Alors que la nouvelle édition du Marathon des Sables bat son plein, le souvenir des polémiques de 2023 et 2024 reste vif : plusieurs athlètes français avaient alors dénoncé des cas de triche et des avantages accordés aux coureurs locaux.
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Le Marathon des Sables 2025 vient à peine de commencer que la polémique repart de plus belle.
Sous le soleil brûlant du Sahara, les corps souffrent, les esprits s’échauffent et les suspicions renaissent. Rachid El Morabity, légende vivante de l’épreuve et déjà dix fois vainqueur, a une fois de plus dominé la première étape. Mais pour de nombreux coureurs étrangers, ce n’est pas seulement le sable qui rend la course étouffante : c’est le sentiment récurrent que les athlètes locaux jouent avec un coup d’avance.

Un début de course impeccable… ou trop parfait ?
La première étape, longue de vingt-cinq kilomètres, a donné le ton : chaleur accablante, terrain technique, et un Rachid El Morabity impérial. En deux heures vingt-deux, il a bouclé l’étape, reléguant le premier Français, Louis Godeman, à près de vingt minutes. Officiellement, tout semble clair. Officieusement, les doutes s’installent déjà.
Plusieurs participants affirment avoir constaté des incohérences possibles dans la gestion de l’assistance, notamment sur l’accès à l’eau ou la rigueur des contrôles de l’autonomie alimentaire. Les règles imposent que chaque coureur transporte toute sa nourriture, mais certains témoignages laissent penser que des ravitaillements “informels” circulent dans les bivouacs.
Des antécédents qui laissent des traces
Ce n’est pas la première fois que la question se pose. En 2023, Rachid El Morabity avait écopé d’une pénalité de trois heures pour assistance non autorisée. L’année suivante, c’est son frère Mohamed qui, après avoir dominé les quatre premières étapes, avait mystérieusement ralenti sur la cinquième, laissant Rachid reprendre la tête.
Ces épisodes ont profondément marqué le peloton. “Le problème, ce n’est pas la triche, c’est que tout le monde est au courant et que rien ne change”, avait résumé un athlète dans les colonnes de L’Équipe à l’époque. Depuis, le Marathon des Sables a promis plus de transparence : nouveaux contrôles, suivi GPS renforcé, vérifications des rations… Mais sur le terrain, le doute reste plus tenace que la poussière du désert.
Une domination locale, entre talent et suspicion
Il serait injuste de nier le niveau exceptionnel des coureurs marocains. Ils connaissent le terrain, supportent mieux la chaleur et s’entraînent depuis toujours dans ces conditions extrêmes. Leur supériorité physique et mentale est indéniable. Mais cette maîtrise naturelle alimente aussi un paradoxe : plus ils gagnent, plus les autres doutent.
La victoire de Rachid El Morabity sur la première étape ne fait que prolonger ce sentiment d’injustice diffuse. “Même sans tricher, ils seraient meilleurs que nous”, admettait déjà Mathieu Blanchard en 2023, avant d’ajouter avec ironie : “Mais encore faut-il que tout le monde joue avec les mêmes règles.”
Aujourd’hui, cette phrase résonne à nouveau dans le vent du Sahara.
Une organisation sous pression
Le nouveau directeur de course, Cyril Gauthier, a promis une surveillance renforcée pour restaurer la crédibilité de l’épreuve. GPS, autosuffisance vérifiée, contrôle des bivouacs : tout doit être transparent. Sauf que sur le terrain, les moyens logistiques restent limités, et la proximité entre organisation, sponsors et athlètes locaux brouille parfois les lignes.Difficile d’imaginer une véritable neutralité dans un pays où le Marathon des Sables est une fierté nationale, porté par des héros locaux adulés et incontournables. Mais c’est justement ce mélange entre légende et soupçon qui menace la réputation mondiale de la course.
Une légende fragilisée
Le Marathon des Sables, c’est une aventure mythique, une traversée de soi au milieu du désert. Mais depuis plusieurs années, l’image de pureté qu’il incarnait s’érode. La performance humaine et la beauté du Sahara se retrouvent éclipsées par la suspicion, et le fossé entre coureurs marocains et étrangers ne cesse de se creuser.
Ce qui devrait être une fête du dépassement de soi devient parfois un terrain d’ombres. Et au-delà des classements, c’est la confiance dans cette course iconique qui vacille.
Si le Marathon des Sables veut rester la référence absolue du trail désertique, il devra prouver que dans le Sahara, le seul avantage autorisé est celui du courage.
Lire nos articles des années précédentes sur le Marathon des Sables
- Compte-rendu de la quatrième étape du Marathon des Sables, The Legendary
- Résultat marathon des sables : victoire de Rachid El Morabity
- Rachid El Morabity : le favori du Marathon des Sables est visé par des soupçons de triche récurrents
- Résultat Marathon des Sables étape 1/6 : victoire de Mohamed El Morabity
Mention éditoriale de prudence
Cet article repose sur des faits rapportés par des médias spécialisés et des sources publiques.
Il ne formule aucune accusation directe à l’encontre de l’organisation du Marathon des Sables ni des athlètes mentionnés.
Son objectif est d’analyser les controverses récurrentes entourant l’épreuve, en s’appuyant sur des éléments vérifiables.
Toute personne citée ou mise en cause dispose d’un droit de réponse, qui sera publié sur simple demande.
Sources
– Jogging International – « Étrange victoire de Rachid El Morabity sur le Marathon des Sables » (mai 2023)
– Esprit Trail – « Coup de tonnerre sur la longue du Marathon des Sables 2024 » (avril 2024)
– Le Parisien – « Tricherie, pénalité puis abandon : pourquoi le résultat du Marathon des Sables a été perturbé » (1er mai 2023)
– L’Avenir – Interview de Mathieu Blanchard : « J’apprends à dire non, sinon je me fais tuer » (mai 2023)
– Communiqué officiel du Marathon des Sables Maroc 2025 – Agence Epic Communication (octobre 2025)
– crédits photos : ian corless pour le service de presse