplify à une forme de dopage mécanique.
L’argument : que la propulsion vienne d’une plaque carbone, d’une mousse ultra-réactive ou d’un moteur miniature, l’idée reste la même — externaliser la performance.
Et cette externalisation dérange profondément dans le monde du running, où chaque seconde gagnée est censée être le fruit de l’entraînement, pas de l’ingénierie. Plusieurs entraîneurs américains redoutent d’ailleurs que les frontières réglementaires deviennent impossibles à tracer : comment interdire un modèle, s’il ne modifie que “l’efficacité biomécanique” du coureur ?
Des débats jusqu’au cœur du trail
Dans le monde du trail, la réaction est encore plus tranchée. Les coureurs de montagne défendent une pratique authentique, brute, où la technologie est tolérée tant qu’elle reste discrète.
« Mettre un moteur dans une chaussure, c’est comme mettre un télésiège dans la forêt », s’indigne un coureur réunionnais sur Facebook.
Ce rejet révèle un clivage grandissant entre deux cultures : celle du running urbain ultra-innovant et celle du trail, attachée à l’effort pur et à la nature. Là où Nike veut “amplifier” le mouvement, beaucoup voient un risque de dénaturation totale du sport.
Un prototype qui ouvre la voie à un nouveau marché
La marque n’a pas encore annoncé de date de sortie, ni de prix, mais tout indique que Project Amplify servira de vitrine technologique avant d’être décliné dans d’autres gammes. D’autres géants du sport pourraient suivre. On imagine déjà des chaussures “semi-assistées” pour la marche rapide, la rééducation ou la randonnée.
Ce qui est sûr, c’est que Nike relance le débat sur la frontière entre innovation utile et assistanat déguisé. Et que cette frontière devient de plus en plus floue.
En résumé, la course à pied sous tension
Avec Project Amplify, Nike signe une prouesse d’ingénierie, mais soulève une tempête culturelle. Entre fascination et rejet, cette chaussure motorisée cristallise une angoisse contemporaine : celle d’un sport qui oublie le sens de sa propre douleur.
Le débat ne fait que commencer, et il dépasse le simple objet. Derrière cette innovation, c’est toute une philosophie du mouvement qu’il faut repenser.
FAQ — Faut-il avoir peur des chaussures électriques de Nike ?
Est-ce vraiment la première fois que le sport vit une telle polémique ?
Non. On a vu exactement la même chose avec les vélos électriques. À leurs débuts, ils ont été moqués, rejetés, accusés de “tricherie mécanique”. Aujourd’hui, ils sont omniprésents. Et la plupart des plateformes sportives, comme Strava, leur ont même consacré une catégorie spécifique.
Nike est-il en train de trahir l’esprit du sport ?
Cela dépend de ce qu’on attend du sport. Si on considère que courir doit toujours être un effort brut, alors oui, l’assistance motorisée peut sembler une dérive. Mais si on considère que l’essentiel est de faire bouger les gens, alors Project Amplify peut être vu comme une porte d’entrée vers l’activité physique.
Qui pourrait vraiment utiliser ces chaussures à assistance ?
Pas les élites. Nike le dit clairement. Mais plutôt :
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des coureurs débutants,
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des seniors,
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des personnes en surpoids ou en reprise post-blessure,
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ou tout simplement ceux qui veulent allonger une sortie sans exploser leur cardio.
Est-ce que cette technologie peut rendre le running plus accessible ?
Oui, potentiellement. Comme les e-bikes ont permis à des millions de personnes de reprendre le vélo, ces chaussures pourraient démocratiser la course à pied, en la rendant plus douce, moins intimidante, et surtout plus inclusive.
Est-ce encore du running ?
C’est la vraie question. Techniquement, oui. Mais culturellement, ça devient une autre façon de courir. Une version assistée, peut-être moins “pure”, mais plus ouverte. À chacun de choisir sa voie… ou sa semelle.
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